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Jours tranquilles à Paris
1 novembre 2019

A Hongkong, les manifestants bravent l’interdiction de porter un masque

A l’occasion d’Halloween, les manifestants prodémocratie tournent en dérision l’exécutif local en défilant avec des masques parfois farfelus.

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Des manifestants portent des masques de Guy Fawkes et de Yoda, personnage de « Star Wars », à Hongkong, le 31 octobre. PHILIP FONG / AFP

La tension ne retombe pas à Hongkong. Des échauffourées ont opposé, jeudi 31 octobre dans la soirée, policiers et manifestants prodémocratie défilant pour Halloween avec des masques tournant en dérision l’exécutif local, lequel vient d’annoncer que le territoire était entré en récession.

Les forums en ligne coordonnant le mouvement de protestation sans véritable leader ont encouragé les manifestants à porter des masques sur le thème d’Halloween, une fête très populaire dans l’ancienne colonie britannique. Et ce malgré les avertissements de la police annonçant qu’elle les forcerait à les retirer au nom de l’interdiction qui leur est faite de se dissimuler le visage.

Une multitude de petits rassemblements se sont donc tenus alors que Hongkong traverse, depuis le mois de juin, sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin, en 1997. Des manifestations et des actions ont ainsi lieu quasi quotidiennement pour dénoncer, notamment, le recul des libertés et les ingérences grandissantes de la Chine dans les affaires de la région semi-autonome.

Tirs de gaz lacrymogène

Au parc Victoria, une centaine de personnes, pour beaucoup masquées, se sont rassemblées pour manifester en direction d’un quartier populaire de boîtes de nuit.

Yan Lee, une comptable quinquagénaire, portait un masque combinant le visage de la secrétaire à la justice Teresa Cheng et celui de Maléfique, la méchante du film du même nom produit par Disney. « Depuis des mois, elle ne fait rien pour Hongkong à part défendre les autorités », explique-t-elle.

Une autre manifestante, se présentant sous le nom de Loo, avait pour sa part maquillé son visage à l’image du Joker, l’ennemi de Batman.

De l’autre côté du port, dans le quartier Prince Edward, l’ambiance était plus tendue. La police, qui a fait usage de gaz lacrymogène, a pris en chasse des personnes rassemblées pour rappeler qu’il y a deux mois les forces de l’ordre avaient été filmées en train de tabasser des manifestants prodémocratie à la station de métro du quartier.

Voilà cinq mois que les manifestants ont pris l’habitude de défiler le visage masqué, notamment pour ne pas être reconnus et se prémunir de futures poursuites judiciaires. Mais, début octobre, la chef de l’exécutif Carrie Lam, qui est désignée par un comité acquis à Pékin, a décidé d’interdire les masques.

Une interdiction contestée en justice et dans la rue

Loin d’être respectée, la mesure a mis le feu aux poudres en provoquant des manifestations encore plus violentes, avec notamment des actes de vandalisme contre les entreprises accusées de faire le jeu de l’exécutif hongkongais et de Pékin.

Les manifestants ont fait circuler sur les réseaux sociaux des masques à imprimer pour Halloween. L’un présentait le visage de Carrie Lam sous les traits du Joker. Un autre mêlait les visages du président chinois Xi Jinping et celui de Winnie l’ourson, personnage de dessin animé banni en Chine depuis que des internautes ont pointé une ressemblance avec l’homme fort de Pékin.

Apple Daily, le journal le plus proche des manifestants, a imprimé en « une » un masque à découper représentant un policier, avec un titre expliquant que les agents étaient « plus effrayants que les fantômes ».

Une source policière a déclaré que les effectifs des forces de l’ordre seraient renforcés dans le quartier de Lan Kwai Fong, très prisé des noctambules et où se déroule traditionnellement la plus grande fête d’Halloween. Cette source a précisé que les policiers demanderaient aux personnes portant des masques ou du maquillage de le retirer s’ils étaient soupçonnés d’être des manifestants.

Hasard du calendrier, c’est également jeudi que la Haute Cour de Hongkong commence à examiner deux recours contre l’interdiction du port du masque.

Le premier, formé par des étudiants, met en cause sa constitutionnalité. Mais le second, déposé par des députés de l’opposition parlementaire proche des manifestants, est beaucoup plus large. Il dénonce la loi d’urgence que Carrie Lam avait invoquée début octobre, qui date de 1922 ; à l’époque, Hongkong était une colonie britannique. Les dispositions de cette loi n’avaient plus été utilisées depuis les émeutes de 1967.

« C’est un duel entre l’Etat de droit et l’autoritarisme », a déclaré jeudi aux journalistes le député Dennis Kwok. La loi d’urgence autorise l’exécutif à prendre « n’importe quelle mesure », sans feu vert du corps législatif, dans l’éventualité d’une situation d’urgence ou d’un danger pour la population.

En attendant, les effets de la crise se font sentir au niveau économique. Hongkong est entré en récession au troisième trimestre, pour la première fois depuis la crise financière de 2008. Le produit intérieur brut (PIB) de la région semi-autonome a reculé de 3,2 % entre juillet et septembre, dans la foulée d’un repli de 0,4 % lors des trois mois précédents.

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