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Jours tranquilles à Paris
1 octobre 2020

Les associations saluent la fin des animaux sauvages dans les cirques et delphinariums

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Photo : Jacques Snap. Lion dans un petit cirque itinérant en été de passage à Erdeven.

Par Mathilde Gérard - Le Monde

La ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé mardi la fin progressive des spectacles itinérants mettant en scène fauves, primates ou cétacés, ainsi que l’interdiction, sous cinq ans, des élevages de visons.

« Fauves, éléphants, singes, dauphins ou visons : il est temps d’ouvrir une nouvelle ère dans notre rapport à ces animaux. » La ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé, mardi 29 septembre, une série de mesures sur la faune sauvage détenue en captivité : fin progressive des animaux sauvages dans les cirques itinérants et des spectacles avec orques et dauphins et, interdiction, d’ici cinq ans, des élevages de visons d’Amérique pour leur fourrure.

Ces annonces, dont le cadre formel – arrêté, décret ou loi – n’a pas été précisé, interviennent plus d’un an après des consultations sur ces sujets avec les associations et professionnels concernés, lancées au printemps 2019 sous l’égide du ministre alors chargé de la transition écologique, François de Rugy. Tandis que les conclusions du gouvernement étaient attendues à l’automne 2019, sa successeure, Elisabeth Borne, n’avait pas tranché ce dossier épineux. C’est finalement la nouvelle occupante de l’hôtel de Roquelaure, Barbara Pompili, qui a arbitré en faveur de la fin de l’activité des delphinariums et d’une transition vers des spectacles sans animaux pour les cirques.

« C’est un grand jour, une avancée historique. Cette décision acte le fait que nous avons actuellement la dernière génération d’animaux sauvages détenue dans les cirques itinérants », s’est félicitée Amandine Sanvisens, présidente de l’association Paris Animaux Zoopolis, qui a participé à la concertation en 2019. Les organisations de défense des animaux, de PETA à la Fondation Droit animal, en passant par L214, se sont unanimement réjouies de ces annonces. L’association One Voice, pour qui les mesures « vont dans le bon sens », s’inquiète toutefois du manque de précisions sur les modalités et le calendrier prévus. « Ces annonces arrivent après plus d’un an d’attente. Ce ne serait pas inquiétant si elles n’étaient pas si floues », a indiqué dans un communiqué sa présidente, Muriel Arnal.

« Couteau dans le dos »

« On nous plante un couteau dans le dos, a pour sa part réagi William Kerwich, directeur de cirque et président du Syndicat des animaux de cirque et de spectacle. Notre profession est déjà très affaiblie par la crise sanitaire. On nous parle d’un accompagnement sur cinq ans, mais c’est aujourd’hui que nous avons besoin d’aide, pour nos professionnels et pour subvenir aux besoins des animaux. » Le directeur du Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes) a lui aussi dénoncé une décision « injuste et injustifiée », tandis que le parc Astérix a indiqué « prendre acte de ces déclarations ».

La ministre a fixé un horizon à deux ans pour la fin de l’activité des quatre orques et sept à dix ans pour les dauphins répartis dans les différents parcs d’attraction français. Concernant les cirques, la ministre, qui a rencontré les professionnels vendredi 25 septembre, leur a donné « une fourchette » mais n’a pas souhaité communiquer de date butoir. « Mettre une date ne résout pas tous les problèmes, je préfère mettre en place un processus pour que ça arrive le plus vite possible », a justifié Barbara Pompili. Selon M. Kerwich, la ministre leur a fait part d’un horizon à cinq ans.

Sous pression des associations, qui militent sur ces sujets depuis des dizaines d’année, et d’une opinion publique de plus en plus sensible à la cause animale, le gouvernement a présenté ces mesures quelques jours avant l’examen à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi sur la condition animale portée par le député Cédric Villani (Groupe Ecologie, démocratie et solidarité, EDS). Un projet de référendum d’initiative partagée, lancé au début de l’été par des associations et des chefs d’entreprise, a par ailleurs réuni à ce jour 770 000 signatures et le soutien de 141 parlementaires (180 signatures d’élus seront nécessaires pour enclencher le processus). Parmi les six propositions contenues dans le projet, figurent l’interdiction des élevages pour la fourrure, et celle des spectacles avec animaux sauvages dans les cirques.

« Tout le monde bougeait sur ces questions, sauf le gouvernement qui n’arrivait pas à prendre des décisions et enchaînait depuis trois ans concertations et groupes d’études », a réagi le député EDS Matthieu Orphelin, relevant la proximité de ces annonces avec l’examen en commission des affaires économiques, jeudi 1er octobre, du texte porté par son groupe parlementaire. « On les a forcés à sortir de l’inaction et on assume de les avoir forcés à bouger. »

Quelques centaines d’animaux concernés

Selon les chiffres du ministère, les mesures annoncées affecteront 80 cirques itinérants en France, pour environ 250 animaux – il n’existe toutefois pas de recensement précis par espèces des animaux concernés, pourtant demandé par les associations –, trois parcs delphinariums et quatre élevages de visons encore en activité.

Le gouvernement assure que les professionnels seront accompagnés à hauteur de 8 millions d’euros, pour assurer la reconversion des salariés concernés (soignants et dresseurs notamment) et trouver des solutions de refuge pour les animaux concernés. N’ayant connu que la captivité pour la plupart, ils ne peuvent être remis directement en liberté et des refuges et sanctuaires marins pour les cétacés sont à l’étude. Mais l’enveloppe d’aide annoncée paraît dérisoire à M. Kerwich : « La ministre est en train de se moquer de nous. Pourra-t-on organiser des spectacles à Noël ? Qui va s’occuper de nos animaux ? Comment vont faire nos soignants ? Les dresseurs doivent-ils s’improviser clowns ? Dès aujourd’hui, des grandes villes refusent de nous recevoir. On a besoin de réponses plus concrètes. »

Dans sa présentation, Barbara Pompili a appelé les quelque 400 collectivités qui ont pris des arrêtés ces dernières années contre l’installation de cirques itinérants avec animaux à ne pas fermer leurs portes. « On demande un énorme effort de transition à la profession. On doit plutôt les aider que les stigmatiser », a insisté la ministre.

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