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Jours tranquilles à Paris
16 juillet 2019

Le groupe de Luc Besson EuropaCorp pourrait être mangé par son créancier américain

Par Nicole Vulser

Pathé n’a pas réussi à trouver un accord avec Vine pour concrétiser une reprise du groupe de production placé sous procédure de sauvegarde depuis le 13 mai.

Les grandes manœuvres autour du capital d’EuropaCorp, la société de production en grandes difficultés financières du réalisateur Luc Besson, entrent dans une phase qu’il n’avait pas souhaitée. Le Journal du dimanche (JDD) du dimanche 14 juillet assure qu’à la suite d’une réunion dans le bureau de l’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux, le 3 juillet, le patron du groupe placé sous procédure de sauvegarde depuis le 13 mai, aurait finalement accepté le plan de reprise de l’un de ses principaux créanciers, le fonds américain Vine Alternative Investments. Il n’aurait absolument pas eu le choix.

Le groupe Pathé présidé par Jérôme Seydoux, qui mène des négociations exclusives de reprise du groupe de Luc Besson depuis le 29 mai, n’a pas réussi à trouver un accord avec Vine. EuropaCorp savait la partie difficile puisqu’il avait expliqué, le 29 mai, que « la marque d’intérêt » de Pathé était « soumise » à « un accord sur la restructuration des dettes existantes ».

EuropaCorp ne cachait pas que « plusieurs conditions essentielles n’étant (…) pas encore remplies, notamment l’accord des prêteurs seniors et juniors », il « ne [pouvait] donner aucune assurance quant à l’aboutissement de cette proposition, ni préciser le calendrier ou la structuration de l’opération qui [en] résulteraient ».

Six mois de répit

Pathé avait déjà racheté les multiplexes d’EuropaCorp et avait signé avec ce dernier un accord de distribution en France portant, notamment, sur Anna, le dernier long-métrage du cinéaste. Mais surtout Jérôme Seydoux aurait aimé récupérer le catalogue de films d’EuropaCorp (Le Monde du 10 juillet). Il doit jeter l’éponge.

Vine veut donc convertir sa créance en capital pour devenir un actionnaire de poids au sein du groupe de Luc Besson. EuropaCorp a confirmé, dimanche, « être en discussion avec divers partenaires financiers » y compris Vine, « qui a marqué son intérêt » pour entrer dans le capital. « Les discussions sont en cours » et « nécessitent la présentation d’un plan de sauvegarde au tribunal de commerce de Bobigny ». Le groupe ne peut donc une fois de plus, rien garantir sur « l’aboutissement de cette opération » ni de « la structure qui en résulterait ».

Le juge du tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avait donné six mois de répit au groupe français le 13 mai, pour renégocier sa dette, évaluée pour l’exercice 2018-2019 clos fin mars, à 159 millions d’euros.

Le dernier long-métrage décevant en termes de fréquentation

C’est peu dire qu’EuropaCorp traverse une passe difficile. Il accuse une perte de 109,9 millions d’euros en 2018-2019, plombée par l’échec aux Etats-Unis du film Valérian et la cité des mille planètes. En quatre ans, le déficit cumulé s’est creusé à 340 millions d’euros. De plus, Anna, le dernier long-métrage de Luc Besson s’avère décevant en termes de fréquentation tant aux Etats-Unis qu’en France.

Fondé à New York en 2006 par James Moore, William Lambert et Stephen Kovach, Vine a engagé plus de 700 millions de dollars (621 millions d’euros) dans les médias, le cinéma, la télévision et le divertissement. Et il a annoncé en janvier avoir collecté un quatrième fond, d’un montant de 608 millions de dollars pour poursuivre ses investissements.

Le groupe américain est également le second financier d’EuropaCorp – la banque américaine JP Morgan étant chef de file. Tous deux cofinancent deux lignes de crédits, de 455 millions de dollars au total, pour mettre notamment en chantier les films et les séries.

Le JDD assure que Pathé comptait investir 50 millions d’euros en compte courant et autant en capital s’il reprenait le groupe français. Vine n’aurait fait aucune promesse en ce sens.

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