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Jours tranquilles à Paris
12 septembre 2020

Faut-il laisser les bateaux à quai pour protéger les dauphins ?

La Commission européenne réclame des mesures immédiates à la France et à l’Espagne. Photo Pascal Bodéré

Aticle de Jean Le Borgne

Depuis le début de l’été, les captures accidentelles de dauphins se multiplient dans le golfe de Gascogne. Menacés d’un arrêt d’activité, les pêcheurs bretons appellent à dépassionner le débat.

Les images de Sea Shepherd ont tourné en boucle tout l’été pour pointer du doigt les prises accidentelles de dauphins communs dans le golfe de Gascogne. Elles sont jugées trop nombreuses par Bruxelles. Après avoir entendu la plainte commune de 26 ONG et les recommandations du Ciem, la Commission européenne réclame des mesures immédiates à la France et à l’Espagne, évoquant la possibilité d’une fermeture de la pêche d’au moins deux semaines pour les bateaux concernés du golfe de Gascogne : fileyeurs, chalutiers pélagiques et bolincheurs.

Sur les quais, la menace d’un arrêt forcé inquiète, conduisant les organisations professionnelles à multiplier les initiatives pour tenter de désamorcer la situation. Des pêcheurs soutenus par plusieurs élus locaux, à l’image de la maire de Penmarc’h (29), Gwénola Le Troadec, qui alertait Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique.

« Il faut dépassionner le débat », martèle Olivier Le Nezet, le président du comité régional des pêches. Les captures accidentelles de dauphins, licites lorsqu’elles sont déclarées, les pêcheurs ne les contestent pas. Depuis le début de l’année, les échouages se sont multipliés en baie d’Audierne portant à 128 le nombre de dauphins morts retrouvés sur la côte. Les autopsies réalisées par l’observatoire Pelagis ont conclu à une capture accidentelle dans 75 à 80 % des cas. Au total, plus d’un millier de dauphins communs se sont échoués en huit mois sur la façade atlantique.

La conséquence, pour les pêcheurs, d’un déplacement des quelque 200 000 dauphins communs du golfe vers les côtes. Une situation qu’Olivier Le Nezet attribue à la prolifération d’anchois, une espèce longtemps interdite à la pêche et aujourd’hui boudée, faute de rentabilité. Le problème n’est pas nouveau. « Ça ne nous fait pas plaisir de pêcher un dauphin. Le problème c’est qu’on a besoin des scientifiques pour comprendre ce qu’il se passe », souligne-t-il.

Une perte chiffrée à 20 M€

À Lorient comme dans le Pays bigouden ou à Concarneau, la menace d’une interdiction de la pêche fait craindre une énième période difficile. Le comité national des pêches a chiffré les pertes entre 7 et 10 M€ pour les quelque 500 bateaux concernés ; à près de 20 M€ pour la filière.

Une mesure que les pêcheurs estiment injustifiée si elle venait à être appliquée. À Lorient, trois paires de chalutiers pélagiques ont été équipées de pingers, un système de répulsif acoustique, en 2018. Le dispositif a été généralisé l’an passé sur la flottille, réduisant de 65 % le nombre de captures accidentelles.

Et un nouveau programme, baptisé Licado, a été lancé il y a un an par le Comité régional des pêches pour équiper les fileyeurs. Les premiers tests ont été réalisés cet été à la pointe de Penmarc’h. La preuve, pour les pêcheurs dans l’attente d’une décision favorable du gouvernement, de leur bonne volonté.

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