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Jours tranquilles à Paris
19 décembre 2015

Jean-Yves Le Drian cumule la défense et la

Jean-Yves Le Drian cumule la défense et la Bretagne

Elu président de sa région vendredi, le ministre déroge à la charte déontologique du gouvernement, en accord avec François Hollande

Ministre de la défense et de la Bretagne : Jean-Yves Le Drian cumule ces deux fonctions, le plus officiellement du monde, depuis son élection à la présidence de l'exécutif breton, vendredi 18 décembre en début d'après midi. En totale et flagrante contradiction avec la charte déontologique du gouvernement adoptée en mai 2012, selon laquelle " les membres du gouvernement consacrent tout leur temps à l'exercice de leurs fonctions ministérielles " et " doivent, de ce fait, renoncer aux mandats exécutifs locaux qu'ils peuvent détenir ".

M. Le Drian l'avait rappelé : " J'ai dit aux Bretonnes et aux Bretons que si j'étais candidat à la présidence de la région Bretagne, c'était bien pour assurer cette présidence. " Ce qui ne sera pas tout à fait le cas, la gestion des affaires courantes étant déléguée à Loïg Chesnais-Girard, jusqu'ici premier vice-président de la région chargé de l'action économique.

Le Drian, ou l'exception qui confirme la règle ? Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, semble quelque peu embarrassé pour le justifier : " Il y a une règle sur les ministres à plein temps, qui s'est appliquée jusqu'ici. Il ne faut pas considérer le cas Le Drian comme une situation qui pourrait se généraliser, explique le porte-parole du gouvernement. Le Drian n'est pas n'importe quel ministre, dans n'importe quel ministère, dans n'importe quel moment. "

Depuis les attentats du 13 novembre, l'état d'urgence, l'intensification des frappes en Syrie et le risque terroriste sur le territoire national ont conféré à l'argumentation un tour difficilement réfutable. Le second tour des régionales a encore un peu plus renforcé le caractère inamovible de Le Drian, lequel l'a emporté avec 51,41 % des voix. Il s'agit du meilleur score de ce second tour des régionales dans le cadre d'une triangulaire.

Explication musclée

" Il marche sur les eaux ", s'enflamme un ami du ministre. D'autant plus que ce résultat a été obtenu alors que M. Le Drian a été la seule tête de liste socialiste à refuser tout accord avec les écologistes dans l'entre-deux-tours. Au grand dam du président et du premier ministre, qui ambitionnaient de faire de ce moment de rassemblement avec les autres listes de gauche, écologistes et communistes, une expérience susceptible de faire jurisprudence en vue de l'élection présidentielle de 2017.

Mais le ministre, a contrario, veut croire que son score valide sa stratégie. " Le Drian peut-il être un exemple pour la présidentielle ? Ne faut-il pas dépasser les logiques d'appareil et raisonner en termes de personnalités ? Ou faut-il au contraire repartir dans une logique où la seule obsession, c'est que Duflot ne se présente pas en 2017 ? ", feint de s'interroger un conseiller du ministre.

François Hollande n'a pas adressé la moindre critique à son ministre. C'est Stéphane Le Foll qui a été mandaté pour le faire, au lendemain du second tour, au cours d'une explication de texte homérique. Suivie d'une deuxième, plus musclée encore, avec Manuel Valls en personne. " Ça a chauffé ", témoigne un proche de Le Drian. Mais ce dernier a tenu bon.

De même, le président n'a jamais parlé directement au ministre de la question du cumul. M. Le Drian " connaît parfaitement la règle ", s'était limité à déclarer François Hollande, voici deux mois.

Voilà qui autoriserait presque le ministre à faire comme bon lui semble. Jusqu'à quand ? Au moins jusqu'à la fin de l'état d'urgence, estiment ses amis. Nul doute que le dossier libyen ou la négociation d'un contrat de vente de Rafale aux Emirats pourraient constituer des arguments pour la prochaine fois, d'ores et déjà affûtés par son équipe : " Les Français se rattachent en ce moment à un très petit nombre de gens qui symbolisent l'Etat et sa capacité de protection : c'est Le Drian, Cazeneuve, parfois Valls et Hollande. Il y a une vraie complexité pour le président à renvoyer Le Drian s'occuper de sa Bretagne. C'est pour cela qu'il préfère rester dans une forme d'ambiguïté. " De laquelle le ministre a bien l'intention de jouer jusqu'au bout.

David Revault d'Allonnes

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