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Jours tranquilles à Paris
31 décembre 2018

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31 décembre 2018

Le blues des diplomates du Quai d’Orsay

Par Marc Semo

Volontariste et européen, Emmanuel Macron a suscité de grandes attentes auprès des diplomates français, avant d’être rattrapé par la réalité d’un monde où la France est une puissance fragile. Au ministère des affaires étrangères, on s’interroge : la France se donne-t-elle les moyens de ses prétentions sur la scène internationale ?

En cette journée du 11 novembre 2018, pour la commémoration du centenaire de l’Armistice, Paris semblait être la capitale diplomatique de la planète. La plupart des chefs d’Etat ou de gouvernement dont les pays furent impliqués dans la première guerre mondiale étaient là : le président américain, Donald Trump, comme son homologue russe, Vladimir Poutine, la chancelière allemande, Angela Merkel, et les autres dirigeants européens, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et bon nombre de leaders du Proche-Orient. « L’histoire retiendra une image, celle de 80 dirigeants réunis sous l’Arc de triomphe, mais ce qui est incertain est de savoir comment elle sera interprétée dans l’avenir : le symbole d’une paix durable entre les nations ou bien le dernier moment d’unité avant que le monde ne sombre dans un nouveau désordre », lançait avec gravité le président français.

Infatigable héraut d’un multilatéralisme refondé et Européen convaincu, Emmanuel Macron n’avait cessé de répéter depuis son élection : « France is back ». Ces cérémonies en étaient la consécration. Un sans-faute, sinon un petit couac protocolaire avec la relégation hors de la principale tribune d’honneur du président serbe Aleksandar Vucic, représentant le pays qui, proportionnellement à sa population, paya le prix le plus fort lors du conflit. Le succès de ces célébrations montre que la France reste une puissance diplomatique majeure. « C’est malheureusement en bonne part une illusion, comme cent ans plus tôt celle d’une France victorieuse et première puissance militaire mondiale », soupire un haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères.

« IL Y A UN FOSSÉ CROISSANT ENTRE LES PRÉTENTIONS DES AUTORITÉS FRANÇAISES À UNE DIPLOMATIE UNIVERSELLE ET LES MOYENS TOUJOURS PLUS INSUFFISANTS QU’ELLES SONT PRÊTES À METTRE EN ŒUVRE », RELÈVE CHRISTIAN LEQUESNE, PROFESSEUR À SCIENCES PO PARIS

Le Quai d’Orsay a du vague à l’âme. « Ce blues est profond car, après les débuts en fanfare d’Emmanuel Macron sur la scène internationale, le retour aux réalités et à ce que représente la puissance réelle de la France a été beaucoup plus rapide que prévu », note Thomas Gomart, le directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), rappelant en outre « la mise sous tension, faute de moyens, d’un appareil diplomatique qui se sent en sous-effectifs avec des équipes fragilisées ». Certes, le malaise des diplomates est une vieille lune. « Il a commencé avec l’invention du téléphone et de l’avion, qui ont enlevé une bonne partie de l’autonomie d’action dont disposaient jadis des ambassadeurs », ironise un ancien ministre des affaires étrangères. Mais il devient encore plus évident.

« Il y a un fossé croissant entre les prétentions des autorités françaises à une diplomatie universelle et les moyens toujours plus insuffisants qu’elles sont prêtes à mettre en œuvre », relève Christian Lequesne, professeur à Sciences Po Paris, auteur d’Ethnographie du Quai d’Orsay (CNRS éditions, 2017). La grogne se nourrit des restrictions constantes sur les moyens alors même que le budget du Quai représente à peine 1,03 % de celui de l’Etat. Sur trente ans, cette administration a perdu 53 % de ses effectifs, dont un tiers ces dix dernières années. Ils s’élèvent aujourd’hui à quelque 13 500 emplois à temps plein. « Depuis des années, les diplomates ont le sentiment d’être de plus en plus marginalisés par des élites politiques qui estiment que l’on peut s’adapter sans eux à la globalisation et avoir une grande politique étrangère avec un service diplomatique toujours plus faible », analyse Michel Duclos, ancien diplomate, aujourd’hui conseiller spécial à l’Institut Montaigne.

