Milo Moiré
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Le skipper a finalement rattrapé François Gabart, qui faisait la course en tête jusque dans les dernières heures, et s’offre un nouveau record.
Jamais une victoire ne s’était jouée dans un finish aussi serré depuis quarante ans et la première édition. A 62 ans, Francis Joyon a remporté dimanche 11 novembre la Route du rhum au terme d’un corps-à-corps grandiose avec le jeune François Gabart. La septième a donc finalement été la bonne. Depuis sa première participation en 1990, Francis Joyon n’avait jamais réussi à s’imposer sur la Route du rhum.
Et c’est dans un scénario à suspense qu’il a coupé la ligne en vainqueur à 23 h 21 heure locale (lundi matin à 4 h 21 en métropole) au terme de 7 jours 14 heures 21 minutes et 47 secondes passés en mer, soit un nouveau record (le précédent avait été établi par Loïck Peyron en 2014).
Et Gabart, qui a tenu la tête pendant la presque totalité des sept jours de cette traversée de l’Atlantique en solitaire, a fini deuxième avec seulement 7 minutes et 8 secondes de retard sur Joyon. Mais qui aurait cru que Joyon, à la barre d’un bateau vieux de 12 ans, pourrait souffler la victoire à des marins nouvelle génération, pilote de supermachines de 32 mètres de long capables de « voler » ?
Encore chimérique il y a 36 heures, la victoire de Joyon est devenue possible lorsque le sexagénaire a fondu sur Gabart pour offrir la deuxième arrivée la plus serrée de l’histoire de la Route du rhum.
Final palpitant
En 1978, pour la toute première édition, le Canadien Mike Birch, à bord de son petit multicoque de 12 mètres (Olympus), avait coiffé le gros monocoque de Michel Malinovsky (Kritter) de 98 secondes. Cette fois, le sprint final s’est joué à coups de rebondissements. Un bateau bancal pour Gabart, un filet de pêche dans la dernière ligne droite pour Joyon passé en tête.
Joyon a donné tout ce qu’il pouvait, comme jamais, pour chasser le jeune leader Gabart, 35 ans, à bord d’un bateau bleu récent, de 3 ans d’âge et complètement revisité l’été dernier pour naviguer plus vite et plus tôt. Joyon, lui, s’est aligné sur son fameux bateau rouge, celui-là même qui a remporté les deux dernières éditions, sous les couleurs de Groupama en 2010 (skippé par Franck Cammas) et de Banque Populaire en 2014 (avec à la barre Loïck Peyron).
Le mano a mano a pleinement animé cette fin de course, qui s’est jouée sur le tour de la Guadeloupe réputé piégeux et particulièrement tactique. Arrivés au nord de l’île, à la Tête à l’Anglais, vers 14 heures locales (19 heures en métropole), les deux skippers se sont lancés dans une course-poursuite encore plus intense.
Le vétéran n’a eu de cesse de grappiller mille nautique par mille nautique pour doubler son rival. Et à 21 h 10 locales (2 h 10 lundi à Paris) ce fut chose faite, Joyon a pris les rênes. Gabart s’est accroché, malgré un bateau privé d’importants appendices perdus dans les dépressions (le foil tribord et le safran bâbord). Joyon aura été plus fort.
Les deux hommes étaient les seuls à s’être extraits de la flotte de 123 bateaux au départ de Saint-Malo le 4 novembre, traversant tant bien que mal les trois dépressions qui ont balayé le golfe de Gascogne.
Francis Joyon : "Quand on remporte la victoire après de nombreuses éditions, on la savoure encore plus !" >Suivez le direct : https://t.co/3HbYm0IjLx pic.twitter.com/8V7AtKn7yX
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