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Jours tranquilles à Paris
27 avril 2020

Coronavirus : Jeff Bezos, sujet incontournable en temps de crise

amazon

Enquête - Par Arnaud Leparmentier, New York, correspondant

La mise en confinement des économies avec son cortège de boutiques et centres commerciaux fermés a placé Amazon au centre du jeu. Avec à la clé des couacs. Mais l’occasion est belle pour son fondateur de tenter de restaurer son image.

L’épidémie de coronavirus est survenue, et Amazon était là. Plus puissante que jamais. Dans une Amérique confinée, l’entreprise fondée par Jeff Bezos a changé de nature. L’ancienne librairie Internet de Seattle est presque devenue un service public recentré sur la livraison de produits alimentaires et médicaux de première nécessité. C’est ainsi que le leader américain du commerce par le Net se présente. « Les employés d’Amazon travaillent 24 heures sur 24 pour livrer les produits de première nécessité, à la porte des gens qui en ont besoin », écrivait mi-avril Jeff Bezos, dans sa lettre aux actionnaires. Le propos n’est pas complètement faux, comme le reconnaît le New York Times, dans une enquête pourtant très critique. « Plus le monde se dégrade rapidement, plus l’entreprise est attrayante. L’arrivée du coronavirus, qui a fait du déplacement au supermarché un risque et un supplice, n’a fait qu’accélérer le processus ».

Dans un monde où tout s’écroule, où l’Etat fédéral et la Fed impriment les dollars sans compter pour sauver l’économie, Amazon affiche une santé insolente. Son action a touché mi-avril un plus haut historique de 2 461 dollars (2 282 euros), en hausse d’un tiers depuis le début de l’année. L’entreprise vaut 1 200 milliards de dollars, plus de cent fois ses bénéfices, et la fortune personnelle de son fondateur, qui détient 11,2 % des actions, atteint désormais 145 milliards de dollars. L’homme le plus riche du monde devance largement Bill Gates et Bernard Arnault qui tournent autour de 100 milliards, selon le magazine Forbes : en moins d’un an, Bezos a presque effacé l’accord douloureux de divorce conclu avec son ancienne épouse MacKenzie Bezos, qui avait amputé sa fortune de 38 milliards de dollars.

DANS UN PAYS QUI ADMIRE LES ENTREPRENEURS, BEZOS N’EST QUE LE HUITIÈME PATRON LE PLUS POPULAIRE DES ETATS-UNIS AVEC 26 % D’AVIS FAVORABLES SELON LA SOCIÉTÉ YOUGOV

Dans un pays qui admire les entrepreneurs, Bezos n’est que le huitième patron le plus populaire des Etats-Unis avec 26 % d’avis favorables selon la société YouGov (loin derrière les 58 % de Bill Gates). Sans doute parce qu’il a la réussite brutale des titans du XIXe siècle, John Davison Rockefeller dans le pétrole et Andrew Carnegie dans l’acier. Comme eux, parti de rien, Jeff Bezos a multiplié les coups de génie pour transformer en empire sa librairie Internet fondée en 1994.

Dans les années 2000, il ouvre sa plate-forme à tous les fabricants de la planète, pour devenir un supermarché mondial, et fidélise ses clients en leur promettant une livraison en deux jours au prix de 119 dollars par an. Puis, après la grande récession, il construit des entrepôts gigantesques dans la plupart des Etats américains, alliant robots et ouvriers, pour fournir tous les ménages américains. Mais comme Rockefeller et Carnegie, il a aussi maltraité ses salariés, combattu les syndicats, usé de sa position dominante et laminé ses fournisseurs, en pratiquant ce qui a été qualifié en interne de stratégie du léopard contre la gazelle : épuiser ses proies en commençant par les plus faibles. Dans un curieux aveu, semi-inconscient, Bezos avait rédigé au début de la décennie un mémo baptisé Amazon. love, dans lequel il décrivait ses valeurs et ce qui était « cool ». Un antiportrait des pratiques d’Amazon. Dix ans plus tard, il a une opportunité de changer son image. Sauveur ou profiteur de crise, l’Amérique frappée par le Covid-19 se déchire plus que jamais sur Amazon et son fondateur si controversé.