Le cas Philippe Besson

Dans ce monde feutré, pas de bronca, ni de mouvements publics de ras-le-bol. Les frustrations accumulées expliquent néanmoins l’ampleur de l’indignation suscitée au sein du ministère par la nomination de l’écrivain Philippe Besson, proche d’Emmanuel Macron, comme consul général à Los Angeles. Nommer des personnalités venant d’autres horizons était une pratique institutionnalisée depuis 1985 pour certains postes d’ambassadeurs, mais pas pour les consuls généraux. En plus de leur fonction d’influence et de leur travail économique et politique, ces derniers ont à remplir des tâches très techniques, d’autant que la France assure à ses ressortissants à l’étranger des services sans équivalents avec ceux des autres grands pays européens.

Mais l’auteur d’Un personnage de roman (Julliard, 2017), récit hagiographique de la campagne victorieuse du chef des marcheurs, tenait absolument à la métropole californienne. Un décret fut passé et publié au Journal officiel le 4 août pour ouvrir notamment vingt-deux postes de consul général à ces nominations extérieures. Il fut perçu comme un insupportable fait du prince et un acte de mépris vis-à-vis du personnel. Les syndicats ont déposé un recours auprès du Conseil d’Etat afin d’en obtenir l’annulation. Quelle qu’en soit l’issue, l’épisode laissera des traces, même s’il y a une part de corporatisme dans ces réactions alors que nombre de diplomates restent en attente des postes de responsabilité auxquels ils pourraient prétendre…

Le « blues » des diplomates pourrait sembler paradoxal. Héritage de sa grandeur passée et des pratiques d’une Ve République qui a fait de la politique étrangère le domaine réservé du chef de l’Etat, la France tient à garder son rang. Après les Etats-Unis, elle dispose du réseau le plus étendu au monde avec 163 ambassades. Elle se veut toujours être une grande puissance ou, à tout le moins, une « puissance médiatrice ». Sur la scène mondiale, la France compte en effet bien au-delà de ce que justifierait son poids de sixième économie mondiale, sa démographie et sa puissance militaire, malgré les capacités de projection d’une armée engagée aussi bien dans le Sahel qu’au Levant.

Une fois le Brexit devenu effectif, la France sera le seul Etat membre de l’Union européenne doté de l’arme nucléaire et le seul à disposer d’un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. De temps à autres, un personnage politique européen, comme en novembre le vice-chancelier et ministre allemand des finances, le social-démocrate Olaf Scholz, propose que le siège soit donné à l’Union européenne. C’est juridiquement impossible, car seuls les Etats siègent à l’ONU, et politiquement hasardeux, car l’UE n’a aucune véritable politique étrangère commune. Aux atouts français s’ajoute l’aura d’une langue qui, boom démographique de l’Afrique aidant, pourrait devenir au milieu du siècle la troisième, voire la seconde, la plus parlée sur la planète.

« JE CRAINS UN PRÉSIDENT CONDAMNÉ À L’IMMOBILISME, RÉDUIT À FAIRE DE BRILLANTS DISCOURS SANS RÉELS EFFETS, COMME BARACK OBAMA, OU À UNE AGITATION FRÉNÉTIQUE MAIS PEU CONCLUANTE, COMME NICOLAS SARKOZY », RÉSUME UN DIPLOMATE

« Les diplomates ont beaucoup attendu d’Emmanuel Macron, espérant qu’il allait rétablir l’image de la France, ce qu’il a fait en partie. Ils lui en savent gré mais il y a aussi de la déception car après ce démarrage réussi, le chef de l’Etat n’est pas parvenu à engranger de véritables succès diplomatiques et les baisses budgétaires se poursuivent », explique Michel Duclos. Face à une Angela Merkel toujours plus affaiblie et une Theresa May engluée dans le Brexit, le jeune président français s’affirmait naturellement comme la figure de proue d’une Europe qu’il veut leader du monde libre à la place d’une administration Trump toujours plus isolationniste, erratique et imprévisible.

Sa stratégie reposait sur un triple pari : mener les réformes pour rétablir la crédibilité vis-à-vis de l’Allemagne et relancer ainsi le moteur franco-allemand, puis refonder le projet européen. Cette équation s’est fracassée sur la révolte des « gilets jaunes ». En quelques samedis noirs, le fringuant président français est devenu aux yeux de la plupart de ses partenaires européens, et notamment à Berlin, un dirigeant guère différent de ses deux prédécesseurs, mettant entre parenthèses, sous la pression de la rue, les réformes nécessaires, dont celle d’un modèle social que la France n’a plus les moyens de financer depuis longtemps.

