Madonna à Paris les 27, 28, 30 et 31 août
Ma ma mia donna PHOTO REUTERS. Toujours prête à se crucifier, la chanteuse qui veut sauver le monde donne quatre concerts à Paris. Des shows spectaculaires avec grosse armada de danseurs et tableaux variés. Par Laurence ROMANCE QUOTIDIEN : Samedi 26 août 2006 - 06:00 Madonna concerts au Palais omnisports de Paris-Bercy les 27 (complet), 28, 30 et 31 août. Le revival années 80 continue à battre son plein, mais la plupart des icônes d'époque sont en piteux état. Michael Jackson, lessivé, s'est exilé à Dubaï dans un état apparemment alarmant. Boy George s'acquitte de travaux d'intérêt général en balayant les rues de New York, suite à une arrestation pour possession de cocaïne. George Michael vient de se faire serrer dans un fourré londonien en compagnie galante (un camionneur sexagénaire). A peine revenu sur le devant de la scène, Axl Rose s'est récemment fait coffrer en Scandinavie pour avoir mordu (!) quelqu'un. Seuls Bono, Prince et Madonna sont parvenus à rester à l'écart des scandales et à conserver leur public comme leurs carrières intactes. Un point commun unit ces trois titans : ils manifestent un désir ardent de «sauver le monde» et promeuvent pour ce faire des «valeurs spirituelles». Rien de neuf en ce qui concerne Bono, bien sûr : lui et U2 affirment leurs croyances chrétiennes depuis leurs débuts. Prince également s'est toujours montré extrêmement dévot, même si nombre de ses premières chansons torrides frôlaient avec délice la pornographie. La métamorphose de Madonna, en revanche, est de toutes ces hosties pop la plus difficile à avaler. Il est question, après tout, de la femme qui se fit connaître à l'orée des années 80 comme la material girl , une fille motivée à 200 % par l'ambition, un insatiable désir de célébrité et un programme créatif incluant quantité de grooves disco superficiels et des paroles encore plus creuses sur la nécessité absolue de s'éclater sur le dance floor . «Prière». Ces temps-ci, pourtant, «le fun est surestimé» , clame Madonna, 48 ans, mariée, deux enfants, sur I Want to Tell You a Secret , le DVD récemment sorti de sa dernière tournée mondiale, le Re-Invention Tour de 2004. Dans l'une des scènes où on la voit réunir comme à son habitude ses danseurs pour la «prière» d'avant-show, elle leur signifie même que leur job consiste à «inspirer les spectateurs à devenir de meilleures versions d'eux-mêmes» ... Le DVD de deux heures regorge de références à la kabbale, la religion dont elle s'est entichée (on la voit d'ailleurs filmée en Israël où elle se rend en pèlerinage sur la tombe d'un kabbaliste) et de déclarations du genre : «Ce n'est pas la politique qui changera le monde, mais la spiritualité» ou, savoureux venant d'elle : «Il y a autre chose dans la vie que la richesse et la gloire.» Bibine. Madonna gagnant en maturité gagne aussi en prétention, et sa version illuminée «porteuse-d'une-mission» commence à gonfler sévère. D'ailleurs, les scènes les plus distrayantes du DVD sont celles où apparaît son mari, le réalisateur Guy Ritchie. Généralement filmé bibine en main, le gars Guy paraît constamment éméché, et assez mal à l'aise par rapport à la spiritualité de son épouse et son statut de superstar. On le voit peu (il est souvent au pub), mais sa présence terre à terre littéralement : il adore se battre avec les types de la sécurité contraste agréablement avec le reste... Madonna vient de déclarer publiquement qu'elle abandonnait pour de bon ses velléités cinématographiques, ce qui est une bonne nouvelle. Ensuite, revenue à ses racines disco : «Mon album Confessions on a Dance Floor et la tournée afférente sont un antidote au sérieux de ce que j'ai récemment entrepris, mon film documentaire et mon avant-dernier album» , concédait-elle récemment. Epaulée par Stuart Price, des Rythmes Digitales (son «nouveau Mirwais» ), elle semble s'être quelque peu recentrée sur ce qu'elle sait faire de mieux : de l' entertainment . Sur scène donc, s'attendre à un show spectaculaire comme elle en a le secret, avec armada de danseurs et tableaux variés : équestre (avec la chanteuse en écuyère dominatrice), disco (en costard blanc piqué au Travolta de Saturday Night Fever ), rock (plus ou moins inspiré par le King Elvis, en version mince évidemment) sans oublier la fameuse séquence provoc en crucifiée qui, honnêtement, en 2006, ne choque plus qu'une poignée de gâteux séniles du Vatican. Rhabillage. Au total, deux heures de concert (avec beaucoup de play-back) qui prouveront aux plus récalcitrants qu'elle est toujours la meilleure dans son domaine, et que les Britney Spears et autres Alison Goldfrapp peuvent aller se rhabiller dès lors qu'il s'agit de répondre aux attentes des masses avec une classe et un charisme encore inégalés. Se remémorer sa (brève) performance au Live 8, où elle a enfoncé tout le monde, sauf Robbie Williams , seul entertainer à pouvoir rivaliser avec elle. Il est louable de vouloir sauver le monde, comme d'inclure des pamphlets anti-Bush dans ses chansons, mais celles de Madonna, comme sa performance, sont loin de posséder la profondeur requise pour une telle entreprise. Par ailleurs, le magazine américain Rolling Stone informait dernièrement ses lecteurs que la chanteuse (comme Rod Stewart et les Rolling Stones), avait trouvé un moyen efficace de couper court aux «scalpeurs» revendant les billets de ses concerts à des prix exorbitants : elle les fourgue pour son propre profit sur le Net. Sachant que sa tournée actuelle devrait lui rapporter, une fois achevée, 200 millions de dollars, on jugera de la «spiritualité» du geste... Au prix normal, ceux qui souhaitent devenir de «meilleures versions d'eux-mêmes» devront débourser entre 70 euros (fosse) et 180 euros (tribunes VIP). |