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Jours tranquilles à Paris
1 juillet 2019

"Cet été, soyez vous-même"

"Cet été, soyez vous-même". Billie, marque de rasoirs et autres produits pour le corps, frappe fort dans le monde de la publicité avec une nouvelle campagne vidéo dans laquelle on peut voir plusieurs femmes porter des maillots de bain et, pour certaines d'entre elles, afficher les poils de leurs aisselles ou leurs poils pubiens. Une première pour une marque de rasoirs.

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1 juillet 2019

Raymond Depardon au MUCEM en 2014

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1 juillet 2019

KARL

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1 juillet 2019

Helmut Newton

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1 juillet 2019

Chronique : LGBTQIA+… La sexualité a-t-elle besoin d’étiquettes ?

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Par Maïa Mazaurette

La prise en compte des identités minoritaires peut certes compliquer la vie. Tout cela ne relève-t-il pas du domaine du privé ? Pour la chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette, plus il y aura de mots, plus la société pourra être inclusive.

LE SEXE SELON MAÏA

LGBTQIA+, c’est pas bientôt fini cette histoire ? Lesbiennes, gays, bis, trans, queers, intersexes, asexuels, et il faudrait en ajouter encore ? Eh bien… oui, sans doute. Ce n’est pas si exaspérant, et puis en France, d’habitude, nous sommes plutôt friands d’acronymes : personne ne proteste quand on parle de l’Unicef, des Assedic ou du programme Erasmus.

Si vous n’êtes pas franchement convaincus par cette ribambelle de lettres, si vous faites partie de celles et ceux qui voient dans cette accumulation un très suspect besoin identitaire, il faut lire les mots de l’autrice Mélanie Fazi : « L’étiquette, ce n’est pas s’enfermer dans une boîte, ce n’est pas chercher à tout prix la normalité, ce n’est pas couper inutilement les cheveux en quatre. C’est savoir qu’il y en a d’autres comme nous. Savoir que [notre orientation] n’est pas un problème, et qu’on n’a pas à s’en vouloir de ne pas réussir à le résoudre : c’est une identité connue. Vivre sans étiquette, c’est n’avoir aucune existence aux yeux du monde, parce que les autres ne savent pas. »

Mais pourquoi les autres devraient-ils savoir ? Pourquoi devriez-vous savoir ? C’est simple : même de manière inconsciente, vous pensez savoir – notre société est organisée autour d’une certaine idée de la normalité. Ce qui complique la vie de personnes comme Mélanie Fazi : « C’est une redéfinition de chaque instant : rectifier ou non les attentes que les autres plaquent sur nous par défaut, revendiquer ou non cette différence, la vivre discrètement ou bien en faire un étendard. » (Son témoignage est à découvrir dans son ouvrage de non-fiction intitulé Nous qui n’existons pas, paru en 2018 aux éditions Dystopia.

Quand Mélanie Fazi parle d’attentes « par défaut », ces dernières se situent à des niveaux multiples. Jusqu’à preuve (et revendication) du contraire, la société nous considère comme bien installés dans notre sexe de naissance, qui correspondrait à notre genre, tout cela serait somptueusement hétérosexuel, l’amour serait la grande aventure qui nous rendrait complets, et nous ferions des enfants. Ce « par défaut » est absurde. Surtout quand l’histoire, la géographie ou les sciences sociales nous démontrent que l’ordre naturel est construit (nous avons par exemple appris à l’école que l’idée d’hétérosexualité aurait épaté les citoyens athéniens de l’Antiquité, lesquels nous auraient sans doute demandé pourquoi nous avons tant besoin d’exhiber cette « étiquette hétérosexuelle »).

Essayer d’inclure

Ne pas ressentir le besoin de s’identifier est un privilège : la norme est comme l’air qu’on respire, on n’y fait pas forcément attention. Parce que notre identité est invisible, on se demande pourquoi certain/e/s recherchent la visibilité, pourquoi certains passages piétons seraient recouverts d’arc-en-ciels, pourquoi nous aurions des LGBTQIA+ prides. Ne pourrions-nous pas laisser tout ça dans le domaine du privé ?

