PARIS (AFP) - L'actrice et
chanteuse américaine Jennifer Lopez campe une journaliste sexy, décidée à
élucider de sombres meurtres d'ouvrières mexicaines, dans le thriller américain
"Les oubliées de Juarez" où Gregory Nava exploite avec une certaine
maladresse d'authentiques faits divers.
La populaire chanteuse et actrice
d'origine portoricaine partage l'affiche de "Bordertown", qui dure
1H55, avec une autre star "latino" de Hollywood, l'acteur espagnol
Antonio Banderas.
Inspiré de faits réels, le film
raconte l'enquête menée par une ambitieuse journaliste américaine aux origines
mexicaines, pour retrouver les auteurs du viol et de la tentative d'assassinat
d'une jeune ouvrière de Ciudad Juarez.
Cette ville du Mexique
frontalière avec les Etats-Unis abrite d'innombrables "maquilas", les
usines d'assemblage nord-américaines dénoncées par ONG et syndicats pour leurs
pénibles conditions de travail et leurs bas salaires.
"Les oubliées de Juarez"
revient sur les assassinats non élucidés depuis les années 1990, de plusieurs
centaines voire milliers de jeunes filles employées dans ces usines et à la
merci, dit le film, de mystérieux hommes qui les tuent pour assouvir des
pulsions sadiques.
La police et les gouvernements,
des Etats-Unis comme du Mexique, y apparaissent résolus à étouffer des meurtres
susceptibles d'alimenter de sombres trafics.
Mais à trop vouloir faire un
thriller haletant et un film à grand spectacle, Gregory Nava
("Frida", "Why do fools fall in love?") sacrifie scénario
et personnages, largement caricaturaux, et lasse rapidement, avec un montage à
la cadence effréné et une tonitruante musique.
Au festival de Berlin où il était
en compétition au mois de février, le film a suscité quelques échos
sarcastiques, tandis que les comédiens, entourés de représentants d'ONG et de
la mère d'une des victimes, insistaient sur leur volonté de contribuer à faire
la lumière sur ces crimes.
"Nous avons mis huit ans à
faire ce film, il a été très difficile à financer, aucun studio de Hollywood
n'a amené d'argent et il n'existerait pas si Jennifer ne s'était pas
engagée", avait expliqué Gregory Nava à la presse, estimant à 4.000 le
nombre des femmes disparues.
"Lorsqu'on m'a parlé de
cette histoire, je n'arrivais pas à y croire, puis je me suis dit que ce
n'était pas un hasard si on était venu me chercher, j'ai ressenti une grande
responsabilité à faire ce film", avait dit Jennifer Lopez, récompensée par
Amnesty International pour son "engagement dans une campagne contre la
violence faite aux femmes".