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Jours tranquilles à Paris
14 avril 2015

Mort de Günther Grass : l'Allemagne perd un écrivain majeur


Le Tambour - Bande annonce VF

Le Nobel de littérature Günther Grass, décédé à l'âge de 87 ans, a été l'une des grandes figures de l'histoire allemande récente.

L'un des plus grands écrivains de langue allemande n'est plus de ce monde. «Le prix Nobel de littérature Günter Grass est mort ce mardi à l'âge de 87 ans dans une clinique de Lübeck (nord)» : c'est ce qu'a annoncé la maison d'édition Steidl dans un tweet.

Début 2014, il avait renoncé à écrire des romans : «Mon état de santé ne me permet pas de faire des projets sur cinq ou six ans».

Né le 16 octobre 1927 à Dantzig, devenue Gdansk dans l'actuelle Pologne, d'une mère d'origine cachoube (une minorité slave de Prusse) et d'un père allemand, Grass vit une «jeunesse allemande modèle» pour sa génération. Enrôlé à onze ans dans les Jeunesses hitlériennes avant de partir sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale, il est fait prisonnier à la fin de la guerre par les Américains et libéré en 1946.

Il mène une vie de bohème, suit des études d'arts plastiques, sculpte, peint, s'essaie à la poésie. Il se décide dans les années 50 pour une carrière d'écrivain et va s'engager plus tard aux côtés des écrivains antifascistes du «Groupe 47» et de son ami social-démocrate (SPD)  Willy Brandt qui fut maire de Berlin puis chancelier.

Le vice-chancelier du SPD, Sigmar Gabriel lui a rendu hommage ce mardi : « Il a changé notre pays, l’a éclairé au meilleur sens du terme. Ses prises de parole et ses interventions dans différents domaines ont donné plus de couleurs, ont enrichi la culture politique allemande».

Son œuvre transposée au cinéma

Depuis la publication en 1959 de son chef-d'œuvre, «Le Tambour», un succès planétaire adapté au cinéma par Volker Schlöendorff, qui reçut la Palme d'Or à Cannes et l'Oscar du meilleur film, ce fumeur de pipe moustachu aux épaisses lunettes est hanté par le nazisme.

Il a alors «donné naissance, en un livre, à la littérature allemande d'après-guerre», estimait alors «Der Spiegel». Sans les interventions incessantes de Grass dans le débat public, «l'Allemagne serait une autre Allemagne», même si ce maître à penser finit «parfois par nous taper sur les nerfs», ajoutait l'hebdomadaire.

Un ancien membre des Waffen SS

Parmi ses œuvres les plus connues, écrits dans une langue luxuriante et néanmoins précise, pleine de fantaisie et d'ironie, figurent «Le chat et la souris», «Les années de chien», «Le journal d'un escargot», «Le turbot», «Une rencontre en Westphalie», «Toute une histoire» (qui a provoqué un tollé en Allemagne où des médias disaient: «Grass n'aime pas son pays»).

En 2006, Günther Grass avait reconnu avoir fait partie dans sa jeunesse des Waffen SS, unité d'élite du régime d'Adolf Hitler, lui qui avait pourtant souvent renvoyé cruellement l'Allemagne à son passé nazi. «Cela me tourmentait. Mon silence durant toutes ces années est l'une des raisons qui m'ont conduit à écrire ce livre («Pelures d'oignon» NDLR) Il fallait que ça sorte, enfin. Je m'étais porté volontaire, pas pour les Waffen SS, mais pour les sous-marins, ce qui était tout aussi fou. Mais ils ne recrutaient plus. Les Waffen SS au contraire ont enrôlé tout ce qu'ils ont pu durant ces mois de 1944-1945.»  Dans cet ouvrage autobiographique, il explique : «La honte n'est pas tant d'avoir été brièvement dans les Waffen SS, mais de ne pas avoir pu poser alors des questions».

L'écrivain, père de quatre enfants, qui vivait à Lübeck, la ville d'un autre géant de littérature allemande Thomas Mann près de Hambourg, avait déclenché une vive polémique en 2012 en publiant dans la presse allemande un poème critiquant Israël et accusant le pays de «menacer la paix mondiale». L'Etat hébreu l'avait alors déclaré persona non grata.  Un musée, qui est également un centre de rencontres, lui est consacré à Lübeck.

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