Le problème, c’est que si vous êtes hétéro, votre sexualité personnelle n’est pas privée. Elle passe dans le journal, dans les salles de cinéma, elle constitue l’idée que nous transmettons d’une existence épanouie. Rien que pour acheter un billet de train, vous devez renseigner votre sexe – et parfois votre statut marital (pourtant, ce n’est pas comme s’il existait des wagons pour femmes célibataires). Votre corps lui-même est une étiquette – quitte à rester au rayon papeterie, ne parle-t-on pas d’enveloppe charnelle ?

Certaines résistances viennent du fait que la prise en compte des identités minoritaires complique la vie. Ah oui, parfois, la vie est compliquée ! L’éthique est compliquée.

C’est le même argument pour l’écriture inclusive… Pourtant, en nommant, en faisant évoluer la langue, on inclut ces minorités aux débats. Cela ne va pas changer leur situation de manière directe, mais on ne change aucune situation, jamais, sans commencer par la prendre en compte.

Tout ce qu’on nous demande en ajoutant des lettres aux LGBTQIA+, c’est d’essayer d’inclure. C’est notamment à cela que sert le « + » final. C’est également pour cette raison que ce paquet de lettres pourrait être remplacé par un générique « queer » (tordu, entortillé). Alors, va-t-on finir avec un sigle de 79 lettres ? Un simple + ? On peut faire de la prospective, mais le passé nous montre que la langue et ses usages ne nous emmènent pas toujours dans la direction attendue. Et puis, quand on ne sait pas, on peut demander : qui es-tu, où vas-tu, dans quelle étagère ?

Identité mouvante

Peut-être que les personnes concernées ne sauront pas répondre à nos questions, parce que leur identité sera mouvante – ou que la question ne sera pas pertinente dans leur cas.

Vous connaissez bien cette situation, soit dit en passant : si vous êtes un homme hétérosexuel « normal », une femme féminine née sous le signe de Vénus, vous êtes déjà passé/e par des phases trans. Vous avez connu vos propres trajectoires sexuelles, vos propres accrocs dans la toile bien tissée des attentes sociales – et tant que vous serez en vie, cette trajectoire continuera son bonhomme de chemin (ou sa bonne-femme ou sa bonne-intersexe de chemin).

Vous avez transitionné de l’enfance à la puberté, vous avez découvert l’auto-érotisme. Peut-être avez-vous connu quelques escapades queers. Peut-être avez-vous porté un fœtus dans votre ventre. Peut-être vos érections sont-elles soutenues par des substituts chimiques. Votre sexe, votre genre, vos préférences, ne sont ni plus stables, ni plus normales, que celles de votre voisin/e intersexe butch demiromantique à tendance cuir & dentelles.

Un jour, sans doute, ces catégories n’auront plus aucun sens (parce que les notions d’homme et de femme auront disparu, parce que nous aurons renoncé à établir des orientations sexuelles fixes, parce qu’il n’existera plus aucune attente concernant l’obligation à aimer ou désirer quiconque).

Mais nous n’en sommes pas encore là. Pour l’instant, une partie non négligeable de la population essaie de ne pas se faire frapper en pleine rue, de ne pas embarrasser sa famille, de ne pas perdre son boulot parce que le/la boss est LGBTQIA+ phobe (si vous trouvez ça long, rappelons qu’il existe plus de 70 000 mots français comportant treize lettres ou plus – preuve que nous sommes parfaitement capables de gérer ce niveau de complexité).

Par ailleurs, réjouissons-nous de nos queers, trans, bears et autres fems : qui peut sincèrement désirer que sa langue possède moins de mots ? Même si certains sont des acronymes, ou des néologismes, ou même des synonymes ? Pourquoi ne pas voir le verre à moitié plein, la coupe à moitié remplie, le godet à moitié complet, la chope à moitié comble – et nous tous et toutes, à ce rythme, probablement totalement alcoolisé.e.s ? Les flacons importent. Tous les flacons. On aura d’autant plus d’ivresse.

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