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Jours tranquilles à Paris
25 septembre 2019

A l’ONU, Emmanuel Macron appelle Etats-Unis et Iran à avoir le « courage de bâtir la paix »

Par Marc Semo, New York, envoyé spécial

A la tribune, le chef de l’Etat a estimé que « le temps est à la reprise des négociations » entre les Etats-unis, l’Iran et les signataires de l’accord sur le nucléaire de 2015.

C’est un discours qu’Emmanuel Macron a longuement travaillé et retravaillé, le reprenant jusqu’au dernier moment, avant de monter à la tribune de la 74e Assemblée générale des Nations unies (ONU), mardi 24 septembre en milieu d’après midi.

Alors qu’il est engagé dans un délicat travail de médiation entre Washington et Téhéran afin d’enclencher un processus de désescalade dans le Golfe – voire une rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue iranien Hassan Rohani, même si elle paraît toujours plus improbable – le président français sait que son discours devant les représentants des 193 Etats-membres, dont 136 chefs d’Etat ou de gouvernement, prend une dimension symbolique.

Il veut parler pour l’histoire et être à la hauteur des enjeux d’un monde chaotique et confronté à une crise internationale majeure dans le Golfe, qui peut déraper dans un processus incontrôlable.

Appel au « retour du courage »

En se référant dès les premiers mots au célèbre discours d’Alexandre Soljenitsyne à Harvard mettant en garde sur « le déclin du courage », Emmanuel Macron, lyrique comme à l’accoutumée en de telles occasions, en a appelé « au retour du courage ».

Et ce mot est sans cesse revenu dans ses propos. Son discours a évoqué aussi bien la lutte contre les inégalités que celle contre le réchauffement climatique. Mais les parties les plus fortes ont été consacrées à la montée des tensions dans le Golfe.

Emmanuel Macron a insisté sur « le courage de bâtir la paix et celui de la responsabilité », rappelant que « le courage est une prise de risque, celui de ne pas défendre les intérêts qui ont conduit aux tensions ». « C’est la prise de risque du dialogue et du compromis, et celui de la reconstruction de la confiance, et c’est ce dont le Moyen-Orient, et en premier la région du Golfe, ont besoin », a précisé le chef de l’Etat, soulignant que « la stratégie de la pression ne peut conduire qu’à un accroissement des tensions s’il ne débouche pas sur une solution diplomatique ».

« Aujourd’hui, le risque est celui de l’embrasement sur la base d’une erreur de calcul ou d’une réponse non proportionnée », a déclaré le chef de l’Etat lors de son discours devant ses pairs, prononcé quelques heures après celui de Donald Trump insistant sur un durcissement des sanctions à l’encontre de Téhéran.

« Plus que jamais, le temps est à la reprise des négociations entre les Etats-unis, l’Iran, les signataires du JCPOA [nom de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien] et les puissances de la région concernées au premier titre par la sécurité et la stabilité de celle-ci », a insisté le président français, qui a rappelé les fondamentaux d’une solution diplomatique.

« Eviter absolument » l’escalade

« Quels doivent être les termes et les objectifs de ces négociations ? D’abord la pleine certitude que l’Iran ne se dote jamais de l’arme nucléaire, ensuite une sortie de crise au Yémen, troisièmement un plan de sécurité intégrant les autres crises de la région et la sécurité des flux maritimes, enfin une levée des sanctions économiques », a-t-il précisé, affirmant n’avoir aucune naïveté et ne pas croire non plus aux miracles mais au « courage de bâtir la paix et je sais que les Etats-Unis, que l’Iran, que tous les signataires du JCPOA (Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) ont ce courage. »

Désireux de préserver le JCPOA à tout prix, Emmanuel Macron tente depuis des mois, avec ses alliés allemand et britannique, de convaincre Donald Trump de relâcher la « pression maximale » exercée à l’encontre de Téhéran et il propose de compléter l’accord par d’autres volets à même de rassurer les Etats-Unis et la communauté internationale – mais pour l’heure en vain.

« Où en sommes-nous aujourd’hui ? A la stratégie américaine et à la volonté européenne, russe et chinoise de préserver l’accord de Vienne, l’Iran a répondu par une stratégie de pression maximale sur son environnement régional », a-t-il remarqué, soulignant que la montée des tensions fut ces derniers mois constante et que les attaques du 14 septembre contre l’Arabie saoudite ont changé la donne.

A ses yeux, comme il le rappelait le matin même en s’entretenant avec des journalistes devant son hôtel, « le risque majeur [est celui] d’une escalade non maîtrisée » après les frappes contre l’Arabie saoudite. « N’importe quel événement nouveau peut déclencher une escalade, c’est ce qu’il faut absolument éviter. »

« Il faut se remette autour de la table pour avoir des discussions franches et exigeantes sur l’activité nucléaire, l’activité dans la région de l’Iran, l’activité balistique mais aussi avoir une approche plus large de ce que sont les sanctions. J’espère qu’on arrivera à avancer dans les prochaines heures », a-t-il déclaré.

La veille au soir, le président français avait eu une longue discussion de plus d’une heure et demie avec son homologue iranien Hassan Rohani qui, à l’en croire, « a permis d’esquisser des voies de passage mais elles sont très ténues ».

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