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Jours tranquilles à Paris
4 juillet 2019

Extrait d'un shooting

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4 juillet 2019

Vu dans une vitrine...

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4 juillet 2019

Faut-il enfin rémunérer les artistes plasticiens ?

Par Nicole Vulser

Le code de la propriété intellectuelle prévoit qu’ils doivent être payés lorsque leurs œuvres sont exposées, mais la loi n’est quasiment pas appliquée. A l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles, le ministre de la culture, Franck Riester, veut « changer les habitudes ».

Un compositeur, un chanteur ou un musicien qui se produit en concert ou dont les œuvres sont diffusées à la radio ou sur Spotify est forcément rémunéré. Idem pour un comédien sur des planches de théâtre, un auteur de polar vendu en librairie ou encore un réalisateur dont le film est diffusé à la télévision ou sur YouTube.

Si la création en France est peu reconnue et souvent payée au lance-pierre, les artistes plasticiens et photographes semblent, eux, tombés dans l’oubli.

Le code de la propriété intellectuelle prévoit sans ambages dans son article 122-2 qu’ils doivent être payés lorsque leurs œuvres sont exposées, mais la loi n’est quasiment pas appliquée. En général les artistes se battent déjà bec et ongles pour tous les autres droits de reproduction (dans les catalogues, les affiches publicitaires, etc.) mais seule une petite poignée d’institutions culturelles privées ou publiques – qui attirent des milliers de visiteurs grâce à ces créateurs – s’acquitte du droit d’exposition.

« Paupérisation, précarisation »

Au point que Franck Riester, ministre de la culture, a réaffirmé lundi 1er juillet, lors de l’ouverture des 50e Rencontres de la photographie d’Arles (Bouches-du-Rhône), ce qu’il avait dit en inaugurant, mi-juin, le conseil national des professions des arts visuels : « Je souhaite défendre la rémunération du travail des artistes. Il s’agit de changer les habitudes : je ne crois pas qu’il soit acceptable d’exposer gratuitement, parfois de payer pour être exposé. C’est pour cela que je forme la recommandation d’un droit de présentation publique. »

Selon le ministre, les vingt-trois centres d’art et les fonds régionaux d’art contemporain s’y sont engagés. « Je souhaite que l’Etat et ses opérateurs donnent l’exemple sur ce point », a-t-il ajouté. Et se mettent donc enfin en conformité avec la loi.

M. Riester avait reçu un coup de pouce du président de la République Emmanuel Macron qui, le 10 juin à Ornans (Doubs), à l’occasion du bicentenaire de la naissance du peintre Gustave Courbet avait affirmé : « La France est une terre d’artistes, qu’il nous faut revivifier. »

La culture, enjeu politique et économique ? Certes, mais si peu pour les artistes plasticiens et photographes. Selon M. Riester, seulement 10 000 d’entre eux sur les 65 000 rattachés au régime des artistes auteurs perçoivent un revenu supérieur à 1 430 euros en moyenne par mois depuis cinq ans… Trop peu s’en sortent bien, convient-il, puisque la majorité « ne parvient pas à vivre de son travail artistique ». « Je mesure la paupérisation des photographes ; la précarisation de leur statut ; la baisse de leurs revenus », a-t-il précisé à Arles.

Evolution des mentalités

Les mentalités commencent à évoluer tout doucement pour tenter de pallier ces stupéfiantes différences de traitement entre les créateurs. Les Rencontres de la photographie d’Arles ont fait un premier petit pas. « Nous n’avons pas attendu les injonctions du ministère », affirme leur directeur Sam Stourdzé.

Cette manifestation indemnise en effet les photographes depuis 2018 – à hauteur de 500 euros par exposition. Ce forfait passe cette année à 1 000 euros et sera plafonné à 1 500 euros à partir de 2020. Il s’agit en fait d’un petit effort comparé au budget des Rencontres qui s’élève à 7,5 millions d’euros, dont 40 % proviennent des recettes de billetterie. « Nous distribuerons aussi cette année aux artistes près de 100 000 euros de dotations via des prix et des récompenses », précise Sam Stourdzé.

