La cour d'appel russe a confirmé aujourd'hui la condamnation à deux ans de camp de travail pour deux activistes des Pussy Riot. La troisième accusée est libérée.
L'audience intervient quelques jours après que le président russe Vladimir Poutine a déclaré que la peine de deux ans de camp était «correcte», une prise de position vivement critiquée par l'un des avocats de la défense dénonçant une tentative d'influencer le tribunal. Cependant, l'audience a été marquée par une volonté de scinder le cas des trois jeunes femmes. La nouvelle avocate de Mme Samoutsevitch, Irina Khrounova, a affirmé que sa cliente n'avait pas participé à la «prière punk» anti-Poutine dans la mesure où elle avait été interpellée 15 secondes après être entrée dans la cathédrale.
Les punkettes se sont excusées
Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, s'étaient excusées mercredi à la reprise de leur procès en appel et ont réclamé la liberté. Elles étaient accusées de «hooliganisme» et d'«incitation à la haine religieuse», devant le tribunal municipal de Moscou, pour avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à deux pas du Kremlin, une prière «punk» demandant à la Sainte Vierge de «chasser Poutine» du pouvoir. Le procès en appel s'est ouvert le 1er octobre, mais le tribunal avait renvoyé l'affaire après que la prévenue Ekaterina Samoutsevitch a annoncé s'être séparée de ses avocats, en évoquant des désaccords sur la ligne de défense adoptée. Les trois accusées ont réitéré leurs excuses à ceux qui ont été choqués par leur action, tout en réaffirmant que leur geste était politique et dirigé contre Vladimir Poutine. «Nous n'avons pas voulu offenser les croyants», a déclaré Mme Samoutsevitch, s'exprimant dans une cage en verre au côté des deux autres prévenues. «Si cela a été le cas, nous nous en excusons. Notre action était politique», a-t-elle ajouté en s'exprimant de manière décontractée, main dans la poche. «Nous sommes toutes les trois innocentes, nous sommes en prison pour nos opinions politiques», a renchéri Mme Alekhina, qui a réclamé, comme Mme Samoutsevitch, l'annulation du jugement en première instance et la liberté.
«Nous ne nous tairons pas» affirment les Pussy Riot
L'affaire des Pussy Riot a divisé la société en Russie et suscité l'indignation à travers le monde, ainsi de nombreux appels à la libération des jeunes femmes lancés notamment par l'icône de la démocratie birmane Aung San Suu Kyi et la star de la pop américaine Madonna. Détenues depuis mars dans une prison de Moscou, les deux jeunes femmes seront transférées dans un camp. Maria Alekhina est revenue sur de récentes déclarations du président Vladimir Poutine qui s'était interrogé sur la signification du nom Pussy Riot. «Le président considère que le nom de notre groupe est indécent, je vais le traduire, c'est la révolte des chattes. Cela n'est pas plus indécent que ses appels à buter ses ennemis jusque dans les chiottes», a déclaré Mme Alekhina sous les rires de la salle et les protestations des juges qui l'ont alors interrompue. La prévenue faisait référence à une déclaration faite il y a plusieurs années par M. Poutine concernant les rebelles tchétchènes.
(de gauche à droite) Maria Alekhina, Ekaterina Samoutsevitch et Nadejda Tolokonnikova, les membres du Pussy Riot, lors de la reprise de leur procès en appel, le 10 octobre 2012 à Moscou. Photo : Natalia Kolesnikova
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"Libérez immédiatement" Ekaterina Samoutsevitch, dont la peine est transformée en condamnation avec sursis, a déclaré la présidente du tribunal municipal de Moscou, Larissa Poliakova, ajoutant que la condamnation des deux autres femmes, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, était "maintenue sans changement" à l'issue de ce procès en appel.
Les trois jeunes femmes se sont congratulées dans leur cage en verre, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina félicitant leur amie pour sa libération.
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