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Jours tranquilles à Paris
29 septembre 2014

Prune et son armée de fillettes

Prune Nourry, jeune artiste française, explore le thème de la sélection des naissances dans une œuvre monumentale et surprenante, actuellement exposée à New York.

C’est l’une des expositions phare du festival 2014 “Crossing the line”, organisé par la FIAF (French Institute Alliance Française), association culturelle et artistique à New York. “Terracotta Daughters” (filles en terre cuite) est une œuvre composée de 108 statues de fillettes grandeur nature, exposées comme un régiment militaire en formation carrée, dans la grande salle de l’Institut chinois, au sud de Manhattan.

L’effet est saisissant. L’auteure de ce projet monumental est une jeune artiste française, Prune Nourry, qui se passionne pour la bioéthique et la priorité donnée aux garçons à la naissance dans les pays d’Asie. Prune nous a reçu dans son studio à Brooklyn, logé dans “The Invisible Dog”, une ancienne usine reconvertie en maison d’artistes par un autre français, Lucien Zayan. Diplômée de l’Ecole Boulle, cette plasticienne travaille comme une journaliste, ou une anthropologue, multipliant les enquêtes sur le terrain et les interviews avec sociologues et scientifiques avant de lancer ses projets.

“Terracotta Daughters” est une œuvre titanesque, qui a amené Prune à séjourner pendant huit mois, en plusieurs fois, à Xi’an. Dans cette ville du nord-ouest du pays, capitale de la province du Shaanxi, considéré comme le berceau de la civilisation chinoise, se trouve le mausolée de Qin shi Huang, premier empereur de Chine (3ème siècle avant Jésus-Christ).

Avant de mourir, ce monarque se fit construire un tombeau entouré de 8000 sculptures de soldats en terre cuite. Cette armée était censée le protéger dans l’au-delà. Prune Nourry s’est inspiré de ce trésor archéologique et historique, découvert par hasard en 1974, pour créer une œuvre dans laquelle les militaires sont remplacés par des petites chinoises, âgées de moins de dix ans. Elle a sélectionné huit fillettes et combiné leur visage, leur tronc et leurs jambes pour créer au total 108 statues. Celles-ci semblent au garde-à-vous. Le visage est impassible.

On ne saurait dire si elles sont victimes du déséquilibre des naissances, ou au contraire menaçantes, prêtes à prendre leur revanche sur les mâles dominants. “Chacun interprète mon oeuvre comme il veut”, sourit Prune. “Pour moi, c’est l’armée des petites filles manquantes.” Elles font actuellement le tour du monde. Les “fillettes en terre cuite” ont déjà été exposées à Shanghaï et à Paris. Actuellement à New York, elles seront bientôt à Mexico, et reviendront ensuite quelque part en Chine, dans un lieu tenu secret. Là, elles seront enterrées, comme les 8000 soldats de l’empereur Qin. Mais Prune les exhumera en 2030, année  cruciale, où, selon les démographes, le déséquilibre entre garçons et filles atteindra un sommet. Ce sera alors le point final de cette œuvre étonnante et unique.

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