A la tête de l'équipe Mitsubishi,
Dominique Serieys vise une 7e victoire consécutive au Dakar. Pour le manager
français, la stabilité des effectifs est à l'origine de cette excellence.
Mitsubishi est l'équipe à battre.
Ressentez-vous une pression supplémentaire avant de viser une septième victoire
en sept ans ?
Dominique Serieys : Je suppose
que notre succès a créé une pression propre à maintenir les standards élevés
que nous avons atteints dans le passé. Nous avons pris part au Dakar depuis 25
ans sans ininterruption et nous restons sur six victoires de suite. Ce record
parle de lui-même.2006 a été très dure pour le team. Nous avons développé une nouvelle voiture, nous
avons souffert de la perte tragique de Henri Magne en juin, et en termes
sportifs nous avons eu affaire à une équipe Volkswagen très forte. La pression
est vraiment perceptible. Mon objectif personnel est de gagner pour dédier
cette victoire à Henri.
Les tests avec le Pajero MPR13 se
sont très bien passés. Quels sont les points forts de la nouvelle voiture ?
D.S. : La facilité de conduite et la stabilité. Les autres points
clé sont le spacieux cockpit et les améliorations réalisés pour
le confort du pilote et du co-pilote.
Quel est le secret d'une victoire
au Dakar ?
D.S. : L'expérience et
l'engagement sont les paramètres les plus importants. Nous sommes parvenus à
conserver une solide unité ces dernières années, avec des équipages stables et
constants. Je pense que nous avons les meilleurs pilotes et co-pilotes et, conjugué
au travail d'arrache-pied d'équipes enthousiasmes à Pont de Vaux et au Japon,
cela fait de nous une très solide famille avec un esprit d'équipe génial.
Votre stratégie sera-t-elle
similaire à 2006 ?
D.S. : L'élément clé sera notre
stratégie de course. Je serai un team manager tranquille, spécialement au
départ. Je ne mettrai pas de pressure supplémentaire sur nos pilotes et je
serai réactif ; je ne prendrai de décision importante que si le besoin s'en
fait sentir ou si les circonstances changent. Etre team manager sur le Dakar
est très différent de l'être sur les 24 Heures du Mans ou en WRC. Le Dakar est
imprévisible, on ne peut définir de stratégie.
Qu'est-ce qui fait un bon
directeur d'équipe ?
D.S. : Un bon team manager a
besoin d'être calme, professionnel, stable, et capable d'anticiper les
situations. Il doit aussi être un businessman.
A quel point a été important le
test final à Dubaï avec la nouvelle voiture ?
D.S. : Dubaï a été la dernière
course avant le Dakar, l'opportunité pour Stéphane [Peterhansel] de piloter le
nouveau Pajero et pour Hiroshi [Masuoka] et Luc [Alphand] de gagner de de
l'expérience à son volant. Cela a aussi été l'occasion pour 'Nani' Roma de
faire 1.500 à 2.000 km de tests. Ne pas être allé à Dubaï n'affectera peut-être pas le résultat final
du Dakar mais c'était une opportunité de faire des tests de dernière minute.
Est-ce un gros avantage de
repartir avec les quatre mêmes pilotes ?
D.S. : C'est sûrement l'une de
nos forces principales. Nous avons quatre des meilleurs au monde. J'ai foi en
eux. Il n'y a rien de pire pour un pilote de ne pas savoir s'il a un contrat
pour l'année suivante. Nos pilotes sont fixés, employés à l'année et peuvent se
concentrer sur leur tâche.
Le tracé 2007 paraît très
difficile. Où pensez-vous que la course se gagnera ou se perdra ?
D.S. : La Mauritanie sera la clé. Pour nous, suivre
les voitures de tête pendant la traversée du Maroc ne sera pas un problème, du
moment que nous seront proches. Une fois que l'épreuve entrera en Mauritanie, la
course débutera vraiment. Gagner des étapes pour deux minutes en Europe ou au
Maroc n'est pas représentatif car nous parlons de paquets de minutes voire
d'heures en Mauritanie. Je serai patient et j'observerai.
BMW et Volkswagen ont travaillé
dur, les Buggies sont très rapides. D'où va venir le plus gros danger ?
D.S. : De Volkswagen, assurément.
Giniel de Villiers est un pilote de haut niveau, Carlos Sainz et Mark Miller
sont extrêmement compétitifs. Nous connaissons tous l'expérience d'Ari Vatanen
et ses records sur l'épreuve (4 victoires, 50 victoires en spéciales). Nous ne
devons pas oublier BMW. Nasser [Al-Attiyah] est expérimenté et Jutta
[Kleinschmidt] et plus que capable de monter sur le podium. Puis, il y a
[Jean-Louis] Schlesser et les Buggies. Je pense qu'il y a 12 voitures en lice
pour le top cinq. Ça va être une bonne bagarre...