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Jours tranquilles à Paris
21 mai 2020

L’option du 28 juin se précise pour le second tour des municipales

Par Patrick Roger - Le Monde

Lors de la réunion, mercredi soir, avec les représentants des principaux partis, le premier ministre a tenu à préciser que la décision n’était pas encore prise.

La visioconférence, mardi 19 mai, entre Emmanuel Macron et les principaux représentants des maires avait donné une idée très claire de la préférence de ces derniers en faveur de la tenue du second tour des élections municipales avant la fin du mois de juin. La rencontre, physique cette fois-ci, qui s’est tenue mercredi entre Edouard Philippe et les chefs de parti, à Matignon, semble conforter cette voie. Même si, pour l’instant, rien n’est encore définitivement arrêté. Aux termes de la loi d’urgence sanitaire du 23 mars, le gouvernement devrait remettre un rapport aux présidents des deux assemblées, probablement vendredi 22 mai, et, si l’hypothèse d’un second tour au mois de juin était retenue, un décret de convocation des électeurs devrait être pris en conseil des ministres mercredi 27 mai.

Lors de cette réunion, mercredi soir, avec les représentants des principaux partis, le premier ministre a tenu à préciser que la décision n’était pas encore prise. Même si, pour la plupart des participants, la conviction semble acquise que le second tour devrait avoir lieu le 28 juin – « le 21 juin n’a même pas été évoqué », rapporte le président du parti Les Républicains (LR), Christian Jacob.

Deux options

En clair, deux options sont sur la table. Soit le gouvernement choisit de tenir le second tour en juin et, à ce moment-là, tout s’enchaîne, conformément à la loi du 23 mars. Le décret précise la date des élections, le dépôt des listes pour le second tour court jusqu’au mardi 2 juin à 18 heures. Le premier ministre a cependant apporté une précision importante. Dans ce cas-là, il n’y aura ni débat ni vote au Parlement, comme cela avait un temps été envisagé. Ce n’est que dans l’hypothèse où le scrutin serait reporté au-delà du mois de juin que le gouvernement serait amené à présenter un nouveau projet de loi et qu’il y aurait, alors, un débat au Parlement.

Si le second tour, là où le premier tour n’a pas permis de pourvoir intégralement les conseils municipaux, devait être reporté après le mois de juin – entraînant alors la reprise de l’intégralité des opérations électorales –, il sera nécessaire de revenir devant le Parlement pour présenter un nouveau projet de loi. Aussi, le premier ministre a-t-il transmis, par anticipation, un avant-projet de loi au Conseil d’Etat pour qu’il puisse être examiné dans les plus brefs délais mais qui ne préfigure en aucun cas la décision qui sera prise.

M. Philippe en a expliqué la teneur. Il s’agit d’ouvrir jusqu’à fin janvier la possibilité de tenue des élections municipales. Juillet, août, évidemment, cela semble peu concevable de convoquer les électeurs. Septembre, au moment de la rentrée scolaire et de la reprise des activités, difficilement envisageable. Octobre, novembre, décembre, ce sera la période de l’examen au Parlement des lois de finances, qui vont être, dans cette période de crise, d’un enjeu déterminant. Comment imaginer que des élections municipales se tiennent au même moment ? Le chef du gouvernement exclut, en revanche, l’hypothèse, défendue, notamment, par le Rassemblement national et La France insoumise, d’élections municipales couplées aux élections départementales et régionales de mars 2021, pour des raisons d’organisation matérielle.

Reporter les élections consulaires

Quel que soit le cas de figure, un retour devant le Parlement sera néanmoins nécessaire pour ce qui concerne les élections consulaires prévues en juin et qui déterminent le corps électoral pour les Français résidant à l’étranger en vue des élections sénatoriales. Le conseil scientifique a estimé qu’il était « opportun de les reporter », au vu de l’évolution des risques sanitaires. Un projet de loi organique devrait être prochainement déposé.

