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Jours tranquilles à Paris
15 mai 2019

Festival de Cannes : un vent de renouveau et des zombies

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Par Guillaume Fraissard

La 72e édition, qui ouvre mardi, fait la part belle aux jeunes cinéastes, tandis qu’on note une forte présence de morts-vivants parmi les films. Avec Almodovar, Jarmusch, Tarantino, Loach ou encore les Dardenne, les vétérans seront aussi à l’honneur.

Ils sont huit. Quatre réalisatrices, autant de réalisateurs. La parité dans la nouveauté. Justine Triet, Mati Diop, Jessica Hausner, Céline Sciamma, Ira Sachs, Diao Yinan, Ladj Ly et Corneliu Porumboiu vont pour la première fois concourir pour la Palme d’or lors de la 72e édition du Festival de Cannes, qui débute mardi 14 mai. Une édition que Thierry Frémaux, délégué général, a qualifiée de « romantique et politique » et qui s’ouvrira sous le signe des zombies – une des tendances fortes de cette année – avec le nouveau film de Jim Jarmusch The Dead Don’t Die et son impressionnant casting : Adam Driver, Selena Gomez, Danny Glover, Bill Murray, Chloë Sevigny…

Si certains des huit « nouveaux » sont des habitués des sections parallèles, Mati Diop et Ladj Ly débarquent sur la Croisette, chacun avec un premier long-métrage – Atlantique pour la réalisatrice franco-sénagalaise, Les Misérables pour celui qui avait filmé les émeutes urbaines de 2005 à Montfermeil –, deux œuvres politiques enracinées dans leur époque et le vécu de leurs auteurs. La première est une chronique intime, nourrie des précédents courts-métrages de la réalisatrice, sur l’émigration vers l’Europe vue par des femmes dans une banlieue de Dakar ; la seconde, l’histoire vraie d’une bavure policière en Seine-Saint-Denis. Une scène filmée en 2008 par Ladj Ly, « l’Homme à la caméra », comme il était surnommé dans sa ville, alors qu’il s’était donné pour mission de documenter et de dénoncer les brutalités policières.

Ce vent de fraîcheur qui s’annonce ne fait pas seulement bouger la Compétition officielle et Un certain regard, où six premiers films seront présentés aux festivaliers. Du côté de la Quinzaine des réalisateurs aussi, on innove. Paolo Moretti, qui succède à Edouard Waintrop au poste de délégué général, a dévoilé une sélection où ne figurent pas moins de seize longs-métrages tournés par des réalisateurs qui feront leurs premiers pas à Cannes. Avec Le Daim, de Quentin Dupieux, en ouverture, et Yves, de Benoît Forgeard, pour la clôture, l’Italien a fait de l’excentricité et de l’irrévérence les deux bornes de son nouveau magistère.

Formes nouvelles et classicisme

Les vétérans, qu’ils soient européens ou américains, seront eux aussi bien présents cette année sur la Croisette. Pedro Almodovar (Douleur et Gloire), Quentin Tarantino (Once Upon a Time in… Hollywood), Ken Loach (Sorry We Missed You), Xavier Dolan (Mathias et Maxime), Terrence Malick (Une vie cachée) ou encore Jean-Pierre et Luc Dardenne (Le Jeune Ahmed) sont en lice pour la Palme d’or décernée par le jury présidé par le cinéaste mexicain Alejandro Gonzales Iñaritu et pour succéder à Hirokazu Kore-eda (Une affaire de famille).

Si comme l’année dernière, aucun film produit par une plate-forme de vidéos en ligne n’a été accepté dans la sélection officielle, contrairement à la Mostra de Venise qui a vu le triomphe de Roma d’Alfonso Cuaron, le cru cannois 2019 prend des accents américains un peu plus prononcés. Entre la présence de Quentin Tarantino, Terrence Malik et Jim Jarmusch en compétition officielle, la présentation hors compétition de Rocketman, le biopic sur le chanteur Elton John produit par la Paramount, la diffusion d’une version restaurée de Shining de Stanley Kubrick et celle des premières minutes de Rambo V avec Sylvester Stalone, les studios américains sont plus présents qu’en 2018.

« Cannes reste le festival des metteurs en scène, de ceux qui essaient de réinventer le cinéma et d’explorer des formes nouvelles, mais aussi le festival de ceux qui sont du côté d’un certain classicisme », déclarait au Monde Thierry Frémaux après l’annonce d’une Sélection officielle pensée à l’aune de ces deux cinémas. On saura le 25 mai au soir si les Palmes auront su jouer de cette parité. Un enjeu loin de se réduire à des choix esthétiques. En 2018, le collectif 50-50 pour 2020, qui milite pour la parité dans le cinéma à l’horizon 2020, avait marqué les esprits lors d’une montée des marches au cours de laquelle la présidente du jury, Cate Blanchett, entourée de quatre-vingt-une cinéastes, actrices, productrices, avait pris la parole pour dénoncer, entre autres, le manque de réalisatrices dans la sélection cannoise.

Signataire de la charte en faveur de la parité hommes-femmes dans les festivals, Cannes semble avoir entendu le message, même si la parité est encore loin. Cette année, quinze films sur les 47 que compte la sélection officielle ont été réalisés par des femmes. Une première. Il en reste une autre à atteindre. Qu’une réalisatrice décroche la Palme d’or, ni à titre honoraire (Agnès Varda, 2016), ni en la partageant avec un autre film (Jane Campion pour la Leçon de piano en 1993).

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