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Jours tranquilles à Paris
1 mai 2015

Des résistants enterrés en secret à Pontivy ?

Les corps de plusieurs personnes fusillées par les Nazis pourraient avoir été ensevelis devant un collège, utilisé par la Gestapo pendant la guerre. Parmi eux, peut-être, Édouard Paysant, figure de la Résistance.

L’histoire

Y a-t-il des résistants, fusillés par l’armée nazie, enterrés devant le collège Charles Langlais, à Pontivy (Morbihan) ? Cet établissement, alors école primaire supérieure de jeunes filles, a été utilisé par la Gestapo pendant la seconde guerre mondiale.« Plusieurs personnes enfermées dans les geôles ont déclaré qu’à la libération de Pontivy, fin juillet ou début août 1944, elles ont entendu des coups de feu et des bruits de pioche, alors que des prisonniers étaient emmenés à l’extérieur , raconte Christophe Beller, adjoint en charge du devoir de mémoire.Ces personnes n’ont jamais été retrouvées. Et il est fortement probable que les corps aient été enterrés devant l’établissement. Deux emplacements ont été identifiés comme lieux de possibles fosses. »

Un soldat autrichien enterré ?

D’autres voix pontivyennes racontent que cet événement s’est produit lors d’un incendie dans l’école,« un feu peut-être dû à des tirs d’artillerie ou aux nazis eux-mêmes fuyant la ville, poursuit Christophe Beller.Un officier autrichien de la Wehrmacht aurait alors tenté de libérer les résistants. Mais tous, y compris le soldat, auraient été fusillés. » Parmi eux, peut-être Édouard Paysant, nommé chef du bureau des opérations aériennes (BOA) du bloc Bretagne. À l’ approche du Débarquement, cette grande figure de la résistance avait rejoint, sous le pseudo de « Trouvère », le maquis FFI de Saint-Marcel (Morbihan). Le 19 juin, au lendemain d’une attaque par les Allemands, il a été arrêté sur une route de Plumelec. Conduit à Pontivy, il a alors été remis à la Gestapo et a subi plusieurs interrogatoires. Après ? Il a été porté disparu. On n’ a jamais retrouvé son corps.« Selon les témoignages que j’ai recueillis, deux autres résistants de Saint-Marcel, deux frères, pourraient aussi être enterrés devant le collège », poursuit Christophe Beller.

Prospection par radars

Pour en avoir le cœur net,« la ville tente depuis plusieurs années d’obtenir l’autorisation de faire des fouilles sur les lieux » . Le conseil général, propriétaire du site, et la préfecture, ont donné leur accord. La Direction régionale des affaires culturelles (Drac) a été saisie pour mener ces fouilles archéologiques« contemporaines » .« Une démarche unique en France, les fouilles s’arrêtant généralement à la Grande Guerre, souligne Christophe Beller.Si on découvre des dépouilles, les corps seront en état de conservation et non pas à l’état de squelettes. On devrait trouver des morceaux de tissus et peut-être aussi des morceaux de chair. On devra alors faire appel aux laboratoires de la gendarmerie pour mener des identifications ADN et rechercher les familles. » En septembre, Karine Vincent, une archéologue du service départemental d’archéologie du Morbihan, est venue reconnaître les lieux. La suite ? Avant l’été, une prospection pourrait être menée à l’aide d’un radar, pour essayer de déceler les cavités.« En ayant une idée de la profondeur des fosses, on pourra connaître le nombre de personnes enterrées, insiste Christophe Beller.Des témoignages parlent de trente personnes, d’autres de sept. » Charge ensuite au préfet d’autoriser les fouilles… pour – qui sait ? – révéler, soixante-dix ans après, un secret enfoui à Pontivy ? Article de Yann-Armel HUET.

pontivy

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