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Jours tranquilles à Paris
22 mai 2020

En avril, 8,6 millions de salariés français ont été réellement placés au chômage partiel

Par Bertrand Bissuel - Le Monde

Tout en constituant un record, le chiffre est un peu inférieur aux ordres de grandeur évoqués par le gouvernement.

Le nombre de personnes au chômage partiel a atteint un sommet, mais pas aussi élevé que ce que pourrait suggérer la communication gouvernementale. Tel est l’un des principaux enseignements d’une note diffusée, mercredi 20 mai, par la Dares − la direction des études du ministère du travail.

Le dispositif, mis en place à très grande échelle pendant le confinement pour éviter des licenciements en cascade, a concerné quelque 8,6 millions de salariés du privé en avril. Tout en constituant un record, cette donnée est inférieure aux chiffres évoqués par l’exécutif à la fin du mois concerné.

Cette distorsion tient aux procédures en vigueur. Le pouvoir en place s’est, en effet, prévalu du nombre d’individus que les patrons mentionnent dans la demande d’autorisation préalable pour bénéficier de la mesure. Or, ces indications sont souvent supérieures aux effectifs réellement pris en charge. Ainsi, en avril, 11,8 millions de salariés « étaient susceptibles d’être placés » en chômage partiel, compte tenu des demandes d’autorisation enregistrées à la mi-mai. Ceux qui ont effectivement basculé dans le dispositif s’avèrent, finalement, moins nombreux (8,6 millions).

« Réduction des débouchés et des commandes »

Grâce à ce mécanisme, quelque 832 millions d’heures de travail ont été chômées (soit « 2,8 semaines à 35 heures, par salarié en moyenne »). Les trois secteurs « les plus représentés » sont le commerce (1,6 million de salariés), les services aux entreprises (1,4 million) et la construction (1,1 million), d’après la Dares.

Il s’agit d’« estimations », calculées en croisant plusieurs sources d’information. Elles seront peut-être « révisées et doivent (donc) être considérées avec prudence, car elles reposent sur des hypothèses concernant le comportement » des entreprises, souligne la note.

Les raisons invoquées pour recourir au chômage partiel se sont modifiées, entre mars et avril. « L’impossibilité de maintenir l’activité en assurant la sécurité des salariés est moins fréquemment évoquée », écrit la Dares. A l’inverse, « la réduction des débouchés ou des commandes » et « la fermeture obligatoire dans le cadre des restrictions de certaines activités » sont plus souvent mises en avant.

Quel est le coût d’une telle mesure ? Un coin du voile a été levé, dans une enquête publiée le 12 mai par l’Unédic, l’association paritaire qui gère l’assurance-chômage : fin avril, les dépenses réelles de chômage partiel atteignaient 2,3 milliards d’euros « au titre du mois de mars ». Une somme qui devrait encore s’accroître, notamment parce que les dirigeants de sociétés disposent d’un an pour formuler la demande d’indemnisation à laquelle ils ont droit.

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