A la Fondation Luma, Mustapha Bouhayati, son directeur en convient : « Les institutions culturelles en France ont un certain retard dans les arts visuels. Elles considèrent trop souvent qu’une exposition apporte à l’artiste une telle aura qu’elle devrait lui suffire pour en vivre… » Il assure qu’à la Fondation Luma « les artistes, comme Rachel Rose cette année, perçoivent une rémunération pour leur exposition même si leurs pièces sont produites. »

Toujours à Arles, Actes Sud, ou l’Association du Méjan dont elle dépend, « n’étant pas producteur des expositions présentées cet été » estime que « l’indemnisation ou la rémunération des artistes ne relèvent pas de sa compétence ».

Besoin de visibilité

Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image à Perpignan, explique : « Nous ne payions pas de droits d’exposition jusqu’en 2018, car nous produisions l’exposition qu’on offrait aux photographes, ainsi que l’hôtel et l’avion. » Depuis 2018, il leur donne 1 000 euros en plus, mais « je n’ai jamais vu cela comme une obligation », ajoute-t-il, « si je devais leur payer 3 000 euros, je ne les inviterai tout simplement plus au festival ».

Depuis la création de Visa pour l’image voici vingt-neuf ans, « aucun photographe a refusé de venir parce qu’il n’était pas payé », dit-il. Pour la simple raison que ces photographes avaient besoin de visibilité… C’est le discours habituellement tenu aux artistes et que personne n’oserait tenir dans l’industrie musicale… A quoi M. Leroy rétorque : « Si j’avais 8 millions de budget (comme les Rencontres d’Arles) et non pas comme moi 1,34 million pas totalement bouclé, alors là, je paierais les photographes entre 3 000 et 5 000 euros l’expo… »

Qu’en est-il des plus petits festivals parmi les 2 000 qui exposent de la photo dans l’Hexagone ? Fany Dupêchez directrice artistique du festival Portrait(s), à Vichy (Allier), verse « entre 1 500 et 2 000 euros de droits » aux photographes quand elle ne produit pas leurs expositions. Elle aimerait faire les deux mais pour cela il lui faudrait un budget plus important. Au Château d’eau à Toulouse, Jean-Marc Lacabe, le directeur, se bat aussi « pour réserver une enveloppe pour les artistes » et salue « la disposition annoncée par le ministère ».

Dans les musées, où l’on se rengorge chaque année davantage de l’explosion de la fréquentation, quasiment aucun droit d’exposition n’est reversé aux artistes, malgré une billetterie d’une croissance exponentielle. C’est vrai au Centre Pompidou ou au Musée d’Orsay, quand ils programment des artistes contemporains. Le Jeu de paume assure de son côté « rémunérer les photographes pour les expositions ». Il n’y a guère qu’au Canada où le droit de « monstration » est payé rubis sur ongle, confirme Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal.

« Chantage fait aux artistes »

Pour Marie-Anne Ferry-Fall, directrice de la Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques (ADAGP) qui compte 1 350 membres, les artistes plasticiens constituent le « lumpenprolétariat de la création », où les droits d’auteur sont les plus difficiles à collecter. « Nous sommes sans arrêt confrontés à un chantage fait aux artistes de la part des institutions muséales. On leur dit : “Si tu ne renonces pas à tes droits, on prendra quelqu’un de plus docile !” Et chaque jour le combat est déjà violent pour leur faire payer les droits de reproduction dans les catalogues, c’est pire pour les expositions », déplore-t-elle.

L’ADAGP n’a récupéré en 2018 que 30 000 euros de droits d’exposition sur un total de 42,3 millions d’euros collectés. « On est arrivés au fond de la piscine et les mentalités commencent enfin à évoluer », veut-elle croire, en ajoutant : « Le changement ne viendra que d’une réelle volonté politique ».

Et de la vertu de la carotte et du bâton : à condition que la Direction générale de la création artistique (DGCA) verse les aides publiques à tous lieux culturels uniquement si ces derniers paient les droits dus aux artistes. C’est ce schéma qui semble étudié Rue de Valois.

L’ADAGP compte aussi enfin revoir à la hausse son barème de droits d’exposition jusqu’alors particulièrement chiche (10 euros par mois et par œuvre) – pour un forfait de 1 000 euros au minimum pour les expositions temporaires, auquel s’ajouterait 3 % du prix du billet d’entrée. Ce nouveau barème devrait être « mis en place par avenant, sous l’égide du ministère de la culture, auprès de toutes les institutions muséales », affirme Mme Ferry-Fall.

