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Jours tranquilles à Paris
23 décembre 2019

A Paris, Villani et Belliard à la recherche de la combinaison gagnante pour les municipales

ville

Par Denis Cosnard

En disant se rapprocher des écologistes, le dissident macroniste « est en train de rompre avec La République en marche », estime le candidat à la Mairie Benjamin Griveaux.

En septembre, David Belliard, le chef de file des écologistes à Paris, se définissait comme l’« anti-Villani », et disait ne pas souhaiter d’alliance avec un candidat issu de La République en marche (LRM), au regard de tous les sujets de litige avec le gouvernement : le glyphosate, la chasse, les migrants, la régulation du marché immobilier…

Trois mois plus tard, voici qu’il propose au même Cédric Villani, toujours député du parti présidentiel, d’entrer dans une « large coalition » en vue des élections municipales. Et que celui-ci se dit prêt à un tel rapprochement. « Cette coalition, faisons-la ! », déclare le mathématicien au Parisien du vendredi 20 décembre.

Pour l’heure, les contours de cette hypothétique alliance demeurent flous. Ni David Belliard ni Cédric Villani n’ont envie de se rallier l’un à l’autre avant le premier tour du scrutin prévu le 15 mars 2020. Ils restent en concurrence directe pour le fauteuil de maire de Paris.

Quant à la « coalition » qu’ils évoquent d’une même voix, en la justifiant par l’urgence climatique, leurs définitions diffèrent.

David Belliard suggère un arc qui irait « de Cédric Villani à Danielle Simonnet » (La France insoumise), et inclurait les socialistes et les communistes auxquels les écologistes sont alliés à l’Hôtel de ville depuis 2001. Cédric Villani, lui, propose un rassemblement plus centriste, destiné au contraire à écarter du pouvoir parisien Anne Hidalgo et sa majorité de gauche. Celui-ci irait « de l’écologie sociale à la droite progressiste ».

« Une maladresse »

Le rendez-vous prévu bientôt entre les deux hommes ne sera pas de trop pour clarifier la situation. D’autant que cet improbable pas de deux entre écologistes et macronistes suscite des remous. Le nouveau secrétaire national d’EELV, Julien Bayou, a évoqué « une maladresse ». « Incompréhensible pour moi », a commenté l’eurodéputé Damien Carême. « Je ne me retrouve pas là-dedans », confie également une figure écolo parisienne.

Vendredi soir, David Belliard a tenu à souligner que sa main tendue ne marquait pas un virage à droite, et incité Cédric Villani à avancer, lui, vers les positions des Verts. « Les petits pas ne suffisent pas, il faut des actes forts, à l’opposé de la politique menée par le gouvernement d’Emmanuel Macron, anti-environnementale, et renforçant les inégalités », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le député de l’Essonne, qui revendique en permanence sa fidélité au macronisme originel, peut-il effectuer le grand pas demandé ? Peu probable.

« Cédric Villani est en train de rompre avec LRM, estime néanmoins Benjamin Griveaux, le candidat officiel du parti. Il discute avec des gens qui n’ont approuvé aucune des transformations lancées dans le pays depuis deux ans, sont contre les Jeux olympiques, contre la police municipale, contre l’ouverture des magasins le dimanche, pour la décroissance, et qui pensent que la laïcité est liberticide. Cela clarifie sa position, mais les “marcheurs” sincères qui l’ont suivi vont se sentir un peu trahis. »

A trois mois du scrutin, l’affaire révèle un phénomène frappant : l’éclatement de l’offre politique à Paris est tel que de nombreux candidats anticipent des résultats très émiettés au soir du premier tour, et préparent déjà des jeux d’alliances pour le second tour. Voire pour le troisième, c’est-à-dire la désignation du maire de Paris par les conseillers élus dans les arrondissements.

Tractations

En 2014, la campagne était encore dominée par le clivage gauche-droite. Ensemble, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet avaient réuni 70 % des suffrages dès le premier tour. Cette fois-ci, les sondages n’accordent qu’un total de 35 % à 40 % des intentions de vote de premier tour à Anne Hidalgo et Rachida Dati. C’est que la maire socialiste sortante est rejetée par de nombreux Parisiens, et que sa rivale du parti Les Républicains est elle aussi clivante.

Surtout, les succès électoraux d’Emmanuel Macron à Paris ont suscité pas moins de trois ou quatre candidatures macronistes ou « macroncompatibles », dont deux – celles de Benjamin Griveaux et de Cédric Villani – ont clairement émergé dans les enquêtes d’opinion.

Résultat : à ce stade, aucun des candidats ne paraît en passe de rafler d’emblée la mise. Cinq d’entre eux (Anne Hidalgo, Benjamin Griveaux, Rachida Dati, David Belliard et Cédric Villani) peuvent espérer jouer un rôle-clé. Et plusieurs imaginent se trouver en position suffisamment centrale au soir du premier ou du second tour pour réunir une majorité dans le cadre d’alliances, éventuellement originales.

Quelle sera la combinaison gagnante ? Le jeu des tractations n’est pas fini.

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