« Je crains un président condamné à l’immobilisme, réduit à faire de brillants discours sans réels effets, comme Barack Obama, ou à une agitation frénétique mais peu concluante, comme Nicolas Sarkozy », résume, amer, un diplomate en poste dans un grand pays occidental. Comme nombre de ses collègues, il est surpris de la rapidité du retour de bâton en termes d’image avec une France de nouveau perçue comme « irréformable ».

Les diplomates se sentent « mal défendus »

La période est difficile. « Indéniablement, la diplomatie vit une crise (…). Un principe de base qui est de respecter sa parole et sa signature est ouvertement remis en cause ; un second principe qui est de s’accorder sur les faits pour arriver à trouver un compromis n’est plus respecté parce que les faits sont manipulés, niés, refusés », affirmait le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dans une interview au Monde le 24 septembre. « C’est une crise avant tout de moyens, pas de métier, car il n’a jamais été aussi nécessaire : le rôle du diplomate est de sentir une situation, analyser les tensions, capter l’altérité », assène un haut fonctionnaire du Quai d’Orsay. « Le contraste entre la hausse des crédits militaires et la baisse des crédits diplomatiques pose un problème de cohérence à l’action extérieure de l’Etat, pouvant donner l’impression que celui-ci privilégie une approche militaire et ponctuelle des crises, au détriment d’une approche plus diplomatique reposant sur une présence continue », renchérit Thomas Gomart, de l’IFRI.

Les diplomates se sentent mal défendus. La popularité en interne d’un ministre des affaires étrangères dépend de trois critères : sa proximité avec le président, son empathie avec les diplomates et ses capacités à préserver les crédits. Dans un passé récent, seuls Hubert Védrine et Alain Juppé ont rempli les trois cases. « Nous sommes victimes des clichés, Bercy nous voit comme des mondains dépensiers », regrette un cadre du ministère, rappelant que « tout roule en général quand un ministre ou un président arrive en visite et qu’ils n’imaginent pas tout le travail fait en amont pour que tout se passe bien ». Lors de la conférence annuelle des ambassadeurs, le président de la République, conscient de l’état d’esprit du Quai, avait tenu à rendre un hommage appuyé au travail des diplomates. « Vous l’avez compris, j’attends beaucoup de vous », avait-il notamment lancé, les appelant à avoir une « culture du résultat ». C’est déjà le cas. Enormément sollicités et généralement efficaces, les diplomates ont pourtant le sentiment de ne pas être reconnus.

Enarque passé par Bercy puis par la banque Rothschild, le président français n’avait a priori guère d’expérience en politique étrangère quand il s’est installé à l’Elysée. Il a rattrapé le temps perdu et son ignorance relative fut plutôt un atout. Emmanuel Macron n’était pas prisonnier de vieux schémas ni du différend qui a parcouru la diplomatie française pendant des années, entre « gaullo-mitterrandiens » d’un côté, favorables à une voix plus autonome de la France, et « occidentalistes » de l’autre.

Dès la campagne électorale, Jean-Yves Le Drian, alors tout puissant ministre de la défense du quinquennat Hollande, depuis nommé aux affaires étrangères, lui apporta ses réseaux en Afrique comme au Proche-Orient. Les deux hommes ont en outre des priorités en commun. « La sécurité des Français est la raison d’être de notre diplomatie », rappelle volontiers le président. Du Le Drian dans le texte. Ce dernier a su néanmoins rester à sa place. « Il est le Couve de Murville d’Emmanuel Macron », résume un de ses proches, évoquant la figure du très efficace mais très discret patron de la diplomatie gaullienne. Nombre de diplomates auraient préféré un ministre plus flamboyant comme lui-même l’était à la défense sous le précédent quinquennat.

DIRIGÉE PAR PHILIPPE ETIENNE, UN DIPLOMATE ÉPROUVÉ, BRILLANT MAIS GUÈRE COMMUNICANT, LA CELLULE DIPLOMATIQUE D’EMMANUEL MACRON EST À LA FOIS PLUS RESSERRÉE ET PLUS JEUNE QUE PAR LE PASSÉ

François Hollande laissait une grande autonomie d’action aussi bien à son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, notamment sur sa gestion du Quai et sur le dossier sur le nucléaire iranien, qu’à son ministre de la défense, qui se comportait en ministre bis des affaires étrangères sur ses propres dossiers. « C’était une situation atypique et nous revenons à ce qui est la norme sous la Ve République, mais cela passe mal au sein du ministère », souligne un haut fonctionnaire.