Pas de décision définitive, donc, à l’issue de cette réunion entre le premier ministre et les responsables de partis politiques, mais une tendance qui se dégage en faveur de la tenue du second tour des élections municipales le 28 juin. Chacun des participants, à commencer par M. Philippe lui-même, a tenu cependant à anticiper une éventuelle clause de revoyure si, en juin, les relevés sanitaires et épidémiologiques pouvaient faire peser une crainte sur la tenue du second tour.

« Nous sommes pour le déconfinement de la démocratie, sous conditions et avec une clause de revoyure, évidemment », indique le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. « C’est à l’exécutif de prendre la décision », réaffirme M. Jacob, tout en soulignant que « tout le monde a été prudent ». S’il y a un consensus, du côté des oppositions, c’est de ne vouloir en aucun cas porter le chapeau.

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2 avril 2020

Ce que prévoit l’ordonnance présentée par Castaner pour le second tour des municipales

Par Patrick Roger

Si le second tour ne peut se tenir avant la fin juin, les électeurs des communes non pourvues lors du premier tour seront de nouveau convoqués pour les deux tours.

Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a présenté en conseil des ministres, mercredi 1er avril, une ordonnance précisant les dispositions électorales de la loi d’urgence sanitaire du 23 mars. Celle-ci prévoit que dans les communes où un second tour des élections municipales est nécessaire, il est reporté au plus tard à la fin juin. La date en est fixée par décret en conseil des ministres au plus tard le 27 mai, après avis du conseil scientifique.

Si la situation sanitaire ne permet pas l’organisation du second tour avant la fin du mois de juin, les électeurs des communes non pourvues lors du premier tour, qui s’est tenu le 15 mars, seront de nouveau convoqués par décret pour les deux tours de scrutin.

Le mandat des conseillers municipaux et communautaires, d’arrondissement, des conseillers de Paris et des conseillers métropolitains sortants est prolongé pour une durée fixée par la loi. Dans tous les cas, l’élection des conseillers municipaux et communautaires, d’arrondissement, des conseillers de Paris et des conseillers métropolitains de Lyon élus dès le premier tour organisé le 15 mars, reste acquise.

Aucune radiation en cas de déménagement

L’ordonnance du 1er avril tire les conséquences du report du second tour, s’il peut se tenir avant la fin juin.

D’une part, pour que ce report n’altère pas la sincérité du scrutin, les listes électorales arrêtées pour le premier tour seront reprises pour le second, et seulement ajustées des électeurs devenus majeurs dans l’intervalle ou ayant acquis la nationalité française inscrits d’office par l’Insee. Les autres inscriptions sur les listes électorales, effectuées par le maire ou la commission de contrôle, ne prendront effet qu’au lendemain du second tour. De même qu’aucune radiation en cas de déménagement ne pourra devenir effective avant.

En ce qui concerne le dépôt des candidatures, il pourra s’effectuer au plus tard le mardi suivant la publication du décret de convocation des électeurs, comme l’indiquait la loi. Celles qui ont déjà été déposées les 16 et 17 mars restent valables ; il ne sera pas nécessaire de faire de nouvelles démarches. Il reviendra au futur décret de convocation des électeurs de fixer l’ouverture d’une période complémentaire de dépôt des candidatures et de permettre aux candidats ayant déjà déposé la leur de la retirer, éventuellement.

Dans les communes de moins de 1 000 habitants non entièrement pourvues dès le premier tour, le nombre de sièges restant à pourvoir s’établit en fonction du nombre d’élus au premier tour de scrutin. Les vacances, pour cause de décès ou autre, intervenues entre-temps ne sont pas prises en compte.

Délai de rattachement porté au 31 janvier 2021

La loi du 23 mars a reporté la date limite de dépôt des comptes de campagne à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) au 10 juillet pour les listes non qualifiées pour le second tour ou ayant retiré leur candidature, dans les communes de 9 000 habitants et plus. Cette date vaut également pour l’ensemble des listes dans les communes où le conseil municipal a été élu dès le premier tour.

