Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
17 septembre 2013

SYRIE : La rébellion syrienne à moitié composée d'islamistes

C'est la conclusion d'une étude de l’institut britannique de défense IHS Jane’s, qui détaille les affiliations des multiples groupes rebelles en Syrie. De nombreux observateurs du conflit syrien l'avaient prédit : plus la guerre s'éternise, plus la mosaïque qu’est devenue l’insurrection syrienne se complexifie et se retrouve grangrenée par l’extrémisme. On identifie aujourd’hui pas moins de mille groupes de combattants différents, selon une étude publiée par l’institut britannique de défense IHS Jane’s, et dont le Daily Telegraph rend compte ce lundi. Ces groupes, plus ou moins interconnectés, s'allient ou s'affrontent en fonction de leurs idéologies et l'évolution du rapport de force sur le terrain, ville par ville.

Sur le même sujet

L’autre enseignement de cette étude est que les jihadistes et islamistes forment aujourd’hui près de la moitié des rebelles qui combattent en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad. C’est bien plus que les «15% à 25 % d’extrémistes» évoqués par le secrétaire d’Etat américain John Kerry dans son allocution devant le Sénat le 4 septembre. L’étude de l’IHS, conduite sur la base de nombreux entretiens avec des combattants de différents groupes rebelles et d’estimations des services de renseignement, identifie quatre grosses tendances parmi les combattants de la rébellion, dont le nombre total est estimé à 100 000 environ.

Campagne d'endoctrinement

Un premier groupe de 10 000 hommes environ combattent sous la bannière de groupes liés à Al-Qaeda, principalement le Front al-Nusra et l’Etat islamique en Irak et au Levant, et une dizaine d'autres petits groupes actifs dans le nord et l'est du pays. Financés par l’étranger, bien entraînés, bien organisés, contrôlant des sites stratégiques et l'approvisionnement en gaz et carburant, ils ont pris durant la dernière année de plus en plus d’ascendant sur l’Armée libre syrienne, composante historique de la rébellion. Présents dans au moins onze provinces sur les quatorze que compte le pays, ils se retrouvent avec les autres groupes dans leur combat contre le régime mais ils sont surtout animés par une logique de jihad global pour imposer la loi islamiste en Syrie et au-delà. L’Etat islamique en Irak et au Levant, relève le Daily Telegraph, a d’ailleurs commencé une campagne d’endoctrinement des civils sunnites dans les zones sous contrôle rebelle pour les convertir à l’extrémisme. Un deuxième ensemble de 30 000 à 35 000 rebelles est constitué également d’islamistes mais qui ne sont pas rattachés à Al-Qaeda et n'ont pas un objectif de jihad global. Environ 30 000 autres se réclament de l’islam mais sont plus modérés. Les combattants laïcs, animés par une logique d’opposition nationaliste, représentent le reste, soit environ un quart des rebelles.

La religion, un «mécanisme de soutien»

Charles Lister, l'auteur de l'étude, qui n’était pas joignable ce lundi, explique dans un article publié la semaine dernière dans le magazine Foreign Policy que «une grande partie des combattants rebelles en Syrie se présentent comme des islamistes menant le jihad. Mais contrairement à la perception répandue en Occident, cela n’en fait pas nécessairement des extrémistes et encore moins Al-Qaeda. Comme cela se produit souvent dans les conflits internes complexes et sanglants, les parties impliquées – que ce soit directement (les insurgés) ou indirectement (les civils) – se tournent souvent vers la religion comme un mécanisme de soutien». Le fait qu’en 2011, de nombreuses brigades de l’Armée syrienne libre aient pris des noms islamiques en serait une illustration. «Si les jihadistes demeurent minoritaires par rapport au nombre total d’insurgés, les "modérés" – au sens occidental de supporteurs d’un Etat non-religieux fondé sur des principes démocratiques – ne représentent pas non plus la majorité. Le majeure partie des insurgés en Syrie sont de fait des "islamistes", certains moins conservateurs que d’autres. Cela ne les empêche pas d’être les leaders potentiels de la future Syrie, et il est très important que les décideurs politiques d’aujourd’hui aient bien cela en tête.»

Cordélia BONAL Libération .fr

Publicité
Commentaires
Publicité