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Jours tranquilles à Paris
6 août 2015

Le 6 août 1945, Hiroshima bascule dans l’horreur

Cette journée a changé le cours de la guerre mais aussi celui de l’histoire, marquant un tournant décisif dans la doctrine d’utilisation de la force nucléaire.

À 1 h du matin, trois Superfortress non armés décollent de Tinian, une base américaine des Îles Mariannes, au sud du Japon. Le premier appareil météorologique se détache vers Hiroshima. Straight Flush doit déterminer les conditions météo.« Couverture nuageuse moins de trois dixièmes en altitude. Recommandons envoi de la bombe » . À 7 h 42 le destin de la ville vient d’être scellé par ce message codé. À 8 h 09, Paul Tibbets, le pilote de l’ Enola Gay , chargé d’une bombe atomique de cinq tonnes, entame la manœuvre d’approche, à 9 000 mètres d’altitude. Son bombardier, le major Thomas Ferebee, repère la cible dans son viseur : le pont Aioi, sur le bras le plus large du fleuve Ota-gawa. À huit heures quinze minutes dix-sept secondes, heure locale, les portes de la soute s’ouvrent. La bombe Little Boy , ralentie par un parachute, entame sa descente. Le compte à rebours démarre : 51 secondes suspendues dans le vide. Soudain, l’engin à l’uranium explose à 600 mètres au-dessus de la ville. Un éclair aveuglant. Une boule de feu de près de 3 000 degrés Celsius, transformée en un nuage pourpre. La puissance libérée équivaut à 13 200 tonnes de TNT.« Audessous de nous, on aurait dit une masse de goudron en ébullition , déclare Tibbets, médusé, à 25 km du point d’impact.L’impression est que le soleil est tombé des cieux pour s’abattre sur la terre et rebondir vers le zénith… »

Des survivants hantés

La chaleur insoutenable provoque la combustion et la désintégration immédiate des bâtiments, comme de la végétation ou des corps, dont les vaisseaux sanguins et les viscères éclatent aussitôt. Il ne reste rien de la ville sur une surface de 30 km². 300 000 Japonais sont pris au dépourvu. La première alerte, à 7 h 31, lors de l’arrivée de l’avion météorologique, avait été levée quelques minutes plus tard. Lorsqu’ Enola Gay arrive sur Hiroshima, certains pensent avoir à faire à un bombardier en détresse, puisque l’ouverture du parachute de la bombe ressemble à une évacuation d’équipage. 80 000 personnes périssent en un éclair. 70 000 sont fortement exposées aux ondes radioactives. John Hersey, reporter de guerre pour le New York Times , est l’un des premiers sur place. Il raconte :« Des familles entières aux visages défigurés s’aidaient les unes les autres. Quelques blessés pleuraient. Certains avaient les sourcils brûlés, la peau pendait de leur visage. D’autres, à cause de la douleur, avaient les bras levés comme s’ils soutenaient une charge avec leurs mains. Si on prenait un blessé par la main, la peau se détachait à grands morceaux, comme un gant. Leurs orbites, vides, et le fluide de leurs yeux fondus coulait sur leurs joues. » Ces images d’horreur hantent les survivants, dont le sort n’est pas plus enviable. Beaucoup meurent dans les semaines suivantes. Nausées, fièvre jusqu’à 41 degrés, maux de tête… Les symptômes durent plusieurs jours. Le 8 août, Truman exhorte le Japon à la reddition, qui refuse. Il faudra Nagasaki, le 9 août, pour que le pays, par la voix de son empereur, Hiro-Hito, capitule sans conditions, le 14 août. Et l’horreur de porter deux noms, Hiroshima et Nagasaki. Article de Benjamin CHABERT.

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