Pour celles présentes au second tour, cette date a été reportée au 11 septembre. Conséquence : le délai d’instruction de la CNCCFP pour statuer sur les recours est porté à trois mois au lieu de deux. L’ordonnance précise également que la démission d’un candidat élu dès le premier tour, pour cause de cumul par exemple, ne prend effet qu’à son entrée en fonction effective.

Enfin, l’ordonnance tire les conséquences du report au 11 septembre de la date limite de dépôt à la CNCCFP des comptes des partis et groupements politiques. Elle répercute ce décalage sur les étapes suivantes destinées à établir la seconde fraction de l’aide publique aux partis politiques : la première fraction est déterminée par le nombre de voix obtenues au premier tour des élections législatives par les formations dont les candidats ont obtenu au moins 1 % des voix dans au moins cinquante circonscriptions ; la seconde fraction par le nombre de parlementaires déclarant, chaque année, se rattacher à telle ou telle formation politique. La première partie est fixe, la seconde dépend des déclarations annuelles de rattachement.

Habituellement, chaque parlementaire doit communiquer sa déclaration de rattachement avant le 31 décembre. Ce délai est porté au 31 janvier 2021. La date de versement de l’aide publique aux partis politiques, qui intervient généralement en février, ne devrait cependant pas en être affectée.

16 mars 2020

Elections Municipales - 1er tour

abstention

16 mars 2020

Elections municipales à Paris : Anne Hidalgo en tête, les Marcheurs et Cédric Villani se cassent les dents dans la capitale

hidalgo

ELECTIONS La maire sortante, Anne Hidalgo, arrive en tête au soir du premier tour des élections municipales à Paris. Un scrutin marqué par un taux abstention de 57,65 %

Anne Hidalgo arrive en tête dans la capitale avec 30% des voix.

Rachida Dati (22 %) et Agnès Buzyn (18 %) sont nettement distancées.

Pour l'emporter, la maire devra toutefois faire alliance avec l'écologiste David Belliard, et espère aussi rallier Cédric Villani.

Une avance confortable. La maire sortante Anne Hidalgo (PS), candidate à sa propre succession arrive en tête du premier tour des élections municipales à Paris. Selon les premiers résultats, elle obtient 30 % des voix. Derrière elle, se trouvent Rachida Dati (LR) à 22 % et Agnès Buzyn (LREM) à 18 %. Le candidat EELV, David Belliard arrive en quatrième position avec 11 % des voix, Cédric Villani obtient quant à lui 7 % et Danielle Simonnet (LFI) récolte 5 %. Serge Federbusch (RN) et Marcel Campion ferment la marche avec respectivement 1 % et 0,4 %. Duel à quatre, avance d’Hidalgo et faillite de Villani… 20 Minutes revient sur cette soirée électorale très spéciale marquée par la tenue incertaine d’un second tour.

Une avance confortable mais suffisante pour Anne Hidalgo ?

« Ce dimanche, dans ces circonstances hors-du-commun, vous avez fait le choix de me faire confiance ». Peu avant 22h, Anne Hidalgo prend la parole depuis son QG situé boulevard de Sébastopol (4e arrondissement). « Merci d’avoir choisi cette voie pour le premier tour », poursuit-elle après avoir salué les Parisiennes et Parisiens « qui se sont déplacés en nombre » et toutes celles et ceux qui se sont mobilisés pour tenir les bureaux de vote tout au long de la journée.

Si la maire sortante est en tête des résultats, elle le sait – comme tous les autres candidats – Paris ne peut se gagner seule. Elle a ainsi appelé « les écologistes, les progressistes, les humanistes » à la rejoindre. Une main plus que tendue à David Belliard mais aussi à Cédric Villani. Une sorte de grande coalition pour le climat – voulue initialement par les Verts – dont Anne Hidalgo prendrait la tête et qui pourrait lui permettre la victoire finale. « Unis, nous serons à même d’affronter les crises qui s’annoncent et tout particulièrement celle que nous traversons », a-t-elle conclu.

