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Jours tranquilles à Paris
5 octobre 2016

Ce soir sur ARTE : Drame - "Ida" - Réalisé par Pawel Pawlikowski (2013)

Synopsis

Dans la Pologne des années 1960, quatre jours avant de prononcer ses voeux, Anna, jeune orpheline élevée au couvent, est envoyée par la mère supérieure à la rencontre de sa tante Wanda, qu'elle ne connaît pas. Wanda, en déshabillé, un homme quittant subrepticement sa chambre, se montre d'abord très froide. A la jeune fille elle révèle qu'elle est juive et que les siens ont péri pendant la guerre, enterrés nul ne sait où. Wanda finit par se radoucir et accueille Anna, que ses parents avaient prénommée Ida. Elle décide de partir avec sa nièce dans la ferme de son enfance, à la recherche de témoins des derniers jours de sa famille...

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Critique du 30/04/2016

Par Pierre Murat

« En somme, tu es une nonne juive »... Anna regarde, interloquée, cette parente inconnue que la supérieure de son couvent lui a demandé de rencontrer avant qu'elle ne prononce ses voeux. Doucement, presque tendrement, elle révèle la vérité : Anna ne s'appelle pas Anna mais Ida. Elle est la fille de Juifs disparus durant la guerre. Dénoncés. Assassinés. « Où sont-ils enterrés ? », demande Ida. Nulle part. « Comment ça, nulle part ? »...

C'est presque un polar classique, avec enquêteur expérimenté et débutant candide. L'une pour découvrir ce qu'elle est, l'autre pour oublier ce qu'elle a été (un juge féroce au service du Parti communiste), Ida et Wanda entreprennent un périple dans la Pologne grise des sixties. C'est un film aux immenses espaces vides. La lumière qui l'irradie semble écraser des personnages que Pawlikowski filme souvent au bord du cadre, comme isolés ou apeurés. Le film change, passe du secret à la vérité, de l'ombre à la clarté, des refrains délicieusement superficiels (Love in Portofino, 24 000 Baisers) au jazz de Coltrane, qui fait entrevoir à Ida la beauté de la vie. Pawlikowski est un cinéaste de l'absolu. Ses personnages s'y plient ou en meurent. Dans son film précédent, le trop méconnu La Femme du Ve, le héros (Ethan Hawke) acceptait, après un long parcours dans un Paris de cauchemar, de sacrifier sa vie à son art. Ida aussi, sauf que son art, c'est Dieu. Elle marche sur une route. En route. Elle a vu la médiocrité du monde. Elle croit toujours à un possible au-delà. Un prélude de Bach l'accompagne, celui-là même qu'avait utilisé Tarkovski dans Le Miroir... — Pierre Murat

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