Le « black cab » débarque à Paris
Par Jean-Michel Normand - Le Monde
Moteur électrique, banquette confortable, habitacle spacieux... Tout le confort des taxis londoniens bientôt offert aux Parisiens.
Le Brexit, ce n’est pas sa tasse de thé. Le taxi londonien, qui a déjà mis une roue dans plusieurs grandes villes européennes, est prêt à proposer ses services aux Parisiens. Ce n’est pas la première fois que l’ex-London Taxi Company (LTC), rachetée il y a cinq ans par le chinois Geely, tente de se glisser dans le paysage de la capitale.
Une première proposition, en 2016, n’avait pas reçu d’écho mais cette fois, LTC devenu London Electric Vehicle Company (LEVC), mise comme son nom l’indique sur son caractère de taxi « propre » autant que sur son exotisme. La société a annoncé mi-octobre avoir obtenu des autorités compétentes l’homologation de son nouveau TX e-City, produit à Birmingham, comme taxi parisien. Déjà diffusé à plus de 500 unités à Londres et adopté par quelques flottes en Allemagne (Berlin et Hambourg, où ils sont une cinquantaine), en Norvège (Oslo) et aux Pays-Bas, à Amsterdam, cet imposant véhicule qui culmine à presque 1,90 m de hauteur, compte surfer sur les futures restrictions de circulation imposées aux taxis conventionnels.
Le chauffeur derrière une vitre
Dessiné comme un classic cab aux lignes modernisées mais légèrement ramollies, le TX e-City peut embarquer six personnes dans un compartiment séparé du chauffeur par un vitrage. Les bagages sont, comme il se doit, placés à l’avant, côté droit, et les clients s’installent of course en vis-à-vis sur une banquette et des strapontins, d’ailleurs confortables. Une prise 230 V est prévue pour recharger un ordinateur portable et deux prises USB sont à disposition pour faire de même avec des smartphones.
L’insonorisation de la nouvelle génération de taxi londonien est plutôt bonne, et la disposition du très vaste habitacle n’a rien à voir avec celle d’un taxi classique. On peut y accéder sans contorsions, allonger les jambes plus aisément et le fait d’être installé en hauteur n’a rien de désagréable. Conformément à la tradition, les roues avant offrent un angle d’ouverture très important (63 degrés contre moins de 40 degrés pour le commun des voitures) qui limite le diamètre de braquage à 8,5 mètres entre deux trottoirs.
Une autonomie de 600 km
L’autre originalité, c’est la motorisation du TX e-City. Plutôt que de miser sur un véhicule 100 % électrique, ses concepteurs ont opté pour une formule intermédiaire, une hybridation d’un genre particulier. Sa batterie de 31 kWh, qui alimente un moteur électrique développant 110 kW (150 ch), lui assure une fois rechargée la capacité de parcourir 129 km mais cette distance peut dépasser les 600 km en sollicitant le « prolongateur d’autonomie », un moteur essence d’origine Volvo de 1,5 litre qui agit comme une sorte de groupe électrogène. Cette configuration qui vise à desserrer les contraintes de recharge, permet selon le constructeur d’abaisser à 1,3 litre aux 100 km le cycle moyen de consommation (7,6 litres aux 100 km lorsque le moteur d’appoint est sollicité).
Revers de la médaille : en embarquant simultanément une lourde batterie électrique et un moteur classique, le taxi anglais atteint les 2,2 tonnes sur la balance ce qui dégrade notablement son rendement énergétique. Le coût du taxi londonien, qui devrait dépasser les 60 000 euros, constitue un autre obstacle. En attendant que, comme cela risque d’être le cas dans nombre de grandes agglomérations, l’accès au centre-ville soit réservé aux seuls véhicules électrifiés.