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Jours tranquilles à Paris
25 novembre 2016

Ankara fait du surplace à la porte de l’Europe

Dans une résolution non contraignante adoptée à une très large majorité à Strasbourg, les eurodéputés ont appelé à « un gel temporaire » du processus d’adhésion entamé en 2005.

Qu’importe les menaces du Président turc Recep Tayyip Erdogan qui avait prévenu qu’un gel des négociations d’adhésion à l’Union européenne n’aurait« aucune valeur » à ses yeux. Jeudi, dans une résolution adoptée à Strasbourg (479 voix pour, 37 contre et 107 abstentions), le Parlement a invité la Commission européenne et les États membres à geler les négociations d’adhésion en cours avec la Turquie.

Ankara serein

Pas de quoi émouvoir les Turcs : la décision est« insignifiante » pour le Premier ministre Binali Yildirim,« nulle et non avenue » selon le ministre des Affaires européennes Omer Celik. En effet, Erdogan sait que ce gel sera, selon les mots même du Parlement européen,« temporaire » . Il sait aussi que les Européens tiennent au« maintien de l ’ancrage de la Turquie à l ’Union européenne » . Rien n’est donc figé ; rien n’est irrémédiable. Pas téméraires mais réalistes, les Européens, qui ont besoin des Turcs sur le dossier« migrants » et qui ne veulent pas voir Ankara flirter avec Moscou, se sont dit prêts à revoir leur position« une fois que les mesures disproportionnées prises dans le cadre de l ’état d ’urgence auront été levées » . Il est vrai que depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet, le régime turc n’a guère adhéré aux plus élémentaires principes démocratiques défendus par l’UE. Arrestations arbitraires, mises à pied massives de fonctionnaires, censure et fermeture de médias, interdictions d’associations et de fondations caritatives. Il ne manque plus que le rétablissement de la peine de mort qui« devrait entraîner une suspension officielle du processus d ’adhésion » ,selon les eurodéputés toujours aussi peu pugnaces. Le processus d’adhésion est donc gelé, mais le redoux risque de se faire attendre. Et le processus de traîner encore un peu plus en longueur. On se souviendra que la Turquie, qui a signé en 1963 un accord d’association avec l’UE, a entamé des négociations formelles d’adhésion en 2005. Mais, en raison de l’opposition de plusieurs États membres, dont Chypre et la France, seuls seize chapitres de négociations sur un total de trente-cinq ont été ouverts à ce jour et un seul a été clôturé. Pour sa part, Erdogan a prévenu qu’il organiserait un référendum sur le processus d’adhésion à l’UE si aucune décision n’était prise par Bruxelles d’ici à« la fin de l ’année » .

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