Il s’était acheté une stature de philanthrope

En février, M. Bezos semblait jouir de sa nouvelle vie privée. On avait vu le propriétaire du Washington Post, bête noire de Donald Trump, à Los Angeles, flanqué de sa nouvelle compagne Lauren Sanchez lors de la soirée des Oscars, à l’occasion du défilé de mode de Tom Ford, aux côtés de la papesse de la mode et patronne de Vogue, Anna Wintour, puis lors d’une soirée donnée par Vanity Fair. Le milliardaire défrayait aussi la chronique immobilière, en achetant à Beverly Hills la villa légendaire du magnat d’Hollywood Jack Warner au milliardaire David Geffen pour 165 millions de dollars, quelques mois après s’être offert un triplex de 80 millions de dollars sur la 5e avenue au cœur de Manhattan.

Il s’était acheté une stature de philanthrope, annonçant qu’il consacrait 10 milliards de dollars à la lutte contre le réchauffement climatique. Il pensait ainsi en avoir fini avec ses salariés qui l’avaient poussé en septembre 2019 à adopter enfin un plan de réduction de ses émissions carbone. Il devisait avec les puissants, envoyant à ses 1,396 million d’abonnés sur Twitter – M. Bezos, lui, ne suit le compte que d’une seule personne, son ex-épouse – le 28 février, une photo de sa rencontre avec Emmanuel Macron, en compagnie de Mme Sanchez, dans les salons de l’Elysée, pour discuter « climat et développement durable ».

En réalité, Jeff Bezos sait à ce moment qu’Amazon a changé de monde. La veille, la direction du groupe a appris qu’un de ses salariés revenu de Milan a contracté le Covid-19. Depuis des semaines. Amazon craignait d’avoir des ruptures d’approvisionnement venu de Chine, où sont fabriqués une grande partie de ses produits, et observait avec inquiétude la ville de Seattle, premier foyer d’infection sur le territoire des Etats-Unis. La direction suspend immédiatement les voyages, y compris à travers les Etats-Unis, ce qui fait d’elle la première à prendre cette décision. Ses entretiens de recrutement ne se déroulent plus que par vidéoconférence. Début mars, les salariés du siège désertent le centre-ville de Seattle et sont invités à passer au télétravail. Jeff Bezos prend les choses en main, anime des réunions quotidiennes en compagnie, notamment, de ses deux adjoints Jeff Wilke et Dave Clark. Pour résoudre la crise et penser le monde d’après.

Deuxième employeur américain

Le blog de l’entreprise fait le récit d’un patron mobilisé sur tous les fronts. Jeff Bezos rendant visite, masqué, à ses salariés dans des entrepôts de sa filiale alimentaire Whole Foods. Jeff Bezos généreux avec sa communauté, qui fait offrir quelque 1 200 ordinateurs aux écoles de Seattle. Jeff Bezos, politique, qui discute logistique avec le gouverneur de l’Etat de Washington, Jay Inslee. Jeff Bezos, au secours de la planète, en vidéoconférence avec le patron de l’OMS pour aider à éradiquer la pandémie. Tout cela n’est pas faux. Amazon apparaît largement comme un recours, alors que 22 millions d’Américains ont perdu leur emploi le premier mois de crise.

Dès la mi-mars, la firme a ouvert quelque 100 000 postes pour pouvoir répondre à la demande supplémentaire, puis 75 000 nouveaux emplois en avril. « L’institutrice de maternelle de Dallas, Darby Griffith, nous a rejoints après la fermeture de son école le 9 mars et elle nous aide à traiter nos stocks. Nous sommes heureux d’avoir Darby avec nous jusqu’à ce qu’elle retrouve sa classe », écrit Bezos, dont l’entreprise est désormais le deuxième employeur américain, derrière Walmart, avec 590 000 salariés directs. Le patron annonce aussi qu’il augmente de 2 dollars, à 17 dollars, le salaire horaire minimal et payera désormais les heures supplémentaires doubles (contre 1,5 fois jusqu’à présent). Accusée pendant des années par Bernie Sanders, le sénateur du Vermont, de verser des « salaires de misère », Amazon avait fini par s’aligner sur les exigences du candidat malheureux à l’investiture démocrate en fixant son salaire minimal à 15 dollars de l’heure, plus de deux fois le minimum fédéral.

