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Jours tranquilles à Paris
19 juillet 2019

Municipales : début de campagne difficile pour Benjamin Griveaux à Paris

Depuis qu’il a reçu l’investiture de La République en marche, l’ex-porte-parole du gouvernement enchaîne les déconvenues et peine à rassembler autour de lui.

Ce devait être un démarrage en fanfare. Cela s’est transformé en une opération de rattrapage. Neuf jours après sa désignation comme candidat de La République en marche (LRM) pour les élections municipales à Paris, Benjamin Griveaux a tenu son premier meeting de campagne, jeudi 18 juillet, dans un théâtre de la capitale. L’occasion de mobiliser les troupes, avec l’espoir d’insuffler une dynamique à un début de campagne difficile.

Depuis qu’il a reçu l’investiture, l’ex-porte-parole du gouvernement enchaîne les déconvenues : après l’affaire Rugy, qui a pollué son intronisation, ses rivaux macronistes ont refusé de se ranger derrière lui.

Et pour finir, la veille de son meeting parisien, une polémique a éclaté sur des propos injurieux de sa part, divulgués sur le site du Point. L’hebdomadaire a publié un florilège de propos peu amènes que M. Griveaux aurait tenus dans un cadre privé, il y a quelques semaines. Le candidat étrille notamment ses rivaux pour l’investiture LRM, qualifiés d’« abrutis ». Hugues Renson ? « C’est un fils de p…, on le sait depuis le premier jour. » Mounir Mahjoubi ? « Bon… no comment. » Cédric Villani ? « Il n’a pas les épaules pour encaisser une campagne de cette nature. Il va se faire désosser ! »

Déplorant qu’une « conversation privée se retrouve dans la presse », l’entourage du candidat a précisé que ce dernier a appelé les personnes citées « pour s’excuser ». Sans toutefois démentir la teneur des propos rapportés. De quoi alimenter son image clivante de « bad boy », prêt à tout pour assouvir ses ambitions.

Nombreuses inimitiés au sein de son camp

Plutôt que d’ignorer la polémique, M. Griveaux y a fait référence à plusieurs reprises. Le plus souvent sur un ton ironique pour tenter d’atténuer son effet délétère.

« Je vais commencer par une confidence car on est qu’entre nous et il n’y a pas d’enregistrement caché… », a-t-il lancé, tout sourire, en introduction, devant une salle comble, remplie avec plus d’un millier de soutiens. Avant de mettre en avant sa détermination : « Oui, je peux avoir un coup de gueule quand un sujet me tient à cœur car je ne peux pas faire de politique sans mettre mes tripes sur la table. »

Alors que son style offensif lui vaut de nombreuses inimitiés au sein même de son camp, ses fidèles tentent de le défendre. « Ce sont des propos privés, il était important que Benjamin Griveaux s’excuse. C’est fait. Maintenant il faut aller de l’avant », estime le patron de LRM, Stanislas Guerini. « C’est une erreur. Il l’a assumée et n’a pas mis en doute les faits, abonde la députée de Paris Olivia Grégoire. On a huit mois désormais pour mettre le focus sur son projet et montrer qu’il ne correspond pas à l’image qu’on peut donner de lui. »

Marlène Schiappa s’y est employée sur scène, dans le rôle de l’avocate assurant la défense de l’accusé. « Le Benjamin que je connais n’a rien à voir avec les portraits de lui dans la presse », a affirmé la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, en vantant « un papa attentionné » et un homme « solidaire, humble, modeste, qui a énormément d’autodérision ». « Quelqu’un qui écoute et donne du temps aux autres », a complété Elise Fajgeles, suppléante de M. Griveaux à l’Assemblée nationale.

Et quitte à ce qu’il ait une image d’ambitieux, autant essayer d’en faire un atout… « Benjamin est déterminé à se battre. Personne ne l’épargne et il reste debout, cela montre une forme de solidité », estime son directeur de campagne, Pacôme Rupin.

« Une vraie capacité à rassembler... contre lui »

Sur scène, M. Griveaux a passé autant de temps à critiquer le bilan d’Anne Hidalgo – accusée notamment de « déplacer la pollution » plutôt que de la « diminuer » – qu’à présenter ses propositions pour améliorer le « quotidien ». Parmi elles, des mesures en faveur de l’accès au logement, de la propreté, de la sécurité, de la santé (création d’« une mutuelle municipale »), ou de l’écologie (installation d’un « conseil parisien de défense écologique » directement attaché au maire de Paris).

Aux premiers rangs, de nombreux élus LRM étaient présents, dont la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, le ministre chargé de la ville et du logement Julien Denormandie, ou encore le patron des députés macronistes Gilles Le Gendre.

Mais ce sont surtout les absents, qui se sont fait remarquer. Que ce soit Cédric Villani, Mounir Mahjoubi, Hugues Renson ou Anne Lebreton, aucun des rivaux du candidat dans la course à l’investiture LRM n’avait fait le déplacement, illustrant les difficultés de M. Griveaux à rassembler son camp. « Cédric, Mounir, Hugues, Anne, votre place est ici », a-t-il assuré, en comparant les macronistes de la capitale à « une famille », qui doit « se réconcilier »

Sauf que l’union ne semble pas encore pour demain. M. Villani ayant décidé de reporter à septembre sa décision de lui apporter ou non son soutien. Pour l’instant, les autres candidats ne semblent pas enclins, non plus, à se rallier. « Griveaux montre qu’il a une vraie capacité à rassembler. Le problème, c’est que c’est contre lui », se désole un élu LRM de Paris.

Et pas seulement dans son camp. Avant le meeting, Bertrand Delanoë est sorti de son silence pour condamner une affirmation du candidat, selon laquelle l’ex-maire socialiste de Paris serait « d’accord » avec sa stratégie, consistant à gagner la capitale « au centre », en prenant « des voix à droite ». Cinglant, M. Delanoë a écrit sur Twitter : « Dans les propos attribués à @BGriveaux par @LePoint, il est indiqué que je serais d’accord avec lui. C’est inexact. Et je rappelle que nul n’est autorisé à parler en mon nom. »

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