CÉSAR 2020 : EN TOUTE IMPUNITÉ, POLANSKI ET SON "J’ACCUSE" SONT LES GRANDS FAVORIS
par Tess Annest
Meilleur film, meilleur réalisateur et même meilleure adaptation, Roman Polanski a tout raflé ce mercredi 29 janvier 2020. Lors d’une conférence de presse très attendue, l’Académie des César s’est montrée, une nouvelle fois, apparemment indifférente aux accusations d'abus sexuels et de viols sur mineure qui pèsent sur le réalisateur depuis 1977. À l'époque, la jeune Samantha Gailey, alors âgée de treize ans, le charge de l'avoir droguée puis violée. Condamné à trois mois de prison après avoir reconnu un "détournement de mineure", il est finalement libéré 42 jours plus tard et quitte le sol américain sans autorisation. Il y devient persona non grata et reste considéré comme fugitif par Interpol, l’Organisation Internationale de Police Criminelle. Depuis, il ne peut circuler librement que dans trois pays : la Suisse, la Pologne et bien-sûr, la France. En 2010, nouveau rebondissement. Pour la première fois, Roman Polanski est accusé de viol par une deuxième femme, l'actrice britannique Charlotte Lewis. Dix autres personnes disent avoir été abusées sexuellement par le réalisateur, mais tous les faits sont prescrits. Nommé douze fois pour cette 45ème édition, son film devance ainsi ceux de Ladj Ly et de Nicolas Bedos qui repartent avec onze nominations chacun. Le 28 février prochain, le cinéaste franco-polonais devrait donc être logiquement récompensé pour son adaptation de l’affaire Dreyfus.
Après avoir brillé en salles en novembre 2019 avec plus de 1,3 million d'entrées, son film se voit ainsi récompensé par les professionnel.le.s français.es, apparemment décidé.e.s à "distinguer l'homme de l'artiste". Ironie du sort : cette année, deux femmes seront à la tête de la cérémonie, Florence Foresti à la présentation et Sandrine Kiberlain à la présidence. On a hâte de voir comment elles vont gérer ça. Comme pour se justifier de cet acte, et pour se préserver des critiques qui pleuvent déjà sur son institution, Alain Terzian, le président de l’Académie, a déclaré que les César ne devaient pas "avoir des positions morales". Discutable.
Découvrez la liste définitive des nommé.e.s aux Césars 2020 :
Meilleur Film :
La Belle époque de Nicolas Bedos
Grâce à Dieu de François Ozon
Hors normes d’Olivier Nakache et Éric Toledano
J’accuse de Roman Polanski
Les Misérables de Ladj Ly
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin
Meilleur réalisateur :
Olivier Nakache et Éric Toledano pour Hors normes
Ladj Ly pour Les Misérables
Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu
Arnaud Desplechin pour Roubaix, une Lumière
Nicolas Bedos pour La Belle Epoque
François Ozon pour Grâce à Dieu
Roman Polanski pour J’accuse
Meilleure actrice :
Anaïs Demoustier pour Alice et le maire
Eva Green pour Proxima
Adèle Haenel et Noémie Merlant pour Portrait de la jeune fille en feu
Karin Viard pour Une chanson douce
Doria Tillier pour La Belle Époque
Meilleur acteur :
Daniel Auteuil dans La Belle Époque
Damien Bonnard dans Les Misérables
Vincent Cassel dans Hors normes
Jean Dujardin dans J’Accuse
Reda Kateb dans Hors Normes ou Le Chant du loup
Melvil Poupaud dans Grâce à Dieu
Roschdy Zem dans Roubaix, une lumière
Meilleur Acteur dans un Second Rôle :
Swann Arlaud dans Grâce à Dieu
Grégory Gadebois dans J'accuse
Louis Garrel dans J'accuse
Benjamin Lavernhe dans Mon inconnue
Denis Ménochet dans Grâce à Dieu
Meilleure actrice dans un second rôle :
Fanny Ardant dans La Belle Époque
Laure Calamy dans Seules les bêtes
Sara Forestier dans Roubaix, une lumière
Hélène Vincent dans Hors normes
Josiane Balasko dans Grâce à Dieu
Meilleur Espoir Féminin :
Luàna Bajrami dans Portrait de la jeune fille en feu
Céleste Brunnquell dans Les Éblouis
Lyna Khoudri dans Papicha
Nina Meurisse dans Camille
Mama Sané dans Atlantique
Meilleur Espoir Masculin :
Anthony Bajon dans Au nom de la terre
Benjamin Lesieur dans Hors Normes
Alexis Manenti dans Les Misérables
Debri Tsonga dans Les Misérables
Meilleure Adaptation :
Adults in the room, Costa-Gavras
J'accuse, Roman Polanski
J'ai perdu mon corps, Jérémy Clapin
Roubaix, une lumière, Arnaud Desplechin
Seules les Bêtes, Dominik Moll
Meilleur scénario original :
Nicolas Bedos pour La Belle Époque
François Ozon pour Grâce à Dieu
Olivier Nakache et Éric Toledano pour Hors normes
Ladj Ly, Giordano Gederlini et Alexis Manenti pour Les Misérables
Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu
Meilleur Premier Film :
Atlantique de Mati Diop
Au nom de la terre d’Edouard Bergeon
Le Chant du loup d’Antony Baudry
Les Misérables de Ladj Ly
Papicha de Mounia Meddour
Meilleur Film d'Animation :
La fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti
J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin
Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec
Meilleur court métrage :
Beautiful Loser de Maxime Roy
Pile Poil de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller
Le Chant d’Ahmed de Foued Mansour
Chien bleu de Fanny Liatard
Netta Football Club d’Yves Piat
Meilleur Court-Métrage d'Animation :
Ce magnifique gâteau de Marc James Roels et Emma de Swaef
Je sors acheter des cigarettes d’Osman Cerfon
La nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel
Make It Soul de Jean-Charles Mbotti Malolo
Meilleur Film Étranger :
Douleur et Gloire de Pedro Almodovar
Le Jeune Ahmed de Luc et Jean-Pierre Dardenne
Joker de Todd Phillips
Lola vers la mer de Laurent Micheli
Once Upon A Time in Hollywood de Quentin Tarantino
Parasite de Bong Joon-ho
Le Traître Marco Bellocchio
Meilleur documentaire :
68, mon Père et les Clous de Samuel Bigiaoui
La Cordillère des songes de Patricio Guzmán
Lourdes de Thierry Demaizière et Alban Teurlai
M de Yolande Zauberman
Wonder boy Olivier Rousteing, né sous X de Anissa Bonnefont