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Jours tranquilles à Paris
8 octobre 2020

Dialogue en mode Covid....

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7 octobre 2020

Parapluie épée

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7 octobre 2020

Clara Morgane

clata23

7 octobre 2020

Brigitte Bardot

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7 octobre 2020

Climat - Comment rester au frais sans griller la planète ?

frais

GRIST (SEATTLE)

Paradoxalement, les climatiseurs, hypersollicités durant les vagues de chaleur, contribuent au réchauffement de la planète. Des solutions existent pourtant pour limiter ce phénomène.

Au mois d’août, tandis qu’une vague de chaleur record faisait rôtir la Californie, la consommation d’énergie dans tout l’État a atteint des sommets, obligeant les compagnies d’électricité à imposer des coupures alternées pour la première fois depuis près de vingt ans. Pourquoi de telles perturbations sur le réseau électrique ? Parce que des millions de climatiseurs tournaient à plein régime. Cela en dit long sur les difficultés que nous allons avoir à rester au frais à l’avenir.

Le problème est à double tranchant : le changement climatique accroît la demande d’air conditionné, de réfrigération et d’autres technologies qui nous rafraîchissent et conservent nos aliments, mais ce même rafraîchissement contribue de façon importante à la crise du climat.

En 2018, selon un rapport de l’ONU, les équipements de refroidissement représentaient 17 % de la demande d’électricité mondiale. L’essentiel de l’électricité qui alimente ces appareils était produite en brûlant des énergies fossiles, ce qui contribue au réchauffement de la planète. Pis encore, la plupart des réfrigérateurs et des climatiseurs actuels utilisent une classe de fluides réfrigérants nommés hydrofluorocarbones (HFC), des gaz à effet de serre qui sont des milliers de fois plus puissants que le CO2.

Or, le problème ne fait que s’aggraver. À l’échelle mondiale, l’usage de la climatisation devrait être multiplié par trois d’ici au milieu du siècle. En effet, le réchauffement va stimuler la demande dans les pays riches, tandis que dans les pays en développement des milliards d’individus vont accéder pour la première fois à cette technologie. “Les climatiseurs vont nous griller si nous ne prenons pas les choses en main”, souligne Durwood Zaelke, président de l’Institut de gouvernance & de développement durable (IGSD) et coprésident du comité directeur du nouveau rapport de l’ONU.

La bonne nouvelle est que beaucoup des solutions pour rendre le rafraîchissement plus respectueux du climat existent d’ores et déjà. Nous devons débarrasser nos réfrigérateurs et nos climatiseurs des HFC, rendre la technologie de réfrigération moins gourmande en énergie, recycler correctement les vieux appareils qui fuient au lieu de les envoyer en décharge, et enfin concevoir nos bâtiments et nos villes pour qu’ils restent frais. Si nous faisons tout cela, notre course à la fraîcheur ne risque pas de nous faire bouillir vivants.

Un traité qui a sauvé la couche d’ozone

D’après les spécialistes, les deux premières solutions – éliminer les HFC et améliorer le rendement des climatiseurs et des réfrigérateurs – peuvent être réalisées par la mise en œuvre de l’amendement de Kigali. Celui-ci oblige les pays signataires à remplacer les HFC par des fluides réfrigérants plus respectueux du climat, tout en se laissant la possibilité d’autres améliorations en matière d’efficience à travers la réglementation.

Cet amendement est venu compléter récemment le protocole de Montréal, un traité décisif des années 1980 qui a sauvé la couche d’ozone en éliminant progressivement les chlorofluorocarbones (CFC), jusqu’alors largement utilisés aussi bien pour le refroidissement que dans du matériel d’emballage et des bombes aérosols pour les cheveux. Les HFC qui ont fini par remplacer les CFC ne détruisent pas l’ozone, en revanche ils détruisent notre climat. D’où la nécessité de mettre à jour le traité pour arrêter l’utilisation des HFC.

