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Jours tranquilles à Paris
23 février 2014

UKRAINE : « Un énorme camouflet pour Moscou »

Analyse

Galia Ackerman,écrivain, historienne, spécialiste du monde russe et postsoviétique.

Va-t-on vers une véritable sortie de crise ?

Pour les manifestants de la place Maïdan, il était intolérable que Ianoukovitch reste au pouvoir avec les mains dans le sang. Il a quitté Kiev, c’est un début de sortie de crise. Et un énorme camouflet pour Moscou. Ces dernières semaines, les Russes n’ont cessé d’appeler à l’ordre. Ils ont été à l’origine de pressions pour mener en Ukraine cette opération dite anti-terroriste, terme qu’ils utilisaient pour qualifier la deuxième guerre de Tchétchénie. Reste à savoir comment Moscou va encaisser le coup. Est-ce que les Russes vont augmenter le prix du gaz et la dette ukrainienne déjà considérable ? Est-ce qu’ils vont accorder la deuxième tranche du prêt de 15 milliards promis par Poutine ?

Le gros problème de l’Ukraine n’est-il pas depuis l’indépendance sa classe politique pitoyable ?

Du temps de l’URSS, les élites se trouvaient à Moscou. Et délibérément, on mettait en place dans les républiques des gens extrêmement moyens pour éviter toute tentation d’indépendance. Donc, les élites post-soviétiques se sont avérées d’emblée très faibles. Cependant depuis la Révolution orange de 2004, beaucoup de jeunes Ukrainiens sont partis faire leurs études en Occident. Aujourd’hui, il y a un peu plus de gens avec une mentalité européenne. Avec des hommes politiques comme Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk, de nouvelles forces apparaissent. Et ce n’est plus aussi désespérant.

Au-delà des manifestants de Maïdan, que dit l’opinion ukrainienne ?

Ce mouvement est plus radical que la Révolution orange. C’est une révolte contre le système. Depuis dix ans, les gens ordinaires ont aussi compris que les fondements du pays, la législation, les institutions gardent de fortes traces de l’époque soviétique. Et qu’il faut se débarrasser de ça, chasser la corruption, pour construire l’Europe en Ukraine. Ils disent : nous étions asservis, nous nous sentons libres pour la première fois. L’Europe a certainement tardé à intervenir. On savait depuis deux semaines qu’il y avait une concentration de troupes et une préparation à l’assaut. Recueilli par Marc PENNEC.

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