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Jours tranquilles à Paris
17 mai 2017

CANNES : Charlotte Gainsbourg ouvre le bal

cannes01

Elle partage avec Marion Cotillard l’affiche des « Fantômes d’Ismaël », d’Arnaud Desplechin, projeté ce soir en ouverture du Festival. Mais où en est-elle donc avec ses propres fantômes ?

De l’un de nos envoyés spéciaux Pierre Vavasseurà Cannes (alpes-Maritimes)

Ce soir, pour elle en haut des marches, ce sera tout pour le glamour et rien pour l’inquiétude. Présenté en ouverture du 70 e Festival de Cannes, « les Fantômes d’Ismaël », d’Arnaud Desplechin (« Comment je me suis disputé… », « Esther Kahn »…), dans lequel Charlotte Gainsbourg partage l’affiche avec Marion Cotillard, Mathieu Amalric et Louis Garrel, échappe par tradition à la compétition. « Une fois rentrée chez moi, je ne serai pas près du téléphone à attendre », sourit l’actrice de 45 ans.

La jeune femme, qui porte désormais les cheveux mi-longs encadrant avec élégance son visage, nourrit d’autant moins de regrets que Cannes a su la combler. Elle y a reçu en 2009 le prix d’interprétation féminine pour l’épique et sulfureux « Antichrist », de Lars von Trier. En 2001, l’année de « la Chambre du fils », de Nanni Moretti, elle a fait partie du jury. La fille de Jane Birkin et Serge Gainsbourg n’a pas très bien vécu l’expérience. « J’étais trop jeune et je n’assumais pas de juger des films avec mes armes à moi qui n’étaient qu’émotion. Je ne trouvais pas ça suffisant. Je ne me sentais pas assez cinéphile. »

Dans « les Fantômes d’Ismaël », qui sort aujourd’hui dans 260 salles*, Charlotte incarne une astrophysicienne qui partage la vie de Mathieu Amalric, cinéaste, lequel voit ressurgir son épouse (Marion Cotillard), disparue vingt ans plus tôt, qu’il croyait morte. Il émane de son personnage une résignation douce qui ne ressemble guère à la comédienne.

Son père, ce « mort-vivant »

« Elle est beaucoup plus posée que moi, qui ai tendance à monter très vite dans l’hystérie. Je l’ai d’abord trouvée trop gentille. Trop maternelle. J’avais dit à Arnaud ( NDLR : Desplechin) : J’espère que j’aurai assez à faire. Je n’ai pas envie d’être passive. Il m’a fait comprendre que je me trompais. Je me suis servie d’une timidité qui m’a longtemps accompagnée et de toute la maladresse qui va avec. » Dans la vie, elle n’est pas du genre à lâcher. « Parce que je suis têtue. Bêtement têtue. » Pour Desplechin, avec qui elle rêvait de tourner, l’ex-petite « Effrontée » révélée par Claude Miller a accepté d’être une femme « raisonnable ». Loin des « tourbillons » que lui a fait vivre le réalisateur danois Lars von Trier, qui ne lui font pas peur. Au contraire ! En héroïne de « Nymphomaniac », qui porte bien son titre, elle se souvient d’une aventure « paisible ». Quant à « Antichrist » ? « C’était éprouvant mais je l’ai vécu comme un rêve éveillé. Lars m’a donné la possibilité d’explorer des choses qu’on ne m’avait jamais demandées. »

Le film de Desplechin évoque les « fantômes » d’Ismaël. Où en est-elle, vingt-six ans après sa mort, avec le fantôme de son père ? « Je n’ai pas tellement avancé avec ça, dit-elle. Pas beaucoup mûri. J’ai encore à dealer avec le regard des gens. Comment peut-on faire le deuil de quelque chose que l’on vous remet dans la figure chaque jour de votre vie et qu’il serait malvenu de dénoncer parce que ça provient d’une telle bienveillance… Aujourd’hui je comprends que mon père, c’est un mort-vivant. » En octobre, Serge aura une belle occasion de se pencher sur l’épaule de sa fille. Charlotte sort un album de chansons qu’elle a écrites elle-même. Elle en est fière, confie-t-elle dans un large sourire qui est une aube à lui tout seul.

* La version cannoise a été écourtée de vingt-cinq minutes. C’est celle que la majorité des salles de France projettent. La version longue sort au cinéma du Panthéon (Paris V e) et dans quelques salles de province.

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