Rapport de force défavorable aux créateurs

Même écho à la Société des auteurs des arts visuels et de l’image fixe (SAIF), l’autre société de collecte de droits des photographes. Olivier Brillanceau, son directeur général, a lui aussi refusé d’adopter une logique de contentieux avec tous les musées et les institutions culturelles en préférant une négociation.

Une stratégie inefficace depuis vingt ans en raison d’un rapport de force défavorable aux créateurs. Mais lui aussi se dit enfin plus confiant si « L’Etat respecte enfin lui-même la loi et si le ministère de la culture conditionne ses aides financières aux seules institutions culturelles » qui rémunèrent les créateurs.

Missionné par le ministre de la culture, Bruno Racine, ancien président du Centre Pompidou puis de la BNF, doit rédiger un rapport sur le statut des créateurs, tous secteurs confondus. Sa feuille de route consiste à établir des préconisations pour « garantir aux créateurs une rémunération en rapport avec leur travail au service de l’économie et de la société », a demandé le ministre. M. Racine voit bien que « l’application des règles théoriquement en vigueur est aujourd’hui défectueuse ». Et que les écrivains ou les artistes plasticiens ne sont absolument pas aussi bien défendus que les musiciens, historiquement très bien lotis. « La question consiste à mieux partager la valeur et à prendre conscience de l’importance de son partage », explique M. Racine.

Qui devra assurer cette charge pour que les artistes soient mieux rémunérés ? Le public (en prélevant un pourcentage sur le prix du billet) ? le diffuseur ? Le producteur ? Aux yeux de Bruno Racine, « il est primordial de remettre le créateur au centre des politiques publiques », ce qui devrait passer d’abord par le paiement de tous les droits censés leur revenir.

4 juillet 2019

Centre Pompidou

pompidou

pompidou22Photos : Jacques Snap

4 juillet 2019

Le Parlement adopte définitivement la « loi anti-fessée »

fessee

Par Solène Cordier

La proposition de loi, votée au Sénat, signe la fin du droit de correction, hérité du XIXe siècle et qui est encore invoqué dans la jurisprudence.

Les sénateurs ont voté, mardi 2 juillet, la proposition de loi de la députée (MoDem) du Val-de-Marne Maud Petit interdisant les « violences éducatives ordinaires ». Soit l’éradication de toute pratique en la matière « basée sur la peur, la douleur et la sidération de l’enfant », selon le médecin généraliste Gilles Lazimi, à la pointe du combat contre ces violences ordinaires.

Il aura fallu près d’un an et demi, et bien des moqueries, pour en arriver à l’adoption de ce que certains qualifient de loi anti-fessée. Dans sa dernière version, après son passage en commission des lois au Sénat le 26 juin, qui l’a adopté sans déposer aucun amendement, le texte contient désormais trois articles :

Le premier concerne la définition de l’autorité parentale, telle que caractérisée dans l’article 371 du code civil, en précisant désormais qu’elle « s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ».

Le deuxième introduit « la prévention des violences éducatives ordinaires » dans le code de l’action sociale et des familles, en créant une obligation de formation pour les assistantes maternelles.

Le troisième article prévoit la remise d’un état des lieux sur la question par le gouvernement, à une date initialement fixée au 1er septembre 2019 (et qui devrait être modifiée compte tenu des délais).

Quelle sera la portée d’un tel texte, éminemment symbolique ? C’est un « moment historique, qui prouve que les enfants ont des droits et pas des mini-droits », estime Gilles Lazimi, coordinateur des campagnes pour cette cause initiée par la Fondation pour l’enfance et Stop VEO, Enfance sans violences. Dans les rangs de ses partisans, on souligne que son adoption permet aussi à la France de se mettre en adéquation avec la Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée en 1990.

« A l’aube d’un travail énorme »

Pour ses détracteurs, qu’on trouve principalement dans les rangs de la droite et de l’extrême droite, il s’agit au contraire d’une intrusion intolérable dans la vie privée des familles.

C’est notamment ce qu’avait exprimé en première lecture la députée de l’Hérault Emmanuelle Ménard, apparentée Rassemblement national, la seule qui avait voté contre. « On pourrait opposer le même argument à tous les textes luttant contre les violences, comme les violences conjugales par exemple, répond Maud Petit. Je crois au contraire que la loi doit protéger les plus faibles, en l’occurrence les enfants. »

Après promulgation, le premier article de la loi sera notamment lu lors des cérémonies de mariage. Le texte n’est assorti d’aucune sanction pénale nouvelle, la maltraitance des enfants étant déjà punie de peines pouvant aller jusqu’à vingt ans de prison.