Des produits de substitution aux HFC existent, au premier rang desquels les hydrofluoroléfines (HFO), déjà utilisées dans plus de 70 millions de systèmes d’air conditionné de véhicules, et dont les répercussions sur le climat sont comparables à celles du dioxyde de carbone. Parallèlement, le CO2 lui-même, utilisé dans la réfrigération il y a plus d’un siècle, devrait faire son retour sur le marché.

Si elle est pleinement appliquée, la suppression progressive des HFC prévue par l’amendement de Kigali permettrait d’éviter jusqu’à 0,4 °C de réchauffement au XXIe siècle, ce qui en ferait “le mécanisme de réduction du réchauffement climatique le plus important dont l’humanité se soit jamais dotée”, souligne Durwood Zaelke. Mais si le traité est entré en vigueur en 2019, il est encore loin d’avoir été adopté par tous les États.

Aux États-Unis, alors même qu’il est soutenu par les deux grands partis et les industriels, ce qui est assez rare pour être souligné (les sociétés américaines sont bien placées pour devenir d’importants producteurs de HFO), le président Trump ne l’a pas envoyé au Sénat pour ratification, inexplicablement. S’il est élu, Joe Biden s’est déjà engagé à soutenir ce projet.

“Les ingénieurs doivent retourner à leur planche à dessein”

Les retombées de l’amendement de Kigali pourraient être bien plus importantes, notamment si les industriels, en remplaçant les HFC par des solutions plus écologiques, modifiaient la conception des appareils afin d’accroître leur efficacité – ce qui a été fait par le passé lorsqu’on a abandonné les CFC. Dans leur récent rapport, Zaelke et ses confrères estiment que les effets cumulés de l’abandon des HFC et des améliorations d’efficience pourraient représenter 460 milliards de tonnes d’émission de CO2 en moins sur les quarante prochaines années, soit huit ans d’émissions de gaz à effets serre planétaires aux seuils actuels. Doubler le rendement énergétique des climatiseurs à l’échelle mondiale pourrait aussi faire économiser 3 000 milliards de dollars en électricité, selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA).

“On peut encore faire beaucoup d’économies d’énergie sur les climatiseurs et les systèmes de réfrigération”, assure Kristen Taddonio, conseillère climat et énergie à l’IGSD. La transition des HFC vers des réfrigérants plus propres offre une belle occasion aux industriels d’en accroître l’efficience, si l’on en croit Kristen Taddonio, “car pour cela il va falloir que les ingénieurs retournent à leur planche à dessin”.

Des normes de performance énergétique minimale, des campagnes d’étiquetage volontaires comme le programme Energy Star de l’Environmental Protection Agency [EPA, Agence de protection de l’environnement], et des programmes d’achat fédéraux d’appareils à bon rendement énergétique peuvent favoriser ce processus, encourageant le secteur de la réfrigération à mettre plus de produits efficients sur le marché lors de la mise en œuvre de l’amendement de Kigali.

Les gouvernements doivent aussi gérer le problème de tous les réfrigérateurs et climatiseurs encore dans la nature, qui devraient émettre l’équivalent de 64 milliards de tonnes de CO2 d’ici à 2050. L’amendement de Kigali met fin progressivement à la production de nouveaux HFC, mais il ne tient pas compte des émissions de HFC dues à des fuites ou lors de la mise en décharge des appareils.

Par ailleurs, faire appliquer la réglementation relative à l’air conditionné et aux fuites de réfrigérateurs n’a jamais été une priorité aux États-Unis : selon un rapport de 2019 publié par l’ONG Environmental Investigation Agency (EIA), la plupart des systèmes de réfrigération des supermarchés perdent jusqu’à 25 % de leur fluide réfrigérant chaque année. Et en l’absence d’une réglementation fédérale imposant une collecte sérieuse des réfrigérateurs et des climatiseurs en fin de vie, le fluide réfrigérant qui circule à l’intérieur ainsi que les bombes de rechange utilisées pour les réparations et les produits chimiques servant de mousses d’isolation “finissent souvent dans ces décharges avant de finalement répandre leurs émanations dans l’atmosphère”, rappelle Kristen Taddonio.

