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Jours tranquilles à Paris
16 août 2019

Hong Kong. Les protagonistes de la crise

Article de Jean-Michel Signor

Alors que l’intervention des troupes chinoises semblait imminente, le mouvement de contestation à Hong Kong ressemblait, jeudi, à un imbroglio politique dans lequel émergent cinq protagonistes.

1. Carrie Lam au cœur des tensions.Cheffe de l’exécutif de Hong Kong depuis 2017, Carrie Lam, 62 ans, cristallise toutes les tensions. C’est elle qui est à l’origine du projet de loi d’extradition qui a mis le feu aux poudres. Très décrié, ce texte prévoyait l’extradition des justiciables hongkongais vers la Chine continentale. Un projet jugé liberticide et menaçant l’indépendance judiciaire de l’ex-colonie britannique. Après la suspension du projet de loi sous la pression des manifestants, Carrie Lam s’est arc-boutée dans une position inflexible, refusant toute « concession » politique aux manifestants.

Catholique pratiquante et conservatrice, cette bosseuse déterminée et efficace a le soutien de Pékin. Mais ses origines modestes et son éducation à la dure ne l’ont pas rapprochée des Hongkongais qui espéraient beaucoup d’elle. Au contraire, elle n’a de cesse de multiplier des déclarations alarmistes. S’exprimant après une réunion avec les milieux d’affaires, la dirigeante a récemment indiqué que l’impact économique du mouvement social pourrait être pire que celui de l’épidémie du Syndrome respiratoire aigu (SRAS) de 2003. Les manifestants hongkongais demandent désormais sa démission et veulent que son successeur soit élu au suffrage universel direct, et non désigné par Pékin, comme c’est le cas actuellement.

2. Xu Luying, chantre de la fermeté.

Avec son homologue Yang Guang, Xu Luying illustre les indéfectibles relais politiques et bureaucratiques sur lesquels s’appuient les autorités chinoises dans le territoire semi-autonome de Hong Kong. La porte-parole du bureau des affaires de Hong Kong et de Macao à Pékin - l’agence gouvernementale chinoise chargée de ces territoires - multiplie depuis des semaines les déclarations martiales, évoquant la « colère extrême » de la Chine et comparant les manifestations à de « quasi-actes de terrorisme ». « Les manifestants radicaux ont franchi le seuil de la loi, de la morale et de l’humanité », a-t-elle déclaré. « Ceux qui jouent avec le feu périront par le feu », avait averti, quelques jours plus tôt, Yang Guang, au lendemain d’une grève générale.

3. Xi Jinping en coulisses.

Totalement silencieux depuis la crise, Xi Jinping se garde bien de faire apparaître au grand jour la mainmise de Pékin sur ce dossier ultra-sensible. Le président chinois est pourtant omnipotent dans les affaires de Hong Kong, mais il préfère laisser Carrie Lam, la cheffe de l’Exécutif, occuper le devant de la scène. Tel un filet de sécurité, cette « prise de distance tactique » avec les événements lui permet de rester en retrait et de dissimuler l’inflexibilité de Pékin. De plus, cette agitation politique ne pouvait pas plus mal tomber pour le régime chinois, au lendemain du 30e anniversaire de la répression sanglante de Tienanmen et à la veille des célébrations des 70 ans de la fondation de la République populaire de Chine.

4. Donald Trump tonitruant.

À l’inverse du président chinois, Donald Trump s’invite sans scrupules dans le dossier hongkongais. Dans une nouvelle salve de tweets déroutants, le président américain a soufflé le chaud et le froid, mêlant deux dossiers déjà brûlants : le diplomatique (la crise à Hong Kong) et l’économique (les négociations commerciales). « En Chine, des millions d’emplois disparaissent pour aller dans des pays qui ne sont pas sujets aux taxes douanières. Des milliers d’entreprises quittent le pays. Bien sûr que la Chine veut passer un accord commercial. Qu’ils travaillent avec humanité avec Hong Kong d’abord ! », a-t-il mis en garde. Mais dans un autre tweet à la tonalité plus apaisée, il suggère que le dirigeant chinois rencontre « en personne » les contestataires. Coup de com’ ou coup de bluff d’un président en campagne électorale ?

5. Joshua Wong, visage de la contestation.

Figure de proue de la révolution des parapluies en 2014, le leader étudiant Joshua Wong est l’un des visages de la contestation des jeunes Hongkongais. Arrêté et condamné à plusieurs reprises, ce militant de la première heure (dès ses 14 ans) fait preuve d’un aplomb qui galvanise les manifestants et déroute les autorités. « Ici, le gouvernement sert simplement les intérêts de Pékin », déplore-t-il en évoquant l’accord sur le statut de région semi-autonome de l’île, lors de la rétrocession de 1997. « Le principe "un État, deux systèmes" n’est pas respecté, dénonce-t-il. Pour le moment, nous avons un État et un système et demi ». Coutumier des déclarations chocs, il n’a pas hésité à comparer la répression des manifestants à la Shoah. Une manœuvre grossière pour provoquer une réaction des chancelleries occidentales. En vain.

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