Ses détracteurs, telle la militante antitrust Stacy Mitchell, notent qu’Amazon a agi ainsi en raison du plein-emploi, puis pour pallier l’absentéisme qui atteignait 30 % chez ses ouvriers, inquiets de la pandémie. Il n’empêche, les hausses de salaires vont coûter 500 millions de dollars à Amazon sur la période allant jusqu’à la fin avril et le groupe offre des emplois qui font pâlir d’envie certains. C’est le cas de Michelle Caruso-Cabrera, candidate à l’investiture démocrate dans le Queens : l’ancienne journaliste de NBC n’a pas digéré que l’aile gauche du parti, emmenée par la députée sortante Alexandria Ocasio-Cortez, ait refusé, début 2019, l’implantation du siège new-yorkais d’Amazon, sous prétexte qu’elle avait obtenu un rabais fiscal de 3 milliards de dollars.

Mi-mars, la star du e-commerce menace de dérailler

Les 25 000 emplois directs promis par Amazon auraient été bien utiles à sa circonscription qui a perdu le tiers de ses 350 000 emplois en raison de la pandémie. « Les restaurants et les hôtels ont dû fermer, mais un employeur de masse a gardé ses effectifs et embauche même des dizaines de milliers de personnes supplémentaires à travers le pays : Amazon », écrit Michelle Caruso-Cabrera, qui déplore le manque à gagner fiscal alors que la faillite s’annonce à New York.

« La ville et l’Etat de New York auraient reçu 27 milliards de recettes fiscales au lieu de 30. Lorsque les résidents comprendront que les subventions étaient simplement une réduction sur les impôts plutôt que des versements en liquide, ils auront le sentiment d’avoir été embobinés, trahis par Mme Ocasio-Cortez », accuse-t-elle, écrivant en post-scriptum : « Note pour Jeff Bezos : possible de revenir sur votre décision ? ». Jeff Bezos ne reviendra pas sur sa décision, et la gauche démocrate est loin d’être convaincue par Amazon. L’attitude de M. Bezos et des siens n’y est pas étrangère.

En premier lieu, la gestion de la crise a été plus délicate que ne le montrent les apparences. Mi-mars, la star du e-commerce menace de dérailler : la demande des consommateurs américains confinés explose, mais le distributeur peine à s’approvisionner en marchandises et souffre d’un absentéisme de 30 % dans ses entrepôts. Les fournisseurs sont priés de ne plus envoyer de biens non essentiels pour permettre à Amazon de se concentrer sur les biens de première nécessité. Une équipe est mise en place pour expliquer aux consommateurs que leurs commandes non prioritaires mettront longtemps à arriver : une révolution dans une entreprise qui a fait fortune sur la livraison en deux jours.

En dépit de ces efforts et de cette « obsession du consommateur », pour reprendre l’un des slogans historiques de Bezos, l’entreprise n’est pas complètement au rendez-vous. Le supermarché sur Internet, y compris Whole Foods, chaîne spécialisée dans l’alimentation, était soudain mal achalandé. A Manhattan, mi-mars, on ne pouvait pas commander de fruits ni de légumes, tandis qu’Amazon nous informait aimablement que 5 articles avaient été substitués au gré des disponibilités : une petite bouteille d’eau plate au lieu de l’eau gazeuse désirée, des nouilles vermicelles en remplacement des penne. Plus tard dans la semaine, il n’y avait plus de créneau de livraison disponible, et l’on s’est retourné sur Target pour les commandes de nécessité et un réseau de petits commerçants de bouche de Manhattan. Deux semaines après sa commande, un matériel médical n’avait toujours pas été expédié. Mais dans un monde où seul le numérique survit, Amazon, qui présentera ses résultats trimestriels le 30 avril, s’en sortira sans aucun doute.