Réduire l’effet des îlots de chaleur

En attendant des décisions gouvernementales sur les HFC, nous pouvons réduire la demande d’air conditionné en concevant des bâtiments et des villes qui restent naturellement frais. De simples mesures comme le fait de planter davantage d’arbres ou de peindre les toits peuvent largement contribuer à réduire l’effet dit des “îlots de chaleur urbains”, un phénomène par lequel l’asphalte des rues et les toits, ainsi que la chaleur dissipée (paradoxalement) par les systèmes d’air conditionné, font augmenter les températures des villes de plusieurs degrés par rapport à celles de la campagne environnante. “Si vous avez un toit frais sur n’importe quel bâtiment dont l’air est conditionné, vous réduisez le gain de chaleur solaire pour ce bâtiment, fait valoir George Ban-Weiss, professeur à l’université de Californie du Sud, qui étudie l’effet des îlots de chaleur urbains. Et vous utilisez donc moins d’air conditionné.”

Mettre aux normes les bâtiments et en concevoir de nouveaux qui restent frais, par exemple en optimisant le placement des fenêtres pour réduire l’entrée de chaleur, peut aussi s’avérer utile. Autre piste, de nouveaux systèmes de refroidissement, comme le “Cold Tube” expérimental que des chercheurs ont récemment testé en extérieur à Singapour, ville chaude et humide : ce système utilise de l’eau fraîche pour absorber le rayonnement thermique des gens qui se trouvent à proximité, les aidant à se rafraîchir [l’énergie est utilisée pour refroidir l’eau dans le mur et non l’air].

Régler le problème du rafraîchissement n’est pas seulement un impératif climatique, c’est aussi une affaire de justice sociale. Pendant la récente vague de chaleur californienne qui a obligé les compagnies d’électricité à imposer des coupures, les appareils de refroidissement ont représenté une demande de près de 20 gigawatts, le double de leur charge normale de 9 gigawatts, selon des chiffres de la Commission californienne de l’énergie, fournis par Kristen Taddonio.

Même si ces appareils étaient présents sur tout le territoire de l’État, ce sont souvent les communautés à faibles revenus ou abritant des minorités de couleur qui ont été le plus pénalisées par ces coupures d’électricité programmées. “Chaque fois qu’il y a une vague de chaleur, la demande augmente, et pour éviter de grandes coupures d’électricité, les compagnies imposent des réductions, et ce sont généralement ces populations défavorisées qui en subissent les plus lourdes conséquences”, assure Roshanak Nateghi, professeure d’ingénierie industrielle à l’université Purdue.

Or, ces mêmes populations sont particulièrement menacées par les vagues de chaleur, car leurs quartiers ont tendance à avoir moins d’arbres, à connaître un effet d’îlot de chaleur plus accentué et à abriter des bâtiments plus vieux, plus énergivores. “Bien souvent, ce sont les quartiers les plus riches qui ont des rues bordées d’arbres et profitent de nombreux espaces verts, note George Ban-Weiss. Et cela se traduit par des disparités de confort.”

Faire en sorte que tous aient accès à un rafraîchissement propre, efficient, devrait largement contribuer à ce que la planète résiste mieux au réchauffement. Par ailleurs, faire baisser la température des rues en créant des espaces verts et en mettant les bâtiments aux normes, cela permettra que, lors de la prochaine vague de chaleur, les populations les plus vulnérables soient mieux équipées pour supporter une brève coupure d’électricité.

“J’ajouterais que les stratégies passives de refroidissement, d’une manière générale, réduisent l’utilisation de l’air conditionné, conclut George Ban-Weiss. Dans les faits, elles pourraient donc prévenir les coupures d’électricité.”

Maddie Stone

Source Grist

SEATTLE http://www.gristmagazine.com

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7 octobre 2020

Vu sur internet

jaime78

7 octobre 2020

Grand nettoyage - En Chine, bientôt la fin des “cimetières à vélo”

cimetiere vélos

SOUTH CHINA MORNING POST (HONG KONG)

La Chine va faire disparaître 25 millions d’anciens vélos partagés, raconte le South China Morning Post. 

