Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
30 juillet 2015

Elles se disputent le bol breton avec prénom

Beaucoup de touristes repartent chaque été de la région avec le célèbre bol à oreilles estampillé. Mais dans quelle faïencerie a-t-il été fabriqué : Pornic ou Quimper ? Éléments de réponse.

Écoulé à 300 000 exemplaires par an, le bol breton de Pornic avec son prénom est le plus acheté par les touristes. Proposé dans quelque 350 magasins, il surpasse – en nombre – celui de la faïencerie Henriot de Quimper, qui produit 10 000 bols par an. Comment les distinguer ? Sur le fond du modèle Pornic, les « Petits Bretons » sont représentés de face alors que, chez son cousin finistérien, ils sont de profil. Autre différence, notable, en Cornouaille, le décor du bol est toujours peint à la main alors que, dans le Pays de Retz, on l’appose en « chromo », une décalcomanie.

Dix heures à 1 080°

La faïencerie de Loire-Atlantique reconnaît acheter son « biscuit » (bol à l’état brut dont la terre cuite est encore rugueuse) au Portugal. Celle de Quimper le fabrique de A à Z. La différence de prix qui en résulte est évidente : 8,50 € le bol bleu du Pays de Retz contre 35 € pour celui de Quimper.« Pour nous, le bol est un cadeau de naissance, un moment dans la vie. C’est une production artistique, on n’est pas dans le même business, sur la même planète que Pornic. Nous sommes dans le cadeau artistique », rappelle Jean-Pierre Le Goff, patron de la faïencerie Henriot de Quimper. Pour la faïencerie du Pays de Retz, l’objectif est différent.« La décalcomanie est moins longue à exécuter, elle nous permet aussi de reproduire toujours la même œuvre, avec la même qualité, surtout quand on fait appel à des illustrateurs», explique la décoratrice Jany, durant la visite des ateliers. Titulaire d’une licence exclusive pour reproduire Bécassine sur toute faïence, l’entreprise de Pornic ne veut pas pour autant pas se cantonner au passé et fait souvent appel à de nouveaux illustrateurs. Dernière en date : Angélique O.« C’est une collection un peu décalée, avec la fraîcheur du quotidien, mais aussi un peu d’imaginaire, des dessins inspirés de légendes, » explique l’artiste. Devant les assiettes reprenant ses esquisses, elle est soufflée :«Ça respecte vraiment la finesse du dessin. » Même si la faïencerie s’offre ces collections modernes, tout est fait sans l’aide de machines. Le biscuit brut passe le test du tintement. Cogné contre un autre, il doit produire un son particulier. Si ce n’est le cas, c’est qu’il contient des microfissures invisibles à l’œil nu, qui le rendent inutilisable. Ensuite, c’est le passage entre les mains expertes des décoratrices : l’écriture du prénom d’abord (il faut quatre à cinq ans pour maîtriser la graphie « Pornic »), puis le bleu épongé sur les bords (violet avant cuisson). Enfin, le bol passe par l’émaillage et la cuisson. Une fournée, c’est 2 500 bols, pendant dix heures à 1 080°. À la sortie, on peut lire les prénoms communs, les Léa et Nicolas étant toujours aussi à la mode, mais également les prénoms inattendus, faits sur demande. Article de Laura JARRY.

Publicité
Commentaires
Publicité