Mais il signe la fin du droit de correction, hérité du XIXe siècle et qui est encore invoqué dans la jurisprudence. « On me renvoie qu’il ne s’agit que d’un texte symbolique, parce qu’il est éducatif. Mais je crois au contraire qu’on est à l’aube d’un travail énorme pour expliquer aux parents comment éduquer les enfants sans les humilier et les violenter », considère Maud Petit.

La députée, dont le texte a reçu le soutien du secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, Adrien Taquet, souhaite « mener une mission, six mois après le vote, pour vérifier l’application de la loi sur le terrain ». Mais d’ores et déjà, elle savoure « l’émotion » que la France devienne le 56e pays au monde à interdire les châtiments corporels.

fessée22Mais pour certaines ?

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4 juillet 2019

Quartier du Marais

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gay81Photos : Jacques Snap

4 juillet 2019

Entretien - Le général Pierre de Villiers : « Il y a une crise d’autorité »

Par Nathalie Guibert

L’ancien chef d’état-major des armées revient sur l’état de la France et considère qu’« on manque de chefs parce qu’on manque de vision ».

Deux ans après avoir démissionné de son poste de chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers, devenu consultant, sillonne la France. Il remplit des salles en parlant de l’autorité et de la gouvernance, thèmes de son deuxième livre, Qu’est-ce qu’un chef ? (Fayard, 2018). L’ouvrage a été vendu à 140 000 exemplaires, après Servir (Fayard) paru en 2017, à 180 000 exemplaires. Chaque semaine, le général reçoit entre cinquante et cent demandes d’interventions de la part d’entreprises de toute taille, de grandes écoles ou d’associations. Dans ses rencontres deux questions lui reviennent : Que pense-t-il d’Emmanuel Macron ? Quand se lancera-t-il en politique ?

Vous avez déjà fait plusieurs tours de France pour des conférences ou des dédicaces, comment cela se passe-t-il ?

La nouvelle mission que je me suis fixée est de transmettre ce que j’ai appris durant quarante-trois années au service des armées.

Dans les entreprises ou auprès des jeunes, j’ai vu que mon discours sur l’exercice de l’autorité était apprécié par les Français, et demandé. Partout, j’ai été surpris par l’affluence, des centaines de personnes. Je ne pensais pas que le thème du rôle du chef intéresserait autant nos concitoyens. Je rencontre un grand enthousiasme pour parler de ces sujets : comment être un dirigeant aujourd’hui ? maîtriser la pression qui pèse sur les responsables ? conduire la transformation nécessaire de la société ?

Mon message central, qui est de remettre la personne au centre des décisions, est celui qui est attendu, il est espéré. Dire qu’il faut écouter les préoccupations de la nation plutôt que de conduire l’Etat rencontre un vif intérêt, même si les attentes du quotidien sont différentes entre les habitants des métropoles, des territoires plus isolés et des banlieues.

Dans quel état trouvez-vous le pays ?

En parcourant la France, j’ai constaté que se creusait en accéléré un fossé entre ceux qui dirigent et ceux qui exécutent.

Il existe une crise de confiance et une crise d’autorité, qui concernent toute la société : les entreprises, la politique, le sport, les associations, la culture. J’ai trouvé une désespérance. Une inquiétude sur l’avenir du monde, l’état de la France, son avenir.

Il est positif de voir que ce que je dis rencontre un écho, et le fait que des gens aux idées et aux origines très différentes attendent un discours d’humanité est un vrai signe d’espérance. Mais il est préoccupant de voir que l’on est dans un tel vide au niveau des réponses. Je ne devrais pas avoir de telles demandes. Je pense que je comble une partie du vide.

Comment expliquez-vous l’inquiétude de nos concitoyens ?

Il y a d’abord une inquiétude géostratégique ; le monde devient dangereux, plus instable avec le terrorisme islamiste et les Etats puissance qui font peser de l’ambiguïté entre la paix et la guerre. Les attentats ont rappelé que cette instabilité n’était pas une abstraction.

Ensuite le temps presse, stresse. Les gens se sentent sous pression, perdent le sens de la stratégie, même si j’ai trouvé des patrons qui pensent leur entreprise à dix ans, et savent que c’est leur planche de salut. Les révolutions technologiques (l’intelligence artificielle, la robotisation…) se multiplient. Elles pourraient laisser croire que le progrès amènera le bonheur, mais l’homme, s’il n’y prend garde, pourrait bien organiser sa propre éviction.