Un duel a quatre pour quelles alliances ?

Malgré des sondages favorables ces derniers mois, Rachida Dati ne réalise pas la percée attendue. Surtout, elle ne semble pas disposer pas d’une réserve de voix suffisante pour l’emporter. « J’appelle tous ceux qui veulent le changement à me rejoindre en n’écoutant qu’eux-mêmes et en gardant en tête qu’ils sont les seuls propriétaires de leur vote », a-t-elle martelé dans la soirée en appelant au « rassemblement ».

Du côté de La République en Marche, Agnès Buzyn qui avait remplacé Benjamin Griveaux en catastrophe, ne parvient finalement pas à percer. Le parti de la majorité présidentielle ne s’impose dans aucun arrondissement de la capitale, à l'exception du 9e arrondissement. Alors, peut-elle renverser la vapeur ? Des tractations et alliances par arrondissement pourraient très vite s’enclencher avec Les Républicains, notamment.

Quatrième candidat de cette équation, David Belliard​, a d’ores et déjà prévenu qu’il ne négociera pas tout de suite avec la maire sortante, étant donné la situation sanitaire. « Les conditions de tenue en toute sérénité du second tour ne seront pas réunies. J’appelle donc les autorités à le reporter. La santé de tous doit être notre boussole », a-t-il déclaré dans une allocution éclair.

Après la chute, quel avenir pour Cédric Villani ?

Le mathématicien parti très tôt en dissidence avec LREM ne réalise pas non plus son pari. Mais qui va-t-il rallier ? Lui, qui a affiché durant des mois sa « liberté ». « Ce soir, je vais réunir toutes mes têtes de liste pour discuter avec eux des suites qu’il faut donner à notre action, à notre engagement à cette campagne autour des valeurs de progrès et d’écologie », a-t-il déclaré sur France 3 Ile-de-France. Il n’a en tout cas pas indiqué s’il chercherait un accord avec Anne Hidalgo ou Agnès Buzyn.

16 mars 2020

Elections Municipales 2020

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15 mars 2020

Elections municipales 2020 : les bureaux de vote ont ouvert, malgré le coronavirus

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Plus de 47 millions de Français sont appelés aux urnes dimanche, dans des bureaux de vote parés pour faire face à l'épidémie.

C'est jour de vote en France ! Le premier tour des élections municipales 2020 se déroule dimanche 15 mars, à partir de 8 heures. Le scrutin a été maintenu in extremis, malgré l'épidémie de coronavirus qui frappe le pays. Suivez la journée de vote et la soirée électorale en direct sur franceinfo.

Plus de 900 000 candidats. Près de 47,7 millions d'électeurs, dont 330 000 ressortissants d'autres pays de l'Union européenne, sont appelés à voter, pour élire leur conseil municipal et, in fine, leur maire. Au total, ce sont 902 465 candidats qui briguent l'un des 500 000 sièges de conseillers municipaux dans les 34 967 communes de France. Autre volet du scrutin, les électeurs votent également dimanche, avec le même bulletin, pour élire les 67 000 conseillers qui les représenteront au sein des intercommunalités, qui détiennent l'essentiel du pouvoir local.

Des mesures prises contre le coronavirus. Dans les bureaux de vote, on se prépare à accueillir les électeurs dans les meilleures conditions possibles face à l'épidémie : poignées de porte, tables, isoloirs... tout doit être nettoyé avant le vote et des mesures sont prises pour éviter les files d'attente et faire respecter les distances de sécurité. Les plus âgés ont été invités à limiter leurs déplacements et encouragés à donner procuration pour leur vote.

Une forte abstention ? L'urgence sanitaire laisse présager un nouveau record d'abstention, alors que le taux de participation aux municipales – 63,55% au premier tour en 2014 – diminue déjà depuis trente ans.

