L'OEUVRE-HOMMAGE DE BANKSY VOLÉE AU BATACLAN, SIX PERSONNES INTERPELLÉES EN FRANCE
The World of Banksy : expérience immersive à l'Espace Lafayette-Drouot, les photos
Deux semaines après que la police italienne ait annoncé avoir retrouvé une oeuvre attribuée à Bansky, volée en 2019 à Paris, l'AFP révèle que six hommes ont été déférés devant la justice vendredi 26 juin à Paris pour vol en bande organisée. Figurant sur une porte d'une issue de secours du Bataclan, elle présente un hommage aux victimes des attentats de 2015.
Suite aux attentats de Paris en novembre 2015, une oeuvre peinte au pochoir était apparue sur une issue de secours du Bataclan. Représentant une jeune fille triste, l'hommage rendu aux victimes a très vite été attribuée à Banksy, le mystérieux street-artiste. L'oeuvre a été découpée dans la nuit du 26 au 27 janvier 2019.
Aussi, Le Parisien renseigne ce samedi 27 juin à propos des supposés responsables du vol, et indique que six personnes ont été déférés devant un juge d'instruction à Paris, vendredi 26 juin, suite à une garde à vue à la direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris. Deux de ces personnes auraient été mis en examen pour "vol en bande organisée" et les quatre autres pour "recel de vol en bande organisée". L'AFP révèle que les six personnes ont été interpellées dans les départements de l'Isère et de la Haute-Savoie.
Bataclan
@bataclan_
L’œuvre de @originaIbanksy hommage aux victimes du 13/11 a été volée.
Un emplacement qui ne devait rien au hasard puisque c'est par cette même porte qu'avaient fuit une partie du public ayant assisté au concert donné par Eagles of Death Metal. Une fois n'est pas coutume, l'oeuvre avait été dérobée dans la nuit du 25 au 26 janvier 2019.
Mercredi 10 juin 2020, la police italienne annonçait auprès de l'AFP être parvenue à mettre la main sur l'oeuvre volée lors d'une intervention conjointe avec les autorités françaises. D'après La Repubblica, l'hommage avait été retrouvé dans une ferme située dans la campagne des Abbruzes, non loin de Rome en Italie. Le vol de l'oeuvre avait provoqué un vif sentiment d'indignation notamment de la part de la salle de spectacle.
Cette création de Banksy était considéré comme un symbole de recueillement lors d'une période secouée par une série de drame au sein de la capitale. Le 13 novembre 2015, 90 personnes y avaient perdu la vie lors des attentats du Bataclan.
Du beau linge, des drames, de la débauche : bienvenue au Château Marmont
Romans non-traduits, nanars introuvables, bizarreries oubliées… François Forestier dégaine ses livres du second rayon. Cette semaine, Castel Hollywood.
Par François Forestier
Le Chateau Marmont à Los Angeles. (Wendy Connett / robertharding via AFP)Le Chateau Marmont à Los Angeles. (Wendy Connett / robertharding via AFP)
C’est là que Howard Hughes louait une suite à l’année pour espionner ses « protégées » au bord de la piscine ; Nicholas Ray y a tenu table ouverte (le lit aussi) pendant la préparation démente de « La Fureur de Vivre » ; Jim Morrison, camé, s’est suspendu aux balcons du dernier étage comme un ouistiti ; le scénario de « Butch Cassidy et le Kid » a été écrit entre deux tables dans le couloir ; John Belushi est mort dans l’une des soixante-trois chambres, noyé dans son vomi ; Helmut Newton a passé des journées entières à photographier des filles de rêve sur le plongeoir…
Bref, au Chateau Marmont, étrange castel/hôtel en béton armé situé sur un coude du boulevard à Hollywood, il y a eu du beau linge et des drames terribles. C’est ce que raconte Shawn Levy dans son nouveau livre, « Castle on Sunset », sous-titré « Life, Death, Love, Art and Scandal at Hollywood’s Chateau Marmont ». C’est du corsé. De la sérénité ? Y en a. Mais peu.