La Chine s’apprête à faire disparaître quelque 25 millions d’anciens vélos partagés, actuellement entassés dans d’immenses “cimetières”, rapporte le South China Morning Post.

Le quotidien hong-kongais explique :

Trois ans après le déclin de l’économie chinoise du vélo en libre-service, les autorités locales sont sur le point d’envoyer les derniers 25 millions de vélos abandonnés dans des usines de recyclage, ce qui permettra d’éliminer le reste du fléau qui affecte les paysages urbains, laissé par des dizaines d’entreprises qui ont fait faillite.”

Le journal raconte que jusqu’à récemment, presque toutes les grandes villes de Chine avaient un ”cimetière à vélos”, “où des centaines de milliers” de ces bicyclettes colorées hors d’usage “étaient empilées après la faillite de leurs exploitants”. En cause : l’explosion de la bulle des systèmes de vélos en libre-service, passée “de zéro” à “un pic” avant de connaître “une déflation rapide”, “le tout en quatre ans.”

“L’un de ces dépotoirs”, dans la ville de Xiamen, dans la province du Fujian, était “autrefois le plus grand en son genre avec plus de 200 000 véhicules rouillés.”

Mais selon Wu Guoyong, un photographe de Shenzhen qui s’est fait connaître en utilisant des drones aériens pour prendre des photos spectaculaires de ces piles de vélos – si grandes que le South China Morning Post les qualifie de “petites montagnes” –, “la plupart des cimetières à vélos ont déjà disparu”.

Un “nettoyage massif” payé par les contribuables, relève l’article.

Source

South China Morning Post

HONG KONG http://www.scmp.com/

6 octobre 2020

Architecture - Sur les traces argentines de Le Corbusier

le corbusier

LA NACIÓN (BUENOS AIRES)

Le grand architecte a influencé toute l’Amérique latine, mais il n’y a construit qu’une seule maison sans jamais se rendre sur place. À quelques kilomètres de Buenos Aires, la Villa Curutchet reprend tous les principes du maître.

Classée au Patrimoine mondial de l’humanité depuis 2016, la Maison du docteur Curutchet a incontestablement fait date dans l’histoire de l’architecture moderne. Depuis sa livraison, en 1955, c’est la seule œuvre réalisée en Amérique latine par le grand architecte Charles-Édouard Jeanneret-Gris [1887-1965], plus connu sous le nom de Le Corbusier et fer de lance du Mouvement moderne.

“Le Dr Pedro Curutchet avait acheté ce terrain à La Plata [la capitale de la province de Buenos Aires, non loin de la côte Atlantique], et, à la suite d’un voyage de sa sœur à Paris, il a eu l’audace de demander à Le Corbusier en personne de lui concevoir une maison sur cette parcelle. Le Corbusier travaillait à Paris, à quelque 14 000 kilomètres de là, mais il en aurait fallu davantage pour décourager le docteur : il cherchait le miracle, et le miracle s’est produit”, souligne l’architecte Julio Santana, directeur de la Villa Curutchet.

Théorie des “cinq points”

Le Corbusier était alors un architecte mondialement reconnu. Il avait déjà séjourné en Argentine, en 1929, et exposé ses grands principes sur la ville, l’architecture nouvelle et l’homme nouveau, synthétisés dans la maison conçue comme une machine à habiter : “La maison doit être l’étui de la vie, la machine du bonheur, la machine à habiter”, avait-il affirmé [dans Vers une architecture, revue L’Esprit nouveau, 1923].

Le projet de la Maison Curutchet lui a offert une occasion d’appliquer sa théorie des “cinq points” en construisant dans une ville aussi éloignée d’Amérique latine.

La Maison du docteur Curutchet est emblématique en ceci que c’est la seule œuvre au monde dans laquelle Le Corbusier traduit les cinq points de l’architecture nouvelle qu’il avait lui-même formulés dans les années 1920.”

