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Jours tranquilles à Paris
23 juillet 2011

Big Brother - l’artiste face aux tyrans - Dinard

DSC_5543 Le monde enfantin est évoqué par Joana Vasconcelos, avec War Games, oeuvre exclusive de 2011, montrée pour la première fois. Il tient tout entier dans une vieille Morris Oxford, peuplée de peluches, symboles de l'enfance à protéger. Sur elles, plane la menace permanente de fusils en plastique posés sur le toit de la voiture. Cette stratégie de détournement des objets par rapport à leur usage habituel est ici mise au profit d'une forme socialement impliquée de critique. Ce même processus opérait déjà dans son œuvre Spot en 1999. Des miroirs y recouvraient une cabine, créant une multiplicité morcelée de reflets. Cette fragmentation de l'individu, cette dislocation du « moi » disaient  tout le poids que le régime autoritaire portugais a fait porter à son peuple. Cette guérite typique a fait parti du triste décor de ces années noires qui ont marqué l'histoire familiale de l'artiste.

DSC_5546Dans Arbeit macht  Frei, l'artiste pose un rapprochement fort pour exposer le rapport ambigu que le monde entretient avec le spectaculaire. Claude Lévêque juxtapose une représentation de Mickey dont le néon vient frapper la rétine, aux mots du fronton du camp de concentration d'Auschwitz « le travail rend libre ». Cette inscription authentique renvoie à la mémoire collective, mais aussi personnelle d'un grand-père ayant été déporté politiques pendant la seconde guerre mondiale. À cette réalité crue, l'artiste propose le royaume d'Eurodisney, au moment de l'ouverture de Disneyland Paris en 1992, comme synonyme d'amnésie générale, de vision faussée de la réalité, de « décervelage ».

DSC_5552La personnalité et le régime autoritaire de Mao Zedong sont le reflet de cette mesure. Dans L’artiste et son tyran, en 2011, Yan Pei-Ming donne d'ailleurs au Grand_Timonier étendu sur son lit de mort des proportions de géant, auprès desquelles le spectateur se sent comme réduit à vivre sous influence. Ce format est proche de celui des œuvres de propagande que l'artiste, originaire de Shanghai, avait dû peindre en Chine pendant la révolution culturelle, avant de s'exiler en France dans les années 1980. Depuis 1987, les traits du président Mao hantent les très nombreux portraits réalisés par Yan Pei-Ming . En le dépeignant mort, l'artiste accorde à cette représentation un rôle réparateur dans le processus de deuil. Cette séparation est en effet vécue dans la douleur parYan Pei-Ming qui, après avoir rejeté le modèle de son propre père, s'était attaché à la figure de Mao : « j'ai besoin de son image, j'ai besoin de lui pour exister, pour être moi ».

Autres oeuvres exposées :

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Vue générale de la salle du premier étage

Revoir mon billet du 20 juillet 2011

Œuvres de : Adel Abdessemed, Francis Alÿs, Brigitte Aubignac, Ziad Antar, André Butzer, Zoulikha Bouabdellah, Claire Fontaine, Nathan Coley, Mircea Cantor, Maurizio Cattelan, Johan Creten, Braco Dimitrijevic, Dmitry Gutov, Kendell Geers, Jenny Holzer, Ramin Haerizadeh, Rokni Haerizadeh, William Kentridge, Käthe Kollwitz, Claude Lévêque, Andrei Molodkin, Fahrad Moshiri, Wilfredo Prieto, Martial Raysse, Marc Seguin, Cindy Sherman, Jaan Toomik, Joana Vasconcelos, Sislej Xhafa, Yan Pei-Ming, Zhang Huan.

Exposition jusqu'au 11 septembre 2011 au Palais des Arts et du Festival - Dinard.

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