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Jours tranquilles à Paris
6 août 2017

Exposition "Picasso" à Landerneau

picasso

L'exposition « Picasso », présentée par le Fonds Hélène & Édouard Leclerc à Landerneau, est l'un des événements culturels majeurs de l'été.

Michel-Édouard Leclerc, son initiateur, se réjouit d'accueillir aux Capucins une rétrospective d'un artiste, en qui il voit « la métaphore de ce qui nous attend au XXIe siècle ». Entretien.

> Quel premier bilan peut-on tirer de l'exposition, un mois et demi après son ouverture ?

Elle suscite un véritable engouement : on compte de 1.000 à 2.000 visiteurs par jour. Le public est très familial. Les jeunes, notamment, manifestent une grande curiosité. Ils croyaient connaître Picasso à travers ses oeuvres emblématiques, publiées dans les manuels scolaires ou les revues, et là, ils découvrent la profusion de l'artiste, ses obsessions...

> Les 200 pièces présentées sont issues d'une collection familiale privée. Savez-vous pourquoi Picasso n'avait jamais voulu s'en séparer ?

Les méchantes langues disaient qu'il était pingre (rires). À sa mort, on a dénombré plus de 70.000 oeuvres de lui. Mais dans sa vie, il a vendu moins de 30 % de sa production artistique ! Picasso en conservait un maximum dans ses différents ateliers. Il n'hésitait pas à les retravailler, procéder à des ajouts, des changements de couleur... Certaines oeuvres étaient dédiées à des personnes qui comptaient dans sa vie : ses amis écrivains, des marchands, son éditeur de lithographies, et, bien sûr, ses deux femmes « légales », avec qui il s'est marié. Certains tableaux visibles à Landerneau portent des mentions pour une donation à Jacqueline, sa dernière épouse.

> L'exposition est découpée en neuf sections chronologiques. Êtes-vous plus particulièrement sensible à une période ?

Oui, celle de sa formation quand, très jeune, il était stimulé par son père en Catalogne. Dès l'âge de 15 ou 16 ans, il est incroyable de maturité. Dans les portraits et les scènes de la vie familiale du début de l'exposition, on est surpris par tant de qualité picturale. Les premières oeuvres qu'il a réalisées à Paris sont également saisissantes. On a l'impression qu'il capte tout, qu'il cherche à s'approprier ici un peu de cubisme, là de l'expressionnisme, qu'il va chercher de la lumière chez Matisse...

Il est sans arrêt dans l'accaparement, mais aussi le dépassement. Lorsqu'on regarde son autoportrait de 1917, on mesure aussi sa maîtrise totale du classicisme. Il semble dominer toutes les formes et a l'air d'en jouer.

> Quels sont vos coups de coeur dans l'exposition ?

J'aime beaucoup les dessins et les peintures surréalistes, les portraits de femmes sur toiles, ses minotaures, très puissants... Et ces femmes allongées, offertes, en forme arrondie ou cubiste. Évidemment, il y a aussi les portraits de Jacqueline que je trouve magnifiques. Celui en bleu de 1964, ou « en costume turc » de 1955...

> Comment définir l'art de Picasso ?

C'est un génie ! Il a de l'ego et ressent de la satisfaction à montrer ses oeuvres, seulement, il se remet en cause tout le temps. Il y a plusieurs Picasso dans Picasso. C'est en ce sens qu'il est, pour moi, le plus grand artiste du XXe siècle, en même temps que la métaphore de ce qui nous attend au XXIe siècle.

Les jeunes, aujourd'hui, vous parlent de rupture, tout le monde nous dit qu'on va exercer plusieurs métiers dans notre vie, que nos parcours publics et privés vont être remis en cause sans arrêt. Eh bien Picasso prouve, incarne, qu'il ne faut pas avoir peur du changement, de la rupture. Rien n'est linéaire dans sa vie, qu'elle soit amoureuse - les femmes ne se ressemblent pas - ou artistique !

> Comment faire mieux que Picasso pour les prochaines expositions aux Capucins ?

Si l'on ne peut pas faire mieux, alors faisons différent (rires) ! Picasso a consacré beaucoup de temps à revisiter ses maîtres : Velasquez, Goya... Son souci n'était pas de les surpasser mais de faire autrement, d'inventer et réinventer encore. À Landerneau, nous ne ferons jamais mieux que Picasso, Chagall, ou Giacometti, mais nous jouerons sur cette notion de différence au potentiel de variation énorme !

> En restant fidèle au contemporain ?

Pas forcément, on peut faire dialoguer l'archi-contemporain avec le passé qui l'a inspiré. Cet hiver, nous présenterons pour moitié des artistes vivants et pour l'autre des artistes du XXe siècle.

Pratique

Jusqu'au 1 er novembre de 10 h à 19 h (18 h à partir de septembre) aux Capucins à Landerneau.

6/8 €. Gratuit -18 ans. 02.29.62.47.78.

www.fonds-culturel-leclerc.fr

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