C’EST DANS LE RAPPORT À SES SALARIÉS QUE L’ENTREPRISE A ÉTÉ LA PLUS CONTESTÉE

Mais c’est dans le rapport à ses salariés que l’entreprise a été la plus contestée. Début mars, Amazon explique à ses employés contaminés qu’ils ont droit à deux semaines de congés maladie. Mais la mesure n’empêchera pas le virus d’entrer dans une cinquantaine d’entrepôts en Amérique du Nord. Premièrement parce que la mesure est mal appliquée par les sous-traitants. Ainsi, le 16 mars, Jeysson Manrique, employé d’une entreprise de livraison, appelle, fiévreux, son chef. Lequel lui demande une photo du thermomètre. Le jeune homme n’en a pas et va donc travailler dans l’entrepôt Amazon du Queens, raconte le New York Times. Deux jours plus tard, son beau-père (qui vit avec lui et travaille chez Amazon) est diagnostiqué positif et les deux hommes mis en quarantaine, tandis que l’entrepôt est désinfecté. Trop tard, le virus est là.

Deuxième problème, au début, Amazon ne payait les congés maladie qu’en cas de quarantaine ou de test Covid positif. « Des employés ont continué d’aller travailler après qu’ils ont présenté les symptômes mais avant d’avoir le retour positif de leurs tests lorsqu’ils deviennent éligibles au congé maladie payé », accuse le New York Times. La pingrerie d’Amazon (11,6 milliards de profits en 2019) suscite un tollé, et elle est accusée de ne même pas respecter la loi fédérale s’imposant aux PME.

Le 23 mars, quinze procureurs emmenés par celle du Massachusetts, Maura Healey, mettent en demeure Jeff Bezos : « En limitant le congé maladie uniquement aux employés diagnostiqués positifs au Covid-19 ou placés en quarantaine, les entreprises [Amazon et Whole Foods] font courir un risque signifiant d’exposition au virus aux autres employés, à leurs clients et au public en général », reprochent la procureure Healey et ses collègues. « Il a fallu la lettre des quinze procureurs pour qu’Amazon bouge », s’afflige Emily Cunningham, qui était jusqu’à Pâques salariée d’Amazon.

Le 2 avril, l’entreprise, qui juge ces critiques « non fondées », annonce sur son blog DayOne avoir adopté 130 mesures nouvelles pour protéger les salariés. Gants, masques, tests de température par centaines de milliers chaque jour… Lentement, l’entreprise se met en ordre de bataille. Mais tout ne se fait pas en un jour. Dans une lettre à ses employés, en mars, M. Bezos reconnaissait que les masques allaient pour l’instant en priorité au personnel médical. Et ceux qui ont sonné l’alarme ont été combattus. Sans merci. C’est le cas d’Emily Cunningham et Maren Costa, deux militantes pro-climat de Seattle, licenciées le Vendredi saint pour avoir voulu organiser une réunion d’information avec des ouvriers des entrepôts par un mail donnant accès au texte d’une pétition.

C’est aussi le cas de Chris Smalls, employé du centre de tri de Staten Island, à New York, où avait eu lieu une tentative de syndicalisation en 2019. Apprenant qu’un de ses collègues salariés avait été testé positif, M. Smalls a demandé l’arrêt de l’entrepôt pour sa désinfection. La direction l’a refusé et l’a mis en quarantaine payée. Le salarié a organisé dans la foulée, le 30 mars, une petite manifestation qui lui a valu d’être licencié, pour avoir brisé son confinement. « Agir m’a coûté mon job », a déploré M. Smalls sur Bloomberg TV. Les Démocrates se sont saisis de l’affaire : la procureure de New York, Letitia James, a dénoncé un licenciement « immoral et insensé », tandis que le maire, Bill de Blasio, a demandé à la Commission des droits humains de la ville « d’enquêter immédiatement sur Amazon ».

