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Jours tranquilles à Paris
13 mars 2020

Bourses : ça krach de tous les côtés, la BCE impuissante

Par Christophe Alix

lagarde

Christine Lagarde, le 11 février. (Photo V. Kessler. Reuters)

Après avoir annoncé une série de mesures pour endiguer la panique boursière, Christine Lagarde a exhorté la zone euro à apporter une réponse plus «ambitieuse».

Dernière grande banque centrale à réagir à la pandémie mondiale de Covid-19, la Banque centrale européenne (BCE) se sera montrée totalement impuissante jeudi à rassurer les marchés. A peine avait-elle annoncé le maintien de ses taux directeurs que les places européennes sont reparties dans une spirale baissière, précipitant le deuxième krach de la semaine à la Bourse de Paris, bien plus sévère encore que le premier. Il faut dire que la journée avait (très mal) débuté : jeudi matin, Donald Trump annonçait la fermeture des frontières des Etats-Unis pour les trente prochains jours aux voyageurs provenant d’Europe.

«Vendez, vendez»

A la différence des autres grandes banques centrales, la BCE n’a pas touché à ses taux directeurs. Si le principal est déjà à zéro depuis 2016, celui qui s’applique aux dépôts des banques dans ses caisses a été maintenu à -0,50 %. Dans les minutes qui ont suivi, le CAC 40 à Paris, le DAX de Francfort et le FTSE à Londres s’effondraient de plus de 10 %, accentuant un recul qui représente désormais plus d’un tiers de leur valeur depuis le début de l’année. A - 12,28 % en clôture, la place parisienne a même essuyé la pire baisse journalière de son histoire. Le Dow Jones a aussi plongé de 8,22 % à l’ouverture, provoquant une interruption automatique des échanges. Un scénario qui s’est répété à la Bourse de São Paulo (- 11,6 %). «Vendez, vendez, vendez», a résumé un analyste pour qualifier l’état d’esprit du jour ; un autre pronostiquait une «descente aux enfers boursiers» qui devrait continuer à court et moyen termes.

En annonçant toute une série de mesures pour tenter d’endiguer cette panique, la BCE n’est toutefois pas restée inerte. Les Etats et les entreprises, en premier lieu les PME, vont bénéficier de son programme de prêts et de rachats de dette publique et privée rallongé de 120 milliards d’euros d’ici la fin de l’année. Quant aux banques, en première ligne, dont certaines ont déjà perdu plus de la moitié de leur valeur en Bourse ces dernières semaines, elles vont voir leurs règles assouplies et être autorisées à opérer temporairement en dessous des exigences de fonds propres et de liquidités en vigueur.

Challenge

Après cette série d’annonces, la présidente de l’institution, Christine Lagarde, n’a pas vraiment remonté le moral des marchés en évoquant une «considérable aggravation des perspectives de croissance à court terme». L’entrée potentielle de la zone euro en récession «va clairement dépendre de la vitesse, de la force et du caractère coordonné» de la réponse «de tous les acteurs», a-t-elle insisté.

Or à l’écouter, les Etats ont jusqu’ici fait preuve de «lenteur et de complaisance» dans leur réaction face au coronavirus, «en particulier dans la zone euro». Une critique aussi vive qu’inhabituelle de la part de l’institution européenne pour mieux exhorter les Etats à apporter une «réponse budgétaire ambitieuse et coordonnée» lors de la réunion de l’Eurogroupe lundi.

Confrontés au double challenge «d’assumer le défi sanitaire» tout en limitant l’impact économique de la pandémie, les Etats vont devoir prolonger l’action de la BCE, plaide Lagarde, notamment en apportant des garanties supplémentaires sur les crédits. Manière de signifier que l’arme monétaire des banques centrales, déjà très sollicitée ces dernières années, n’est qu’un rempart temporaire pour faire face à des crises d’une telle ampleur.

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