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Jours tranquilles à Paris
30 août 2019

Francis Bacon dans l’ivresse du texte

bacon pompidou

Francis Bacon, Portrait of G. Dyer in a mirror (détail), 1968, huile sur toile, 198 x 147 cm, Collection Agnelli, Londres ©The Estate of Francis Bacon /All rights reserved / Adagp, Paris and DACS, London 2019 ©The Estate of Francis Bacon. All rights reserved. DACS/ Artimage 2019. Photo: Hugo Maertens

Francis Bacon disait volontiers sa fascination pour la viande morte de l’étal du boucher. Mais il a tenu secrète sa passion pour la littérature, d’Eschyle à Georges Bataille. L’exposition de rentrée du Centre Pompidou, à Paris, révèle les grandes inspirations littéraires d’un peintre au sommet de son art.

Que l’on admire son œuvre ou qu’on la rejette, chacun a pu éprouver devant une toile de Francis Bacon la violence directe assénée au spectateur. L’immédiateté, l’intensité de l’expérience désignent à coup sûr un peintre d’instinct, qui dans un geste vital projette sur la toile ses tourments intérieurs. Homosexuel, joueur, drogué, alcoolique, Francis Bacon (1909-1992) fut d’abord un scandale par sa simple existence. N’est-il pas logique que ses figures aux chairs à vif, découpées sur un fond coloré d’une perfection sadique, reflètent les excès de sa vie, que ces formes déchiquetées soient le miroir de ses déchirements intérieurs ? L’exposition « Bacon en toutes lettres » du Centre Pompidou permet d’amender cette vision, révélant que l’œuvre s’est nourrie dès l’origine d’une véritable passion pour les grands auteurs. Sans remettre en question la puissance irrationnelle de l’instinct, elle révèle que la littérature et la poésie ont été l’un des moteurs, longtemps secret, de sa peinture. Peinture et littérature touchent « directement le système nerveux », comme il aimait à dire. Didier Ottinger, directeur adjoint du Musée national d’art moderne et commissaire de cette exposition, rappelle que l’histoire de l’art moderne, depuis Manet, s’est fondée sur le divorce supposé entre peinture et littérature. « Cette séparation devient un élément capital de toute la réflexion sur l’art moderne à partir du moment où Clement Greenberg, un des pères fondateurs du modernisme pictural, écrit dans un texte de 1940 devenu le catéchisme de plusieurs générations d’historiens de l’art […] qu’on peut qualifier un art de moderne dès l’instant où il n’entretient plus de rapports avec la littérature… »

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