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Jours tranquilles à Paris
22 septembre 2020

Michael Lonsdale est décédé

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"Hibernatus", "Moonraker", "Des hommes et des dieux" : Michael Lonsdale ou l'exigence d'un acteur populaire

Entre théâtre et cinéma durant toute sa longue carrière, Michael Lonsdale qui vient de disparaître, a servi les auteurs les plus pointus, comme Marguerite Duras, et les plus populaires, tel Edouard Molinaro.

C'est un immense comédien qui vient de nous quitter. Michael Lonsdale est mort à l'âge de 89 ans, a appris franceinfo auprès de son agent, lundi 21 septembre. Pour tous les Français, il restera notamment le moine dans Le nom de la Rose et le Frère Luc Dochler dans Des hommes et des dieux, l'un des moines de Tibhirine assassinés. Deux rôles qui ont fait écho à sa foi qu'il a toujours revendiquée.

Michael Lonsdale n’a eu de cesse de passer du théâtre au cinéma et inversement. Il s’est distingué à l’écran par son éclectisme, dirigé par Jean-Pierre Mocky ou Marguerite Duras, ou passant du rôle d'un prêtre sado-maso chez Luis Buñuel, à celui du méchant dans un James Bond. Au théâtre, sa préférence allait aux auteurs contemporains, tel Dürrenmatt, Beckett ou Ionesco, signant lui-même quelques belles mises en scène jusqu’en 2016.

Dans la cour des grands

Né à Paris en 1931, Michael Lonsdale était d'origine franco-britannique. Il démarre comme animateur d’émissions enfantines en 1943 au Maroc. A son retour en France en 1946, il est repéré par Roger Blin qui l’initie à l’art dramatique.

A 22 ans, il se convertit au catholicisme, un tournant dans sa vie. Elève du cours Tania Balachova à Paris, il est dirigé au théâtre par Raymond Rouleau, Christian Gérard ou François Billetdoux à partir de 1955, puis par Laurent Terzieff en 1961. Parallèlement, il joue les seconds rôles au cinéma avec Michel Boisrond, Michel Deville, Gérard Oury, puis multiplie les projets avec Jean-Pierre Mocky.

La révélation Truffaut

Les rôles au cinéma comme au théâtre s’enchaînent. Il joue ainsi le prêtre dans Le Procès d’Orson Welles (1962), le résistant Jacques Debû-Bridel dans la fresque de René Clément Paris brûle-t-il (1966), et passe de La Dénonciation de Jacques Doniol Valcroze (1961) à Jaloux comme un tigre de et avec Darry Cowl (1964).

Mais c’est François Truffaut qui va véritablement l’inscrire dans la mémoire des spectateurs. Ils tournent ensemble successivement La Mariée était en noir (1967), avec Jeanne Moreau et Michel Bouquet, et Baisers volés (1968), troisième volet de la saga Antoine Doinel, avec Jean-Pierre Léaud, où il interprète l’époux de Delphine Seyrig, honni de ses employées. Il incarne à la perfection ce rôle antipathique de snob précieux et élégant.

Michael Lonsdale est désormais demandé de toutes parts, l'acteur se prêtant toujours au jeu, comme dans Hibernatus (1969) de Edouard Molinaro, où il croise Louis de Funès.

Marguerite Duras versus James Bond

Passer en revue la filmographie de Michel Lonsdale à partir des années 1970 revient à revisiter une bonne partie du cinéma français et européen. Il reste des plus fidèles à Jean-Pierre Mocky, et est appelé par Alain Resnais dans Stavisky avec Jean-Paul Belmondo (1974), par Luis Buñuel dans Le Fantôme de liberté (1974), par Costa Gavras dans Section spéciale (1975), et par Joseph Losey dans Monsieur Klein, avec Alain Delon (1976)…

De ces années deux rôles marqueront les spectateurs : celui du vice-consul de Lahore dans India Song de Marguerite Duras (1975), où il retrouve sa chère Delphine Seyrig, et le mégalomane de service Hugo Drax dans Moonraker (1979), 11e James Bond, avec Roger Moore. Michel Lonsdale confiera s’être amusé comme un fou sur le tournage, dirigé par le vétéran de la série, Lewis Gilbert.

Acteur courtisé

La suite de la filmographie de Michael Lonsdale reste fidèle à ce mélange d’avant-garde et de cinéma populaire. Il joue dans le film devenu culte Les Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz de Catherine Binet (1981), mais aussi dans Le Bon roi Dagobert de Dino Risi (1984), avec Coluche. Un rôle emblématique l’attend dans Le Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud (1986), au côté de Sean Connery, puis on le retrouvera dans Les Vestiges du jour de James Ivory au côté d'Anthony Hopkins et Emma Thompson (1993). Ces prestations à l’international, dans de grandes productions, s’accompagnent de comédies françaises comme Ma vie est en enfer de Josiane Balasko, où il est l’ange Gabriel, et de films plus intimistes tel Nelly et Monsieur Arnaud (1995), où l’acteur rencontre enfin Claude Sautet au côté de Michel Serrault. Théâtre et cinéma se rencontrent dans l’adaptation de Don Juan de Molière par Jacques Weber (1998), où il est Don Luis. Les grands réalisateurs le sollicitent comme Steven Spielberg dans Munich (2005) ou Milos Forman pour Les Fantômes de Goya (2006). Dans tous ces longs métrages il se contentait de quelques apparitions, pourtant toujours très remarquées.

Des hommes et des dieux

En 1999, il joue Théon d’Alexandrie dans le magnifique Agora de Alejandro Amenábar. Le film relate la confrontation des premiers chrétiens d’Egypte avec les tenants du polythéisme.

La dernière décennie de l’acteur est marquée par l’affirmation de son catholicisme dans sa vie privée, mais aussi par le plus grand rôle de sa fin de carrière. Xavier Beauvois fait appel à lui pour incarner le Frère Luc Dochler dans Des hommes et des dieux (2010) qui retrace l’enlèvement avant l’assassinat en 1996 en Algérie des sept moines cisterciens de Tibhirine. Son interprétation lui vaudra le César du meilleur second rôle en 2011.

Il joue également un vieux prêtre dans Le Village en carton de Ermano Olmi (2011). L’ecclésiastique transforme une église désaffectée en un lieu d’accueil pour les sans-abris et les plus démunis, en lui redonnant sa fonction première et chrétienne. Un rôle en accord avec ses convictions.

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