L’éloignement du pouvoir, autre facteur, fait que les gens n’arrivent plus à se situer dans ce monde hypercomplexe : « Et moi, dans tout ça ? » On me dit souvent : « Mon général on marche sur la tête. » Enfin, l’individualisme se répand. On est dans une « mondialisation de l’indifférence », selon la belle formule du pape François.

Comment se construit la crise de l’autorité ?

Deux pelleteuses creusent cette crise de l’autorité : la bureaucratie tatillonne, plus importante malgré la digitalisation. Et le juridisme, qui complique la vie des citoyens et des chefs d’entreprises. Quand il existe un problème, on fait une loi, mais elle ne règle rien. Et les gens se demandent : « Où va-t-on ? Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » Je ne sens pas diminuer cette crise, qui s’est manifestée notamment par les « gilets jaunes ».

L’Etat est là pour organiser la vie de la cité, au service de la nation, d’une communauté d’hommes et de femmes qui acceptent de vivre avec des valeurs communes, sur un territoire qui s’appelle la patrie. L’Etat n’est pas la finalité, il est là pour organiser. Le droit, la finance sont des moyens, pas des objectifs. Or parfois, la nation peut avoir l’impression de n’être qu’un simple codicille.

N’est-il pas préoccupant de voir les citoyens d’une démocratie réclamer de l’autorité ?

Les gens demandent de la confiance entre ceux qui ont l’honneur de diriger et ceux qui exécutent. C’est un effort entre l’ensemble des protagonistes, mais ils sont dans un cercle vicieux où la confiance ne peut pas régner.

Et l’autorité n’est pas l’autoritarisme, une pression du haut vers le bas – « Je décide, il exécute ». L’auctoritas, c’est faire croître et grandir : c’est un ascenseur qui doit fonctionner du bas vers le haut. Dans les entreprises ou ailleurs, les gens veulent qu’on leur fiche la paix pour exercer leur responsabilité à leur niveau, et que le chef à son niveau décide. Ils demandent pour cela l’humanité et la fermeté.

Il manque l’un et l’autre, notamment chez les jeunes des cités que je vais souvent rencontrer. Avec eux, on n’est pas assez rigoureux dans la fermeté face à l’illégalité. Et ils suivront d’autant plus le cadre qu’ils se sentiront aimés. L’humanité n’est pas l’assistance.

Que vous disent ces jeunes ?

Ils me disent qu’ils me respectent parce que j’ai été un homme d’autorité, chef d’état-major des armées. Ils savent très bien ce qu’elles sont : leurs camarades sont engagés et le retour qu’ils en ont est excellent. L’armée n’est pas un modèle transposable mais un laboratoire. Ils y ont trouvé une forme de justice : « Ici on me dit ce que je vaux, on me récompense si je suis bon, on me punit si je suis mauvais. » Il faut de la clarté. Je n’ai pas de solution miracle. Mais ces jeunes apprécient dans nos discussions que les choses soient claires.

On vous demande d’entrer en politique.

Ceux qui font des conjectures ont tort. Ce n’est ni ma volonté ni ma mission. Je suis là pour conseiller, au service des entreprises et de la jeunesse. Je ne ferai pas de politique politicienne. Je me situe dans une approche plus globale et je rencontre des élus de tous bords. On peut dire que je fais de la politique en parlant de l’autorité, mais de la politique avec un grand « P ». On manque de chefs parce qu’on manque de vision, il y a un besoin : ce n’est une critique contre personne de le dire.

Le président de la République a dit lui-même en pleine crise des « gilets jaunes » : « Je n’ai pas réussi à réconcilier les Français avec leurs dirigeants. » La critique est aisée mais l’art est difficile. J’ai par exemple beaucoup d’admiration pour les hommes politiques locaux au contact des difficultés du quotidien.

Je travaille à des solutions, en praticien. Je déteste la polémique. J’ai été élevé au biberon de l’unité, du rassemblement. Ma culture, c’est : on prend tous les Français, on les met devant le drapeau et on est capable ensemble d’aller jusqu’au sacrifice suprême. Ce n’est pas la petite phrase, ce à quoi on assiste trop souvent en politique et qui ne donne pas envie.

