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Jours tranquilles à Paris
23 novembre 2016

Primaire de la droite : Touche pas à mon pape !

Les deux finalistes de la primaire de la droite ont tous deux invoqué leur proximité avec les enseignements du souverain pontife. A Rome, on préfère ignorer cette querelle.

Tenant chacun un pan de sa chasuble, Alain Juppé et François Fillon ont fait entrer le pape François (et son 1,2 milliard de fidèles parmi lesquels, pensent-ils, il doit bien se trouver quelques électeurs encore indécis) dans le débat de deuxième tour de la primaire de la droite et du centre pour laquelle l’électorat catholique se serait mobilisé en masse. Sans lui avoir rien demandé, bien sûr. C’est à qui des deux se revendiquera le plus fidèle à l’enseignement et à la morale du souverain pontife.
C’est moi !, se rengorge le maire de Bordeaux qui dénonce la vision « extrêmement traditionaliste » de son adversaire qu’il accuse d’être « ambigu » sur le droit à l’avortement en se disant plus « proche de la parole du pape François » que de « la Manif pour tous ».
Bref, le député de Paris ne serait que la grenouille de bénitier d’une Eglise réactionnaire tendance Benoît XVI, serre-têtes et jupes plissées bleu-marine. Qu’Alain Juppé, enfant de chœur, ait rêvé d’être vicaire de Rome, l’autorise sans doute à cette analyse…
« Le pape n’aime pas être tiré par la manche »
Pas du tout, c’est moi !, conteste François Fillon parce que « sur la plupart des sujets sur lesquels Alain Juppé semble vouloir me contester, le pape François dit la même chose que moi ». Toute modestie mise à part, le favori du second tour en veut pour preuve la faculté accordée par François « d’absoudre le péché d’avortement » sans pour autant l’accepter.
Nul doute que l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy pense aussi au fameux « Qui suis-je pour juger ? », lancé par le pape à propos des gays et des lesbiennes, lui qui, jeune député de la Sarthe, avait voté contre la dépénalisation de l’homosexualité en 1982. Ce qu’il regrette du bout des lèvres.
Pour départager les candidats, nous avons appelé Gian Maria Vian, le directeur du très sérieux Osservatore Romano, qui passe pour être l’organe officiel de la Curie. Pas de chance, ce quotidien du soir n’a pas fait mention de la polémique entre les finalistes de la primaire de la droite et il n’entend pas y consacrer la moindre ligne dans les jours à venir.
« Le pape n’aime pas être tiré par la manche, explique M. Vian. Sur un tel sujet, on ne peut rien écrire. Ce serait entrer dans le jeu de l’un ou de l’autre des candidats. Nous avons une autre idée de la politique. »
Imprévisibles « francesi »
Ce faisant, François (Bergoglio) est un homme sage. On a dû lui raconter qu’il y a environ dix ans, un autre candidat de la droite avait tenté de rallier les catholiques à sa cause en faisant l’éloge de la France éternelle et de « son manteau d’églises », en exaltant la « laïcité positive » et en soutenant que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le prêtre ou le pasteur » dans la formation des âmes.
Nous parlons de Nicolas Sarkozy bien sûr. Belles et fortes paroles après lesquelles l’ancien président de la république s’était présenté aux portes du Vatican en compagnie du comique Jean-Marie Bigard et de l’idéologue d’extrême droite Patrick Buisson. Depuis, le Saint-Siège se méfie un peu de ces imprévisibles « francesi »…
Dans son livre Faire (Albin Michel, 2015), François Fillon consacre un chapitre à sa foi catholique qui lui vaut le soutien entier de Sens commun, émanation politique de la Manif pour tous. Il explique qu’il va chaque année se ressourcer à l’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Solesmes (Sarthe). Dans le documentaire que Franz-Olivier Giesbert a consacré à Alain Juppé (France 3) ce dernier explique qu’il aime aller à la messe car « c’est le seul endroit où on lui fiche la paix ». Le pape n’en pense pas moins… Article de Philippe Ridet

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