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Jours tranquilles à Paris
28 septembre 2020

Synthèse - Elections sénatoriales : sans surprise, la droite renforce son influence au Sénat

senat composition

Par Sarah Belouezzane, Mariama Darame - Le Monde

Le groupe Les Républicains, qui remettait en jeu dimanche 76 sièges sur les 144 qu’il détenait, parvient même à en gagner six, selon les premières projections.

C’est une victoire sans surprise mais qui n’enlève en rien le sentiment d’une campagne bien menée à droite. A l’issue des élections sénatoriales, dimanche 27 septembre, la droite conforte son ascendance historique sur la Chambre haute. Au Sénat, ce sont les élus Les Républicains (LR) et ceux de l’Union centriste qui raflent la majorité des sièges lors de ces sénatoriales, où la moitié de la chambre est renouvelée sur 348 sièges et dans 53 circonscriptions.

Le groupe LR, qui remettait en jeu 76 sièges sur les 144 qu’il détenait, parvient même à en gagner six, selon les premières projections. Exemple phare de la victoire des Républicains, la circonscription des Alpes-Maritimes où la liste LR, emmenée par Dominique Estrosi Sassone, obtient l’ensemble des cinq sièges de sénateur, une première. La députée LR Valérie Boyer devient sénatrice des Bouches-du-Rhône.

Quant à l’Union centriste, ce sont deux sénateurs de plus qui rejoignent ses rangs, passant de 51 à 53 élus. « Cette élection, dans un contexte sanitaire, économique et social inédit, vient conforter la majorité sénatoriale de la droite et du centre », a congratulé Gérard Larcher (LR) quelques heures après les premiers résultats officiels, dans un communiqué.

Préservation des équilibres

L’effervescence habituelle des soirées électorales au Palais du Luxembourg a laissé place cette année à une ambiance plus morose du fait des restrictions sanitaires liées au Covid-19. Quelques sénateurs, tous bords confondus, avaient néanmoins fait le déplacement pour suivre les résultats depuis la salle ornementée des conférences.

Pour beaucoup, l’enjeu principal de ces sénatoriales n’était pas tant le maintien de la majorité à droite que la préservation des équilibres déjà constitués. Face à une Assemblée nationale tenue par la majorité présidentielle et son groupe La République en marche (LRM), le Sénat dominé par la droite souhaite plus que jamais continuer à affirmer son rôle de contrôle et d’évaluation de l’action de l’exécutif. Et surtout rappeler qu’il représente la voix des collectivités territoriales dans ce rapport de force. « Au-delà de l’agitation médiatique et des étiquettes de partis, nous voyons bien aujourd’hui que c’est l’ancrage territorial qui prime avant tout », lance Jean-François Husson, sénateur LR de Meurthe-et-Moselle.

Les résultats des sénatoriales font émerger un clivage saillant entre la droite et la gauche. Le Parti socialiste perd quelques députés au profit du Parti communiste et des écologistes qui reforment un groupe. Et ils remettent une fois de plus en lumière le manque d’implantation locale du parti présidentiel LRM. « La France des territoires représentés par les élus locaux et les corps intermédiaires expriment à nouveau un message d’alerte à l’endroit du gouvernement. Les élus sont essorés par la crise sanitaire. Ils demandent un état plus stable avec un pouvoir régalien plus affirmé », estime M. Husson.

La sénatrice LR des Hauts-de-Seine Christine Lavarde affirme que « le Sénat va pouvoir garder sa capacité à être un contre-pouvoir ». Le succès de la droite aux sénatoriales est « la conséquence logique des municipales », selon Mme Lavarde. Pour le président du parti, Christian Jacob, le groupe LR a su préserver son ancrage territorial avec près de 60 % des villes de plus de 9 000 habitants sous son giron. L’ensemble des quelque 87 000 grands électeurs appelés aux urnes dimanche étaient majoritairement des représentants de conseils municipaux.

Le jeu politique français

Dans les prochains jours, le groupe devra se doter d’un nouveau président. Le sénateur sortant et largement réélu en Vendée avec 70 % des voix, Bruno Retailleau, espère être reconduit à la tête du groupe. Le président LR du Sénat, Gérard Larcher a annoncé lui aussi être candidat à sa succession le 1er octobre.

Si la droite est dimanche confortée au Sénat, le Sénat ressort lui aussi conforté au sein de la droite. Le groupe au Palais du Luxembourg est aujourd’hui plus important en nombre que celui qui siège à l’assemblée nationale. A cela s’est ajoutée ces dernières années une importance de plus en plus croissante du Sénat dans le jeu politique français. Ce sont d’ailleurs les sénateurs qui ont mené à bien la commission d’enquête parlementaire la plus crédible dans l’affaire Alexandre Benalla.

« C’est ici que ça se passe et ici que l’opposition réussit le mieux à se faire entendre », relève Hervé Marseille, sénateur UDI des Hauts-de-Seine. « La majorité sénatoriale conforte aujourd’hui son avance pour que vive le bicamérisme. Nous sommes le seul contre-pouvoir en France ! », se réjouit le sénateur de Paris Pierre Charon. « Il y a six ans, je devais toujours justifier l’existence du Sénat. Aujourd’hui, tout le monde a compris son importance dans le débat politique », abonde Bruno Retailleau.

Dans ce contexte, difficile pour la direction du parti de faire fi des desiderata des deux hommes forts de la soirée, Gérard Larcher et Bruno Retailleau, pour le choix du futur candidat du parti à l’élection présidentielle. Si M. Larcher a plutôt parlé de « système de départage » pour choisir l’homme ou la femme providentiel de la droite, M. Retailleau s’est à plusieurs reprises exprimé publiquement en faveur d’une primaire ouverte. Primaire dont ses adversaires au sein du parti ne veulent pas, craignant qu’il puisse la remporter.

Gérard Larcher était certes déjà une figure tutélaire mais, « quand les sénateurs, et notamment Retailleau, se présenteront au bureau politique et exprimeront leurs volontés, ça n’aura pas le même impact qu’avant », anticipe un élu. D’autant, analyse un autre que l’image de Bruno Retailleau est « très bonne parmi ses camarades au Sénat qui n’ont pourtant pas la même ligne que lui ». « Retailleau est apprécié au sein du groupe car il étudie les dossiers à fond, il est technique et bon orateur », poursuit ce cadre.

En somme ceux qui, au sein du parti, veulent que s’impose un candidat « naturel » devront composer avec leurs élus au Sénat dont certains ne voient pas les choses de la même manière.

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