Il semble difficile de mettre en place le service national universel…

Sur le principe, je ne peux que me réjouir d’une initiative qui vise la reconstitution du creuset national. Il faudra surmonter les difficultés d’infrastructures, de budget et d’encadrement. Car le vrai sujet est d’aller chercher, puis d’encadrer, les 80 000 jeunes qui sont en dehors du système éducatif et étatique. Ce sont ces jeunes en difficulté qui posent problème au creuset national. Dans les cités, nous avons une gouvernance quasi-autonome en terme social et économique : les caïds sont dans certains endroits seuls maîtres à bord, avec un voisinage de plus en plus proche, les salafistes.

4 juillet 2019

Affichage sauvage

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4 juillet 2019

Quartier Beaubourg

beaubourg

4 juillet 2019

Synthèse - Postes clés de l’Union européenne : la France et l’Allemagne se taillent la part du lion

femmes

Par Cécile Ducourtieux, Bruxelles, bureau européen, Jean-Pierre Stroobants, Bruxelles, bureau européen

Les vingt-huit chefs d’Etat et de gouvernement se sont mis d’accord pour nommer l’Allemande Ursula von der Leyen à la tête de la Commission ; la Française Christine Lagarde hérite de la Banque centrale européenne.

L’accouchement fut relativement long, et douloureux. Mais au terme de ce quatrième sommet en l’espace d’un mois, le résultat est plutôt rafraîchissant : pour la première fois de sa courte histoire, l’Union européenne (UE) devrait nommer deux femmes aux postes de pouvoir majeurs : la Commission et la Banque centrale (BCE).

Ursula von der Leyen, 60 ans, l’actuelle ministre allemande de la défense, devrait remplacer le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission à la fin octobre.

Elle est née à Bruxelles dans une grande famille aristocratique, parle parfaitement le français et fut également ministre fédérale de la famille, puis des affaires sociales du gouvernement Merkel. Mère de sept enfants, fille du ministre-président de Basse-Saxe Ernst Albrecht, elle est considérée comme une conservatrice modérée.

C’est Emmanuel Macron, qui, lundi 1er juillet, a proposé son nom à la chancelière, pour tenter de sortir les négociations de l’ornière, ressuscitant une idée évoquée il y a un an, lors d’une discussion informelle entre les deux dirigeants. Pendant presque dix-neuf heures, les Vingt-Huit s’étaient écharpés sur l’idée de nommer le socialiste néerlandais Frans Timmermans à la Commission. En vain, une dizaine de pays, Italie et Pologne en tête, refusant ce schéma.

Un changement considérable pour l’UE

La France a aussi poussé, ces derniers jours, la candidature de Christine Lagarde pour la présidence de la BCE. Avec succès : l’actuelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) devrait remplacer l’Italien Mario Draghi à la fin octobre.

Angela Merkel apprécie depuis longtemps l’ancienne ministre des finances de Nicolas Sarkozy qui, sur Twitter, s’est dite « très honorée » d’avoir été choisie et a annoncé qu’elle quittait « provisoirement » le FMI. Christine Lagarde « a toutes les compétences et qualités pour diriger la BCE » a affirmé M. Macron, balayant les critiques sur le profil de l’intéressée, qui n’a jamais dirigé une banque centrale.

Le fait de nommer deux femmes à des postes aussi stratégiques représente, au moins symboliquement, un changement considérable pour l’UE. « Nos sociétés sont paritaires, l’accès aux postes de responsabilité doit l’être également », s’est félicité le président français, Angela Merkel se réjouissant aussi de cette première.

Le premier ministre belge Charles Michel, 43 ans, s’en ira, lui, présider le Conseil en décembre. Il remplacera le Polonais Donald Tusk. Ce libéral impressionne peu par son charisme, mais il est apprécié « pour sa capacité à former des compromis », souligne un diplomate. Des qualités jugées cruciales à Paris, qui a peu apprécié la présidence de M. Tusk. « Je veux promouvoir l’unité, la diversité et la solidarité », a affirmé son successeur.

Enfin, c’est le socialiste espagnol Josep Borrell, 72 ans, qui remplacera l’Italienne Federica Mogherini au poste de Haut Représentant de l’UE. Il a présidé le Parlement de Strasbourg entre 2004 et 2007 et occupera un poste à la fois exposé et difficile, obligeant à composer avec des diplomaties nationales encore jalouses de leurs prérogatives.

