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Jours tranquilles à Paris
19 mars 2020

Coronavirus : bientôt plus de tests, plus rapides, plus sensibles

Par Camille Gévaudan 

L'université d'Oxford a annoncé mercredi avoir mis au point un test «beaucoup plus rapide» qui fait réagir les prélèvement nasaux à une solution.

Le test de diagnostic du coronavirus pratiqué dans les principaux hôpitaux français a été développé par l’Institut Pasteur. Un petit goupillon est introduit dans la narine du patient ayant des difficultés respiratoires, pour prélever des cellules nasales profondes. Le prélèvement est ensuite analysé pour y chercher d’éventuels brins d’ARN – l’acide ribonucléique, proche de l’ADN – appartenant au virus SARS-CoV-2. Son ARN permet de reconnaître ce virus en particulier, comme une signature unique.

On appelle cela un test PCR (réaction en chaîne par polymérase) : la technique consiste à multiplier en des millions d’exemplaires un fragment de génome appartenant à un agent pathogène (un virus) jusqu’à pouvoir le détecter et l’étudier, même dans un très faible échantillon.

Le prélèvement dure quelques secondes, mais la suite est un peu longue : il faut envoyer l’échantillon dans le laboratoire spécialisé le plus proche, situé parfois à l’intérieur même de l’hôpital, mais parfois non. Le ministère de la Santé a indiqué à Libération que 45 établissements en France disposent actuellement d’un laboratoire pouvant procéder à ces analyses. L’analyse repose sur beaucoup de manipulations humaines, et les résultats ne sont pas disponibles avant trois à cinq heures. D’où la rareté des tests actuels, sans compter que la saturation des laboratoires et les arbitrages de priorité peuvent repousser l’annonce du diagnostic à vingt-quatre ou quarante-huit heures après le prélèvement…

Des tests automatisés, une capacité décuplée

Mais d’autres laboratoires travaillent depuis des semaines à élaborer des techniques de test alternatives, plus efficaces, qui sont en cours de déploiement.

Basée en Suisse, la société pharmaceutique Roche vient d’obtenir deux précieux coups de tampon pour son test maison : le marquage CE pour un usage en Europe et une autorisation accordée en urgence par Food and Drug Administration américaine. Alors que le test Pasteur ne peut se faire qu’en laboratoire de recherche, celui de Roche peut être effectué sur des plateformes de test moléculaires nommées «Cobas», sortes de grandes armoires à analyses largement répandues dans les laboratoires de ville – qui ont justement le droit de diagnostiquer le Covid-19 depuis le début de la semaine. «Notre base installée est de 695 machines pour Cobas 6800 et de 132 pour Cobas 8800», détaille un porte-parole de Roche Diagnostics aux Echos.

Le test de Roche donne des résultats en trois heures et demie, mais surtout, il automatise le procédé : détecter le nouveau coronavirus devient un test standardisé de routine, parmi toute une batterie d’autres tests que les laborantins ont l’habitude de pratiquer sur les machines Cobas. Ces dernières sont capables d’analyser de nombreux échantillons en parallèle (une centaine), portant la cadence de diagnostics à 1 000, voire 2 000 ou 3 000 résultats par tranche de vingt-quatre heures selon de modèle de Cobas utilisé. Le potentiel de productivité par rapport aux tests actuels est donc décuplé, au minimum.

Boîtiers magiques

De son côté, la société française BioMérieux travaille depuis mi-janvier au développement d’un test basé sur un échantillon respiratoire, dont une première version devrait être disponible «fin mars» avec des résultats en 4 à 5 heures. «Il sera produit à l’échelle industrielle à Verniolle dans l’Ariège, et vendu dans plus de 160 pays», annonce Mark Miller, directeur exécutif des affaires médicales de BioMérieux.

Mais la vraie avancée arrivera dans un second temps : le test de BioMérieux sera intégré à ses petits instruments automatisés de diagnostic in vitro, ajoutant le SARS-CoV-2 à liste des 22 bactéries et virus respiratoires qu’ils savent déjà détecter. Plus besoin de laboratoire – l’instrument se débrouille tout seul – et les résultats tombent en quarante-cinq minutes seulement. Ces boîtiers magiques seront soumis aux autorités réglementaires dans les prochains mois et «leur lancement aura lieu immédiatement après l’obtention des autorisations», sans doute au cours du second trimestre.

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