Beaucoup de diplomates ont l’impression de retrouver l’époque Sarkozy avec ses initiatives lancées d’en haut, souvent improvisées, sans aucune concertation en interne, parfois payées de succès mais n’aboutissant souvent à pas grand-chose. « La volonté de centralisation est très forte, notamment sur la communication, ce qui est logique alors même que la diplomatie publique prend aujourd’hui de plus en plus d’importance », observe Christian Lequesne, de Sciences Po. L’Elysée de son côté relit systématiquement les interviews du ministre.

Sous la Ve République, la cellule diplomatique de l’Elysée joue un rôle crucial. Les grandes initiatives publiques ou les « off » qui font sens viennent toujours du « château ». C’était vrai à l’époque de Nicolas Sarkozy, cela l’est plus encore aujourd’hui. Jean-David Levitte, son patron à l’époque et poids lourd de la diplomatie française, était de fait le véritable ministre des affaires étrangères. Il en allait de même pour Paul Jean-Ortiz puis Jacques Audibert, qui l’ont animée successivement pendant les années Hollande, avec à leurs côtés des équipes solides.

Dirigée par Philippe Etienne, un diplomate éprouvé, brillant mais guère communicant, la cellule diplomatique d’Emmanuel Macron est à la fois beaucoup plus resserrée et beaucoup plus jeune. « Ils n’ont pas beaucoup d’expérience, doivent couvrir des secteurs beaucoup trop vastes, et souvent ils ne savent pas clairement ce qu’ils veulent », déplore un diplomate. Ses collègues en poste, qui à l’occasion de la préparation de tel ou tel voyage officiel ont traité avec l’Elysée, se montrent encore plus durs.

Au Quai aussi, la « technostructure » voit les différences avec les méthodes précédentes et s’adapte comme elle peut aux demandes de l’Elysée. « Souvent au préjudice du travail bien fait et parfois de la rationalité », constate un diplomate.

Les relations des diplomates ne sont jamais simples avec le chef de l’Etat, qui selon la Constitution de la Ve République définit la politique étrangère française, ni avec le ministre des affaires étrangères chargé de la mise en œuvre de celle-ci. Elles le sont moins que jamais sous ce quinquennat avec un président omniprésent, qui veut laisser sa marque en politique étrangère, décide de tout et n’aime guère que d’autres prennent trop la lumière. « Avec la crise des “gilets jaunes”, Emmanuel Macron a d’autres priorités, et la politique étrangère française semble entre parenthèses, car il n’y a quasiment plus de parole présidentielle », pointe un diplomate européen.

Sur le retrait des Américains de Syrie comme une dizaine de jours plus tôt lors de la crise entre Kiev et Moscou sur le détroit de Kertch, la diplomatie publique tricolore fait profil bas ou réagit tardivement. C’est ainsi au tout dernier moment, après des heures de confusion, que le président a annulé son déplacement à Biarritz devant les ambassadeurs étrangers afin de présenter les priorités de la présidence française du G7 en 2019. Jean-Yves Le Drian fut chargé de représenter le chef de l’Etat. L’impact n’est pas le même.

Dissensions sur le dossier syrien

Dès les premiers jours de son quinquennat, Emmanuel Macron tint à imposer sa marque. Malgré le scepticisme des diplomates en charge du dossier, il poussa ainsi pour organiser, dès juillet 2017, à La Celle-Saint-Cloud, une conférence sur la Libye, y intégrant le maréchal Haftar, l’homme fort de l’est, jusque-là boudé par les Occidentaux mais jugé de longue date incontournable par Jean-Yves Le Drian. Un demi-succès : les dissensions furent encore plus évidentes sur le dossier syrien.

Peu après son installation à l’Elysée, Emmanuel Macron déclarait ne plus vouloir faire du retrait du pouvoir de Bachar Al-Assad une précondition pour un processus de négociations. Puis peu à peu, face à l’évidence de la politique du régime, le chef de l’Etat revint aux fondamentaux : il rappelait ainsi que le dictateur syrien devrait répondre de ses crimes même s’il revient à son peuple de décider de son destin.