Le principe du « spitzenkandidat » affaibli

Mme Merkel et M. Macron avaient-ils, il y a un mois, vraiment pensé toutes les étapes de ce laborieux processus ? Probablement pas. Le président français voulait surtout éviter la nomination de l’Allemand Manfred Weber, chef de file de la droite européenne, pas assez expérimenté pour le poste, selon lui. La chancelière était, de son côté, très embarrassée par cette candidature qu’elle soutenait tout en donnant l’impression de ne pas trop y croire.

Après trois sommets infructueux, ils sont plutôt bien retombés sur leurs pieds et M. Macron apparaît à beaucoup comme le gagnant de cette séquence quand même douloureuse pour l’image de l’UE. Il a réussi à affaiblir, sinon à détruire, le principe très allemand du « spitzenkandidat » que défendait le Parti populaire européen (PPE, conservateurs), accroché au principe de voir la tête de liste de la formation politique remportant les élections partir pour la Commission. Le président français a aussi réussi à déstabiliser le PPE, divisé entre ceux qui soutenaient M. Weber et ceux qui préféraient le laisser tomber en faveur d’un candidat plus solide.

Emmanuel Macron envoie surtout une compatriote à la BCE, huit ans après la fin du mandat de Jean-Claude Trichet à la tête de l’institution monétaire. Et il disposera d’une personne de confiance au Conseil, avec Charles Michel.

Le fait d’avoir proposé Ursula von der Leyen pourrait l’autoriser par ailleurs, au début du moins, à pousser davantage son agenda européen – un budget de la zone euro, une politique industrielle plus volontariste et plus protectionniste, etc. Enfin, le marché pour les portefeuilles de la Commission ayant commencé, la France espère aussi un « grand portefeuille économique, de conquête ».

Mardi soir, le chef de l’Etat français voyait en Ursula von der Leyen une « très bonne candidate ». Il dit compter sur elle et sur M. Michel pour mettre sur les rails une « conférence européenne », destinée, entre autres, à « revoir les modes de fonctionnement » de l’UE.

Angela Merkel place quant à elle une personne de confiance, loyale, à la tête de la Commission. Pour Berlin, cette nomination représente un autre symbole, fort : le pays assume, pour la première fois depuis 52 ans, le tout premier rang dans l’UE.

Un vaste meccano aux nombreux perdants

La « victoire » de la chancelière est moins nette que celle de M. Macron et elle a d’ailleurs dû s’abstenir lors du vote au Conseil sur le nom de Mme von der Leyen, obligée de ménager son partenaire de coalition à Berlin, le SPD (sociaux-démocrates), ulcéré de l’éviction de Frans Timmermans sous la pression du PPE.

Les perdants de ce grand meccano sont, eux, relativement nombreux. Margrethe Vestager, la libérale, a pu espérer un temps diriger la Commission, mais la Danoise devra se contenter d’une vice-présidence. Idem pour M. Timmermans et le Slovaque Maros Sefcovic, eux aussi destinés à rester des numéros deux. Quant au Belge Guy Verhofstadt, qui rêvait du perchoir du Parlement européen, il présidera seulement, si tout se passe bien, la « conférence sur l’Europe » voulue par Paris.

Michel Barnier a, lui aussi, sérieusement pensé qu’il remplacerait M. Juncker à la tête de la Commission mais il restera le « M. Brexit » de l’UE. Enfin, M. Weber, qui a fait campagne durant des mois, a même, faute de soutien, renoncé à la présidence de l’assemblée de Strasbourg, qui lui était promise en guise de lot de consolation…

L’« équipe d’Europe » que loue Emmanuel Macron n’est toutefois pas encore en place : Ursula von der Leyen doit décrocher le feu vert du Parlement et, mardi soir, nombre d’eurodéputés réagissaient très mal à la fin, de fait, du système des « spitzenkandidaten ». Les socialistes notamment regrettaient bruyamment la mise à l’écart de M. Timmermans, et les Verts, grands oubliés de la distribution des postes, dénonçaient des nominations opaques et des manœuvres « en coulisse ».

Le Parlement osera t-il cependant entrer en guerre contre les dirigeants de l’UE, au risque de plonger cette dernière dans une profonde crise au cœur de l’été ? « Peu probable », estimaient des diplomates bruxellois après cette séquence assez homérique.

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