“Parmi ces points, on relèvera notamment ici : le plan libre au rez-de-chaussée [c’est-à-dire l’absence de murs de refend, pour ouvrir cet espace dévolu au parking et que les voitures puissent circuler] – avec une entrée piétonne et une autre pour les véhicules, la rampe d’accès et un arbre, qui n’existait pas sur le site d’origine, mais qui fait partie intégrante du projet ; les pilotis, piliers cylindriques tout à fait caractéristiques de son œuvre, qui permettent d’affranchir la structure de la maison de l’enveloppe porteuse ; la façade libre et la fenêtre en longueur courant tout le long de la façade. Et le toit-jardin, qui, dans ce cas précis, est intégré au cube qui constitue le corps de logis”, décrit M. Santana.

À la pointe de la modernité

Le Dr Curutchet passe commande en 1948 et le chantier débute l’année suivante. Il ne sera achevé qu’en 1955. Plus de soixante ans après son inauguration, la maison surprend encore par la modernité de sa construction – ses rampes et ses escaliers, le jeu subtil des lignes et des clairs-obscurs stratégiques, les sols en béton lissé, les mosaïques de pâte de verre des salles de bains, la conception des meubles de la cuisine et des placards de la chambre, et jusqu’à l’aménagement paysager du toit-jardin, conçu dès 1948. Il s’agit d’une délicate promenade architecturale*, cette idée que l’architecture pouvait être parcourue dans son espace, avec ses transparences, les élégantes verticales de ses colonnes, ses portes pivotantes, ses lignes courbes et ses jeux d’espaces magistraux.

Sa valeur touristique et patrimoniale est telle qu’en juillet 2016 la Villa Curutchet – avec trois autres “sites Le Corbusier” répartis dans sept pays et sur trois continents (France, Suisse, Allemagne, et Belgique pour l’Europe ; Inde et Japon pour l’Asie ; et Argentine pour l’Amérique) – a été inscrite à la liste du Patrimoine mondial de l’humanité, établie par l’Unesco. “La maison est, de plus, l’un des onze sites [naturels et culturels] d’Argentine classés au Patrimoine mondial, avec les chutes d’Iguazu, la Quebrada de Humahuaca, le glacier Perito Moreno et la péninsule Valdés, entre autres”, poursuit M. Santana.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que beaucoup d’étudiants en architecture vouent un véritable culte à Le Corbusier, tout comme d’ailleurs certains cinéastes [argentins] qui ont choisi de camper leur film dans cette maison, tels Mariano Cohn et Gastón Duprat pour L’Homme d’à côté (2009) et, plus récemment, Graciela Taquini pour son docu-fiction La obra secreta [“L’Œuvre secrète”] (2018).

Espaces privés, espaces publics

Sur la rue, l’accès s’effectue par une porte d’entrée abritée par un portique en béton, qui fait saillie sur la façade ouverte. Dans la maison moderne qu’a dessinée Le Corbusier, le rez-de-chaussée devient un “plan libre” réservé à l’automobile, le corps de logis étant surélevé sur des pilotis de béton. Puis une rampe conduit vers une cour centrale où s’élève un arbre dont l’architecte a lui-même prescrit l’emplacement et jusqu’à l’espèce – un peuplier euraméricain [hybride obtenu par croisement d’un peuplier noir et d’un peuplier américain] –, intégrant ainsi le concept de verdure ou de maison entourée de verdure qui distinguait ses œuvres, bien qu’exceptionnellement ici il s’agisse d’un édifice urbain.

À partir de là, tout au long de sa promenade, le visiteur monte et descend des rampes, s’appuie à la rambarde du toit-jardin, inspecte les zones de service [cellier, buanderie…], explore les quatre niveaux magistralement répartis en deux espaces bien différenciés : l’espace de travail et l’habitation familiale. La rampe principale passe justement sous le premier de ces deux volumes cubiques qui composent la maison : le cabinet du Dr Pedro Curutchet, situé au premier étage, côté rue. Cet espace de travail se compose d’une petite salle d’attente et de la salle de consultation, ouvrant sur l’extérieur, et d’une troisième pièce, l’appartement des domestiques, à laquelle on accède par une autre rampe.