Mais l’été dernier encore, l’annonce par l’Elysée d’une opération humanitaire conjointe avec les Russes dans la Ghouta, aux portes de Damas, fit grincer bien des dents au sein de la direction Afrique du Nord - Moyen-Orient. « Fallait-il vraiment, en collaborant avec une aviation russe responsable de milliers de bombardements indiscriminés contre la population syrienne, compromettre une partie de l’autorité morale dont la France disposait encore dans la région ? », s’interroge un ancien ambassadeur.

Malgré ses efforts, la France est restée marginale dans le dossier syrien. Sur les autres grandes questions internationales et européennes, l’effet Macron semble s’essouffler. La relation personnelle surjouée avec Donald Trump n’a pas donné les résultats escomptés. La main tendue à Vladimir Poutine non plus. Pour le moment, il n’y a pas encore de vrais succès, même s’il est encore trop tôt pour dresser un bilan. Le doute est là néanmoins après l’enthousiasme du début. Un diplomate qui fut un fervent « macronien » confie : « Le risque aujourd’hui est de voir le “en même temps”, y compris en politique étrangère, devenir un n’importe quoi. »

31 décembre 2018

Gilets Jaunes

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Plantu - "Bonne Année"

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Centre national du costume de scène - Moulins

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31 décembre 2018

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31 décembre 2018

ET ÇA CONTINUE ANGKOR ET ANGKOR...

angkor01

Par Fabrice Drouzy - Le Monde

Un superbe carnet de voyage du peintre Simon dans les ruines khmères.

Et ça continue Angkor et Angkor... SIMON  

«Ma chère fille. J’aurais aimé te confier un monde meilleur. La planète sur laquelle tu es née est dans un sale état. Ma planète. Ta planète. Je suis né en 1961. Toi en 2002. En quarante ans, la situation écologique du monde s’est monstrueusement dégradée. Là, devant nous les ruines d’Angkor…»

C’est avec une longue lettre à sa fille Pauline que le peintre Simon introduit son dernier livre Angkor, le sourire du temps, superbe recueil d’aquarelles, œuvres au fusain et encre, réalisées entre 2013 et 2018 dans les ruines de la cité khmère. Un cri d’alerte écologique qui trouve évidemment un écho amplifié dans ce lieu hors norme (jusqu’à 750 000 habitants à l’apogée de sa gloire au XVe siècle) disparu dans des conditions encore mystérieuses après une série de catastrophes climatiques et environnementales.

Sang d’encre khmer

«Je suis tombé dans l’encrier dès l’enfance et le goût du voyage a fait le reste… Partout où le vent me mène, je dessine et j’écris, c’est ma façon de marcher, de tremper mon art dans le vivant…» Peintre, rêveur et voyageur, Simon mêle depuis toujours dessins et récits. Si la première partie de l’ouvrage sonne donc comme un cri d’alarme, les suivantes sont autant d’étapes initiatiques : une réflexion sur le travail de l’artiste lors d’un second voyage au Cambodge avec ses élèves ; une dissertation sur l’amour «d’un lieu, comme d’un être» à l’occasion d’un troisième périple en famille, et enfin le moment où se «dessine» le livre avec les textes de Patrick Duffossé «ami de marche et de poésie» qui vient enrichir de ses vers le dernier chapitre.

«Le vide médian, les nappes de brumes… Aujourd’hui en Chine, c’est la pollution qui a pris cette place», racontait il y a trois ans Simon, rencontré à l’occasion de la sortie de Voyages d’encre (Akinomé, 2015). Et cette pollution raconte le flou, le brouillard, le côté profondément évanescent de tout ce qui est projet en Chine…» Même approche à Angkor, où l’aquarelle et les lavis permettent de noyer les contours, de dissoudre sur une même toile l’élément végétal, minéral et aquatique ; faisant ressortir la magie des temples dévorés par les arbres sous des cieux gorgés de pluie. Au final, 160 pages d’esquisses et de peinture à fond perdu présentées comme des tableaux ; une émotion qui surprend l’auteur lui-même - «Il est insensé qu’un pareil tas de gravats puisse rendre aussi heureux» - et la découverte d’une civilisation comme miroir de notre propre époque. «Allons-nous nous effondrer comme s’effondra l’empire khmer, ou prendre conscience de la nécessité de préserver ce miracle, la vie sur notre planète liquide ?» Un «voyage intégral», un «beau livre» dans tous les sens du terme.

31 décembre 2018

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31 décembre 2018

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31 décembre 2018

Clara Morgane

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