Los Angeles, cette ville née d’une bouffée hallucinatoire
Autrefois, il n’y avait là que des avocatiers et des poinsettias. 1926 : Fred Horowitz, un avocat qui bricole dans l’immobilier, décide de bâtir un hôtel. Il a jadis fait le touriste du côté de la Loire et décide de copier l’architecture d’Amboise. Il veut s’offrir de la classe, il obtient du kitsch : tourelles en crépi, mâchicoulis de parc d’attraction, créneaux en carton-pâte. Au départ, le « Chateau Marmont » devait faire penser à François Ier. À l’arrivée, le machin évoque un châtelet en saindoux, grâce aux plans de l’architecte Weitzman, plus spécialisé dans les synagogues que dans l’Histoire de France. C’est une auberge ? Non. Un hôtel ? Vaguement. Une résidence ? Si on veut. En tout cas, c’est un flop.
« J’avais une petite chambre et six toilettes »
Le Chateau Marmont est revendu en 1932 à un anglais, Albert E. Smith, qui se pique de cinéma. Manque de bol : d’abord, la Dépression vide les poches et les chambres. Ensuite, le tremblement de terre de mars 1933 casse la vaisselle. Des émissaires nazis viennent prendre la température de la société californienne, et observent, de l’autre côté du boulevard, les bungalows du « Garden of Allah », où Scott Fitzgerald et Humphrey Bogart arrosent la fin de la Prohibition, en compagnie de la patronne, Alla Nazimova (d’où le nom du motel).
Greta Garbo reçoit ses amantes, John Barrymore fait la conversation avec William Faulkner, et Charlie Chaplin s’invite pour des siestes gourmandes : tout ce beau monde passe au Chateau Marmont avant de filer chez Ciro’s, la boîte à la mode, tandis que la maman de Bogart crée l’illustration qui orne les pots de bouillie pour bébés Gerber (drôle de nom pour de la bouffe, quand même). La menace de la guerre incite Billy Wilder, arrivé de Berlin via Paris, à chercher un logis sur Sunset Boulevard. Il n’y a pas de place ? Il s’installe dans les commodités des dames. Enfin, dans l’entrée : « J’avais une petite chambre et six toilettes », se souviendra-t-il. Le rêve, quoi.
Le souk, revu et corrigé par un Walt Disney shooté aux amphètes
Au fil des ans, le Chateau Marmont tombe dans la débine. Les créneaux se fendillent, les cafards courent dans les cuisines, les portes se gondolent. Les scénaristes impécunieux passent la nuit à taper sur leurs Underwood, des gangsters de seconde zone s’installent, John Wayne se réfugie pour fuir sa femme, et les dingues de l’Actor’s Studio apprécient l’atmosphère si… si… Si décadente. Very chic. D’autant plus qu’un jeune acteur y joue du piano : Jack Lemmon. Accoudé près de lui, Montgomery Clift, qui ne lève pas un sourcil quand Shelley Winters poursuit son mari infidèle, Vittorio Gassman, une poêle à frire dans la main. Celui-ci vient de coucher avec Anna Magnani, la « Puttana », et tout l’hôtel retentit des échos de la bagarre - à l’italienne. C’est l’antre de la débauche. Quand Dennis Hopper, allumé, s’agenouille devant Natalie Wood - qui a 16 ans - pour donner sa langue au chat, celle-ci lui dit : « Tu peux pas. - Pourquoi ? - Parce que Nicolas Ray vient de me baiser ».
Anthony Perkins se lance dans des aventures homosexuelles, Grace Kelly passe ses nuits avec des séducteurs de rencontre, Gore Vidal retape le scénario de « Ben-Hur », Marlon Brando arrive avec vingt-deux malles pleines, Marilyn Monroe fout le feu à sa chambre, Boris Karloff se plaint du parking (imaginez le réceptionniste qui se fait engueuler par Frankenstein), Dizzy Gillespie joue au golf dans le salon… C’est le souk, revu et corrigé par un Walt Disney shooté aux amphètes.
Aujourd’hui, le Chateau Marmont a été restauré, nettoyé, ripoliné. C’est un bel hôtel, vraiment. Il y flotte encore un petit air de déliquescence magistralement capté par Shawn Levy dans son bouquin. C’est calme. Presque trop, même. Le réceptionniste distribue des pommes à croquer, genre Peace & Love. Et personne ne fait le ouistiti.
Tout fout le camp.
Castle on Sunset, Life, Death, Love, Art and Scandal at Hollywood’s Chateau Marmont, par Shawn Levy, Doubleday, 368 p., 28,95 $