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Jours tranquilles à Paris
9 septembre 2020

Vu de l'étranger - Au procès Charlie, l'"effroi" et la "détresse" des survivants de la tuerie

charlie tout ca

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Au procès des attentats de janvier 2015, des survivants de la tuerie de Charlie Hebdo ont replongé mardi devant la Cour d’assises spéciale dans “l’horreur” du carnage.

“Je me suis sentie coupable”, retient El Universal, au Mexique. “J’attends la justice – la loi des hommes est la règle, pas la loi de Dieu”, pour The Daily Mail, au Royaume-Uni. “Dans la société, il y a des gens qui baissent leur froc !”, titre pour sa part Le Soir, en Belgique. Plusieurs quotidiens étrangers relayaient, mardi 8 septembre, les mots de la dessinatrice de Charlie Hebdo Corinne Rey, dite “Coco”, au cinquième jour du procès des attentats de janvier 2015 devant la cour d’assises spéciale de Paris.

Cette survivante de la tuerie a décrit dans l’après-midi, à la barre, comment, le 7 janvier 2015, “des terroristes islamistes l’ont forcée à ouvrir la porte des bureaux de l’hebdomadaire satirique sous la menace d’une arme alors qu’ils arrivaient pour assassiner 11 personnes”, relate le journal britannique The Guardian. Mise en joue par les frères Chérif et Saïd Kouachi “armés jusqu’aux dents”, c’est elle qui a composé le code de la porte d’entrée. “Je savais que c’était une kalachnikov”, a confié Coco, en racontant sa longue “ascension dans l’escalier” jusqu’à l’entrée de Charlie Hebdo.

Ils m’ont dit: ‘on veut Charlie, on veut Charb’. J’étais dévastée, comme dépossédée de moi, je n’arrivais plus à rien. J’ai avancé vers le code et je l’ai tapé (…). Je sentais que les terroristes approchaient de leur but, je sentais une excitation à côté de moi.”

“Coco ébranlée, dévastée, mais debout”

Corinne Rey, 38 ans, a “les larmes aux yeux” mais la voix “claire”, selon les mots du Daily Mail. “Ses mots résonnent d’une force incroyable et plongent la salle d’audience dans une émotion bouleversante. Elle raconte (…) le bruit sec des balles : ‘Tac tac’”, rapporte l’envoyée permanente à Paris du Soir. Des moments de “terreur pure”, résume le Washington Post, aux États-Unis.

Je ne suis pas blessée, je n’ai pas été tuée. Mais cette chose absolument effroyable, je la vivrai jusqu’à la fin de mes jours. C’est l’impuissance qui est le plus dur à traverser. Je me suis sentie coupable. Personne ne peut être à ma place. Personne ne pourrait s’imaginer ce que c’est. Cette fulgurance, ces armes. Ce sang-froid qu’ils avaient. Ils étaient portés par une idéologie. Ils voulaient tuer.”

Puis Coco se reprend, selon le récit du Soir, et proclame d’une voix forte :

Les seuls coupables, ce sont les terroristes islamistes et leurs complices. (…) Dans la société, il y a des gens qui baissent leur froc devant une idéologie. Si j’ai voulu parler à ce procès, c’est aussi pour ça.”

“Des mots pour l’histoire, dans ce procès où les caméras tournent. Mais qui interpellent aussi aujourd’hui. (…) Coco ébranlée, dévastée, mais debout”, commente le quotidien belge.

“L’un des chapitres les plus douloureux de l’histoire de France”

Son témoignage est suivi par celui d’Angélique Le Corre, responsable des abonnements, qui dit aujourd’hui se sentir “plus forte” et “pas terrorisée”. Puis de Sigolène Vinson. Cette ancienne avocate, qui tenait une chronique dans Charlie Hebdo, s’est “effondrée” à la barre, écrit The Guardian :

Le tireur avait son arme contre mon front. (…) J’ai accepté que j’allais mourir et je me suis dit que c’était mon tour. J’ai pensé à mes proches. Une balle dans la tête, c’est rapide. J’attendais qu’il me tue. (…) il a dit que s’il me sauvait, je devais lire le Coran. Il a dit qu’il ne tuait pas les femmes.”

Jean Cabut, dit Cabu, 76 ans, Georges Wolinski, 80 ans, et Stéphane “Charb” Charbonnier, 47 ans, qui “comptaient parmi les dessinateurs français les plus célèbres”, ont tous perdu la vie dans le massacre, rappelle le Daily Mail. Laurent Sourisseau, dit Riss, qui a été blessé par balle mais a survécu, est désormais directeur de la publication de Charlie Hebdo. Le procès, qui a débuté le 2 septembre, ajoute le tabloïd, “devrait se poursuivre jusqu’en novembre, rouvrant ainsi l’un des chapitres les plus douloureux de l’histoire de France.”

charlie458

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