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Jours tranquilles à Paris
14 mai 2019

Molières 2019 : une cérémonie brièvement interrompue et un palmarès surprenant

Par Sandrine Blanchard

La 31e édition de la cérémonie, perturbée par des manifestants, a vu triompher « La Machine du Turing » avec quatre récompenses. « Le Canard à l’orange », cité dans sept catégories, est reparti avec une seule statuette.

« On est là, on est là, pour l’honneur des travailleurs et les droits des chômeurs » : c’est en chantant qu’une vingtaine d’intermittents « gilets jaunes » ont fait irruption, lundi 13 mai, sur la scène des Folies-Bergère à Paris en plein enregistrement de la 31e édition des Molières. Alors que la cérémonie de remise des prix du théâtre venait à peine de commencer, ils ont occupé le plateau pendant quelques minutes pour dénoncer les coupes budgétaires et remettre un « Molière du déshonneur » au gouvernement et au ministre de la culture, Franck Riester, présent dans la salle, avant de repartir sous quelques applaudissements.

Ce n’est pas la première fois que la soirée des Molières, tout comme celle des Césars, est perturbée par des manifestants. Mais cette fois, France 2 a profité que la cérémonie soit diffusée en léger différé pour couper au montage l’intégralité de cette séquence ainsi qu’une partie de l’intervention finale de Jean-Marc Dumontet. « On vous a réservé un beau baptême avec les intermittents et les gilets jaunes, a ironisé le président des Molières en s’adressant à Franck Riester. Je n’y vois pas d’hostilité, c’est un moment, il faut l’accepter. » Mais, hors antenne, à l’issue de la cérémonie, Jean-Marc Dumontet s’est dit « solidaire » de la décision de France 2 en reprenant l’argument du diffuseur : « Une action sans autorisation » qui « prend en otage l’antenne ».

Dès les premières minutes, Alex Vizorek, maître de cérémonie, ne s’était pas privé de quelques saillies politiques. « C’est toujours agréable de voir tous ces gens de gauche réunis pour une soirée de droite », a lancé l’humoriste belge, à l’aise dans son nouveau rôle, avant de remercier « le ministre de la culture Jean-Marc Dumontet et son numéro deux Franck Riester » pour leur présence. « En même temps, on sait bien qui est le plus macroniste des deux », s’est amusé Alex Vizorek avec la complicité de la salle.

Mais ce n’en était pas fini pour Franck Riester. En le regardant, Ariane Mourier, Molière de la révélation féminine pour son rôle dans Le Banquet de Mathilda May, a défendu « les révoltés d’aujourd’hui » et souhaité « un monde plus juste car on en a tous besoin ». Quant à Blanche Gardin, qui remporte pour la deuxième année consécutive le Molière de l’humour, elle constate que « dans cette période sinistre, le métier d’humoriste s’apparente plus à la médecine d’urgence qu’au divertissement ».

Surprises dans le palmarès

Alternant, comme à son habitude, des scènes réussies (notamment Monsieur Fraize, Elsa Lepoivre, Laetitia Dosch, Fary) et quelques moments d’ennui, cette cérémonie a, côté palmarès, réservé son lot de surprises. Alors que Le Canard à l’orange était cité dans sept catégories, cette comédie boulevardière de William Douglas Home, mise en scène par Nicolas Briançon, n’a obtenu qu’un seul Molière, celui du comédien dans un second rôle pour François Vincentelli.

En revanche La Machine du Turing a fait carton plein en remportant quatre Molières du théâtre privé : meilleur spectacle, auteur francophone vivant et comédien pour Benoît Solès – devenu l’homme de la soirée –, et meilleur metteur en scène pour Tristan Petitgirard. Cette pluie de récompenses intervient après une petite polémique sur la frontière entre adaptateur et auteur sur laquelle Benoît Solès s’est justifié dans le magazine Profession Spectacle.

Contre toute attente, pour le théâtre public, c’est Mathilda May qui a décroché le Molière du meilleur metteur en scène pour Le Banquet. Fort heureusement, Thomas Ostermeier a obtenu le Molière du meilleur spectacle pour son adaptation de La Nuit des Rois, Marina Foïs celui de meilleure comédienne pour son rôle dans Les idoles de Christophe Honoré et François Morel s’est vu décerner celui de meilleur comédien pour J’ai des doutes, son formidable hommage à Raymond Devos.

LE PALMARÈS DES MOLIÈRES 2019 :

Spectacle dans un théâtre public :

La Nuit des Rois, mis en scène par Thomas Ostermeier

Spectacle dans un théâtre privé :

La Machine de Turing de Benoît Solès

Auteur francophone vivant :

Benoît Solès pour La machine de Turing

Spectacle d’humour :

Blanche Gardin pour Bonne nuit Blanche

Révélation masculine :

Valentin de Charbonnières dans 7 morts sur ordonnance

Révélation féminine :

Ariane Mourier dans Le Banquet

Comédien dans un spectacle de théâtre public :

François Morel dans J’ai des doutes

Comédien dans un spectacle de théâtre privé :

Benoît Solès dans La Machine de Turing

Comédienne dans un spectacle de théâtre public :

Marina Foïs, dans Les Idoles

Comédienne dans un spectacle de théâtre privé :

Anne Bouvier dans Mademoiselle Molière

Comédien dans un second rôle :

François Vincentelli dans Le Canard à l’orange

Comédienne dans un second rôle :

Ophélia Kolb dans La Ménagerie de Verre

Metteur en scène d’un spectacle de théâtre public :

Mathilda May pour Le Banquet

Metteur en scène d’un spectacle de théâtre privé :

Tristan Petitgirard, pour La Machine de Turing

Seul(e) en scène :

Constance Dollé dans Girls and Boys de Denis Kelley

Comédie :

La dégustation, d’Ivan Calbérac

Spectacle musical :

Chance ! d’Hervé Devolder

Spectacle Jeune public :

M comme Méliès, d’Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo, Comédie de Caen, CDN de Normandie

Création visuelle :

Chapître XII, de Sébastien Azopardi et Sacha Danimo, mise en scène Sébastien Azopardi, Tristan Bernard.

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