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Jours tranquilles à Paris
17 juin 2014

À Kermaria, des Filles de Jésus au chevet des Poilus - Centenaire de la Première Guerre Mondiale

À Plumelin, la maison-mère de la congrégation, retrace par une remarquable exposition, l’engagement méconnu des religieuses au service des victimes civiles et militaires de la Grande Guerre.

L’histoire

Le 1 août 1914, les rumeurs de guerre sont de plus en plus insistantes. Ce jour-là, à Kermaria, ce ne sont cependant ni la menace d’un conflit mondial, ni la crainte d’un monstrueux sacrifice humain qui suscitent des commentaires au sein de la communauté des Filles de Jésus. C’est juste l’espoir de voir un gouvernement honni, celui du radical socialiste René Viviani, président du Conseil, emporté par la tourmente politique du moment !« Il nous a causé plus que d’autres des soucis, espérons que le Bon Dieu en aura raison ! » lit-on sur le journal de la maison-mère des Filles de Jésus à cette date du 1er août. Peu charitable sous la plume de bonnes sœurs… Sauf qu’ici, les dirigeants français ne sont pas en odeur de sainteté. Leur politique anticléricale et les lois anti-congrégationnistes ont durement éprouvé les communautés religieuses. Dont celle des Filles de Jésus. Plusieurs de ses membres sont en exil. En Angleterre, en Belgique, jusqu’au Canada.

« Oublions-nous »

En 1913, rappelle sœur Emma L’Helgouarc’h, archiviste de Kermaria, les rancœurs et les souffrances sont très vives. Pourtant en quelques heures, dès le lendemain de la déclaration de guerre, un magnifique élan de patriotisme et de générosité efface tout ressentiment.« Il nous faut refouler, dans nos cœurs, nos légitimes inquiétudes, nos propres angoisses, pour ne nous occuper que des douleurs que nous devons soulager, écrit, dans une circulaire du 7 août adressée à ses Filles de Jésus, Marie de Sainte-Blandine, la mère supérieure.Notre tristesse ajouterait à l’affliction de ceux que nous voulons soulager. Écoutons les plaintes et oublions-nous. »

Sauver la moisson

Début août, alors que démarrent les moissons, les premiers trains de soldats mobilisés ont quitté Vannes. Les campagnes manquent de bras. Alors qu’elles rentrent des vêpres, un groupe de novices prête main-forte aux travaux des champs. Avec la bénédiction de leur hiérarchie. Avant même celui de Dieu,« le premier service est de sauver la moisson. » Ce premier geste envers les voisins de Kermaria sera suivi d’autres, comme l’accueil, durant les vacances scolaires de l’été 1914, d’enfants orphelins de mère et dont les pères ont été appelés au front. Sur le site de la maison-mère de Kermaria, un vaste bâtiment, presque neuf, abritait jusqu’en 1904, un vaste pensionnat.« Avec eau courante, chaude et froide, chose rare à l’époque », précise sœur Emma. L’interdiction d’enseigner faite aux congrégations l’avait vidé. Les Filles de Jésus, qui comptent de nombreuses infirmières, le proposent comme hôpital de l’arrière et offrent même d’y accueillir, à leurs frais,« vingt soldats blessés ou malades. »

La brouette qui l’a sauvé

Le 15 septembre 1914, les premiers blessés arrivent en gare de Locminé. L’ancien pensionnat, rebaptisé hôpital Saint-Joseph, est prêt. Les soldats dormiront dans de bons lits, ignorant que pour leur procurer ce « confort », des sœurs dorment sur des paillasses par terre. Durant trois ans, novices et professes de Kermaria, infirmières, cuisinières, lingères, se mobilisent pour soigner les corps et les âmes de plus de 1 300 Poilus. Après les hécatombes de 1916, l’État-major renonce à ses offensives inconsidérées. Le nombre de blessés chute sensiblement. Plusieurs formations sanitaires de l’arrière sont fermées, dont l’hôpital Saint-Joseph. Mais à Kermaria, les cœurs ne désarment pas. À partir de 1917, la maison offre un asile aux femmes et enfants fuyant les départements occupés. Il en arrive de Lille, Orchies, Cambrai. Une petite réfugiée d’Armentières, Germaine Millécamps, ne quittera plus la communauté. Elle deviendra Fille de Jésus. L’histoire se poursuit… un siècle plus tard. Grâce aux recherches d’Emma L’Helgouarc’h, des descendants de la famille Hoquet-Focquet, originaire du Nord, ont renoué des liens avec Kermaria où leurs aïeux trouvèrent asile. Article de Jean-Laurent BRAS.

Manifestation Culturelle

Exposition "Les Filles de Jésus dans la guerre 18-18" à Plumelin

Kermaria

56500 PLUMELIN

Tél. : 02 97 61 04 87

Voir ici pour jours d'ouverture

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