Alors que le cabinet médical s’offre au regard du public, la zone privée est implantée en retrait, sur l’arrière de la parcelle. C’est le deuxième cube, relié au précédent par une promenade permettant de parcourir l’œuvre de façon dynamique. Lorsque l’on suit la rampe menant au hall d’entrée, on pénètre dans ce deuxième volume où se trouvent le salon-salle à manger et la cuisine, prolongés par la terrasse-jardin. On monte par deux autres volées de marches à l’étage des chambres, équipées chacune d’une salle de bains et séparées par un petit bureau.

Les Curutchet étaient importunés par les visiteurs

Le chantier a duré au total plus de cinq ans, et, curieusement, les Curutchet n’ont habité la maison que sept ans, après quoi ils ont décidé de retourner dans leur ancienne demeure de Lobería [dans le sud-est de la province de Buenos Aires], car ils trouvaient que les fenêtres laissaient entrer trop de lumière ; en outre, ils étaient incommodés par les visiteurs importuns qui déboulaient à toute heure du jour pour prendre des photos ou demander avec insistance à visiter l’intérieur. Le plan de végétalisation de Le Corbusier prévoyait plusieurs espèces d’arbres, qui ont été plantés jeunes mais ont mis vingt ans à pousser. Et il est vrai que dans le plan original, en dépit de l’arbre et du brise-soleil de la façade, la maison était très ensoleillée.

Le Corbusier a supervisé la construction de la maison depuis son agence parisienne, mais étrangement il n’a jamais fait le voyage à La Plata pendant le chantier. Il a donc proposé à l’architecte Amancio Williams [1913-1989], qui était déjà une personnalité importante de l’architecture argentine, de suivre pour lui les travaux, commande que celui-ci a accueillie comme un véritable honneur de la part de son maître.

Au-delà de la figure de Le Corbusier, les spécialistes rendent ainsi également hommage à Amancio Williams, qui, avec son soin minutieux du détail – tant, qu’à partir des seize plans originaux du Corbusier, il en a redessiné en tout 200 –, a joué un rôle fondamental et s’est trouvé à son tour contraint de prendre différentes décisions de conception, choisissant par exemple d’inverser l’orientation des escaliers ou de changer des murs maçonnés par des parois vitrées.

Si nous pouvons aujourd’hui voir cette œuvre debout, c’est sans aucun doute grâce à l’obstination et à la persévérance d’Amancio [Williams], car parmi les innombrables projets qu’a dessinés Le Corbusier, beaucoup sont restés à l’état d’ébauche sur papier”, conclut M. Santana.

Assembler des volumes à taille humaine

Outre le fait qu’il a dû développer les seize plans de Le Corbusier en plus de 200 dessins de conception, Williams a été chargé d’appliquer la théorie du Modulor [établie aussi par Le Corbusier, en 1945], système de mesure universel pour l’architecture fondé sur le schéma de l’homme moderne type mesurant 2,26 mètres avec un bras levé. La taille de cet homme au bras levé permettait, selon la position et la façon dont le modèle occupe l’espace et se déplace, au grand architecte français de déterminer les mesures utilisées pour construire la maison et à les appliquer à chaque détail géométrique, à chaque solution. C’était là l’aboutissement de la définition que Le Corbusier donnait de l’architecture : “Le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière.”

Pourtant, au terme de cinq années de chantier, lassé d’attendre la livraison, le Dr Curutchet a fini par congédier Amancio Williams, en dépit des efforts que celui-ci avait déployés et des difficultés liées à la distance. Une partie des plans originaux sont toujours exposés dans la Maison du Dr Curutchet, d’autres sont conservés à l’université Harvard. Mais la plupart sont réunis dans les archives de Williams, qui fut incontestablement l’un des plus fervents admirateurs du “Corbu”.

​* En français dans le texte.

Alejandro Rapetti

6 octobre 2020

Ailona Hulahoop

ailona45

6 octobre 2020

François Hollande

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