La polémique n’a pas gêné M. Bezos outre mesure

La polémique n’a pas gêné M. Bezos outre mesure. Dans un mémo, l’avocat de la firme, David Zapolsky, s’est réjoui cyniquement d’avoir pour figure de proue Chris Smalls lors d’une réunion en présence de Bezos : « Il n’est pas intelligent ou clair, et tant que la presse voudra se concentrer sur “nous contre eux”, nous serons dans une meilleure position que d’avoir à expliquer pour la xième fois comment nous essayons de protéger les travailleurs », écrit Me Zapolsky, qui a proposé de discréditer le mouvement en accusant M. Smalls d’avoir eu une attitude dangereuse, voire illégale. L’homme s’est entre-temps excusé et Amazon tient sa ligne.

« Nous n’avons pas licencié M. Smalls pour avoir organisé une manifestation de 15 personnes, nous l’avons licencié pour avoir mis en danger la sécurité et la santé des autres », nous déclare Amazon, ajoutant qu’il avait reçu « de nombreux avertissements pour avoir violé les règles de distanciation ». Même propos sur Mmes Cunningham et Costa. « Nous défendons le droit de chaque salarié à critiquer les conditions de travail fournies par leur employeur, mais cela ne donne pas une immunité contre les règles internes. Nous avons licencié ces salariées pour violation répétées des règles internes. » Il y a un côté Otto von Bismarck chez Bezos, adoptant in fine des mesures progressistes pour mieux combattre les catholiques et les socialistes.

Les salariées licenciées estiment qu’elles sont à l’origine du mouvement de M. Bezos sur le climat. « La situation s’est améliorée car les gens ont mis la pression sur Amazon », assure Mme Cunningham. Et elles veulent poursuivre leur combat, estimant que la crise Covid-19 est une répétition de la manière dont seront traités les plus faibles lors du réchauffement. Avec sa collègue d’infortune Maren Costa, Emily Cunningham a coorganisé ce vendredi une grève de protestation sur Internet. La participation (quelques centaines) semble dérisoire pour une entreprise de 600 000 salariés, si on la compare aux 48 000 salariés de General Motors qui firent grève pendant quarante jours dans cinquante usines à l’automne 2019. « C’est la plus grande révolte de travailleurs contre Amazon dans l’histoire américaine », rétorque Stacy Mitchell, militante du Maine, qui combat depuis des années ce qu’elle estime être un abus de position dominante d’Amazon.

Il continue de préparer l’avenir de son entreprise

La lutte pour le climat est pour l’instant mise en sourdine, tout comme les accusations d’abus de monopole. Bezos a endossé le beau rôle pour lutter contre les prix exorbitants. « Nous avons retiré 500 000 références de produits pour prix abusifs en raison du Covid-19 et suspendu plus de 6 000 comptes de vendeurs pour avoir violé notre politique de prix équitable », écrit Bezos à ses actionnaires. Pour Stacy Mitchell, qui entend continuer son combat antitrust, « la crise a rendu Amazon plus fort, mais c’est aussi plus visible. C’est une sorte de service public du commerce, qui joue un rôle d’infrastructure essentielle, mais elle n’a pas de supervision. Personne ne conteste le commerce électronique mais il faut une régulation pour être certain que la concurrence est équitable », accuse-t-elle, tout en reconnaissant. « Cela n’arrivera pas demain. »

Bezos, lui, continue de préparer l’avenir de son entreprise. Il avait profité de la récession pour implanter ses centres de tri dans tout le pays alors éprouvé par la grande crise financière de 2008. Il s’annonce comme un des gagnants incontestés de 2020, alors qu’il a investi, en 2019, 36 milliards de dollars en recherche et développement, plus de la moitié de la recherche faite en France. Dans sa lettre aux actionnaires, M. Bezos cite Dr. Seuss, nom de plume de Theodor Seuss Geisel, auteur pour enfants : « Quand quelque chose de mauvais survient, vous avez trois choix : vous pouvez le laisser vous définir, le laisser vous détruire ou le laisser vous renforcer. » Et d’ajouter : « Je suis très optimiste sur laquelle de ces civilisations nous allons choisir. »

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