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Jours tranquilles à Paris
15 mars 2019

Au Théâtre ce soir..... "Le Lien"

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Le Lien
De
François Bégaudeau
Mise en scène
Panchika Velez
Avec
Marie-Christine Danède, Catherine Hiegel, Pierre Palmade
L’attachement maternel et filial
Une mère et son fils se parlent. La mère pense qu’ils se parlent, le fils ne le pense pas. Parler, pour elle, est aussi simple que ça, mais pour lui non. Le fils est compliqué, le fils coupe les cheveux en quatre. Le fils est un intellectuel, le simple ne lui va pas. Il se lève pour partir, et ne part pas. Que ça lui plaise ou non, il est bien né d’une mère… Mais alors comment défaire ce lien indéfectible ?

50 représentations exceptionnelles.

Note d'intention
« Le Lien est une pièce en temps réel. C’est-à-dire que le temps de l’action et le temps de la représentation coïncident. Cette pièce ne raconte rien d’autre qu’un moment. Un bout d’existence dont le spectateur aura tous les éléments : les quatre-vingt minutes d’un dialogue entre Christiane et son fils Stéphane - finalement arbitré par Françoise, voisine et amie de Christiane.

Évidemment, entre mère et fils, le passif sentimental, positif ou négatif, est énorme. Ces deux-là se connaissent depuis au moins la naissance de l’un. Et pourtant ce qui compte, ici, c’est ce moment-là, pas un autre. C’est le dialogue de ce samedi où Stéphane est passé voir sa mère en province. La question de la pièce, que le théâtre est l’art le plus habilité à traiter, est celle de ce jour : comment se parler, ici et maintenant ? Puisque la vie trouve régulièrement un fils et sa mère à table, que peuvent-ils bien se dire ?

Ma première pièce, Le problème, qui se déroulait en temps réel aussi, se tenait dans un espace familial. Sans doute le théâtre a-t-il souvent traité la famille parce que leurs espaces sont analogues. La famille c’est une unité de lieu - une maison, un appartement -, et des unités d’action qui jalonnent la vie domestique. Des repas, surtout.

Stéphane déjeune chez sa mère. L’acte qui lance l’échange, ou les hostilités, est à la fois anodin et symbolique : il se lève de table. Et ne veut plus se rasseoir. Il ne touchera pas au fromage acheté pour lui. Il ne peut plus tenir cette conversation. Cette absence de conversation. Il va partir, dit-il, partir et ne plus jamais revenir. Une heure vingt plus tard, il est encore là.

Qu’est-ce qui le retient ? Quel argument irrésistible, et non formulé, s’oppose aux arguments parfaitement pertinents formulés par Stéphane pour étayer son désir de rompre le lien ? Christiane le sait : c’est ce lien même. Christiane n’a qu’une chose à dire à son volubile rejeton, une chose intellectuellement faible et organiquement forte : elle est sa mère, il est son fils. Ce lien les unit, les attache, les ligote, les emprisonne, les protège, les rassure, les irrite, et fait d’eux des comparses à vie. »

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François Bégeaudeau

« Sur un ton direct et incisif, François Bégaudeau explore dans Le Lien l’essence de l’attachement maternel et filial. Son obsession du vrai, sa précision rythmique, sa soif de comprendre, génèrent émotion autant qu’amusement. Avec une autodérision, un sens de l’humour exempt de méchanceté, l’auteur élargit son propos vers ce qui fonde les rapports familiaux. Il laisse chacun se projeter dans cette relation universelle, dans cette situation en apparence banale et pourtant explosive où l’organique est aussi puissant que la pensée.

Stéphane, écrivain, déjeune chez Christiane, sa mère, retraitée de la Poste. Leur affrontement est inéluctable. Le sujet qui déclenche le conflit est aussi futile que son enjeu est fort. Le fils se débat entre son envie de partir et celle d’en découdre, pousse la mère dans ses retranchements. La mère bataille avec ses armes affectives pour maintenir la relation. A la lisière de la rupture, intervient un troisième personnage, Françoise, témoin actif et bienveillant. Pour matérialiser cette confrontation au plus juste, pour exprimer sa vitalité réjouissante, Christiane la mère possède rugosité et sensibilité mêlées. Stéphane, son fils réunit intelligence solide et fragilité aiguë. Françoise, l’amie de la mère est une boule d’humanité généreuse, un levier. Comme terrain de jeu, l’appartement de Christiane tend presque à disparaître à certains moments pour céder la place à l’essentiel : les mots et les corps.

Le Lien évoque le cordon ombilical, les ancrages familiaux indéfectibles. L’une des qualités de l’auteur, pour moi fondamentale, est de poser cette question de l’attachement avec la force du simple. L’humour, code de langage coutumier des personnages, contrebalance leur incapacité à communiquer. Il les conduit aussi par instants à oublier le conflit, à laisser vivre la douceur, la tendresse, l’amour. »

Panchika Velez

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