15 mars 2020

Elections Municipales 1er tour

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9 mars 2020

Dimanche prochain = Elections Municipales

elections municipales

9 mars 2020

Anticipant une défaite, la majorité spécule déjà sur l’après-municipales

municip

Par Olivier Faye, Alexandre Lemarié

Les responsables de La République en marche s’interrogent sur une modification de ligne politique ou un changement de têtes. Avec dans le viseur la présidentielle de 2022.

Ils sont déjà dans « l’après ». Alors que les élections municipales risquent de se révéler calamiteuses pour La République en marche (LRM), les esprits s’échauffent quant à la manière de relancer la machine en vue de l’élection présidentielle de 2022. « Nous allons rentrer dans une énorme zone de turbulences », prédit un macroniste historique.

Gouvernement, parti, majorité… Les spéculations vont bon train en coulisses pour savoir quelles têtes d’affiches changer, quel mode d’organisation chambouler, quelle ligne politique privilégier. Le mot d’ordre ? « Tirer les conséquences » du scrutin des 15 et 22 mars. Des responsables de LRM assurent qu’après la déroute annoncée, ils prendront la parole pour dire haut et fort « ce qu’il ne marche pas », plaider en faveur d’« un aggiornamento » et d’« un changement de casting » à tous les étages du pouvoir.

Au sommet de l’édifice se trouve d’abord le premier ministre. Faut-il remplacer Edouard Philippe pour incarner l’« acte deux » du quinquennat ? Plusieurs élus de l’aile gauche de la majorité plaident en ce sens afin d’impulser une ligne plus sociale et écologique que celle imprimée par le transfuge de la droite. Une manière d’essayer de reconquérir une partie de l’électorat social-démocrate ayant voté pour le candidat Macron en 2017.

Faire monter des profils plus politiques au gouvernement

L’attitude du juppéiste dans la conduite de la réforme des retraites, notamment, a laissé des traces. « Nous avons un président de la République qui a été obligé de demander à son premier ministre, lors de ses vœux, de trouver un accord rapide avec les syndicats, et ça n’a pas été fait », cingle Aurélien Taché, député LRM du Val-d’Oise.

Le scénario d’un changement de premier ministre est jugé « dangereux » au sommet du pouvoir : « On met qui à sa place ? Et comment fait-on pour ne pas perdre les gens de droite, qui constituent une bonne partie de notre socle désormais ? » Le principal intéressé, candidat dans son fief du Havre, semble en tout cas désireux de poursuivre son bail à Matignon. « Le premier ministre est toujours aligné sur le président depuis deux ans. Le sujet n’est pas un équilibre droite-gauche, mais l’efficacité des réformes pour les Français », affirme son entourage.

A l’étage en dessous, celui des ministres, les spéculations vont bon train, là aussi. Dans l’optique de la présidentielle, plusieurs stratèges macronistes plaident pour faire sortir les « technos » et les « société civile hors-sol », afin d’installer « un gouvernement de rassemblement et de combat ». « Il n’y a pas d’histoire commune dans ce gouvernement, et Edouard Philippe n’est pas un G. O. », regrette un ministre en vue.

Pour faire monter des profils plus politiques, toutes les formules sont envisagées : promouvoir des maires de droite qui seront élus ou réélus en mars, comme le maire d’Angers, Christophe Béchu ; s’appuyer sur des profils expérimentés, comme Manuel Valls, dont le nom circule pour l’intérieur ; ou faire monter en gamme certains ministres, comme celui de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, désireux d’étendre son influence. D’après ses soutiens, Emmanuel Macron devrait attendre l’adoption de la réforme des retraites, prévue d’ici l’été, avant de remanier son équipe gouvernementale. Le chef de l’Etat a lui-même écarté tout changement après les municipales, assurant qu’il « ne tirerai[t] pas des conséquences nationales » de ce scrutin local.

Le risque d’une scission du groupe LRM

Reste l’organisation du parti présidentiel et de la majorité en général. A l’Assemblée nationale, le crédit du chef de file des députés LRM, Gilles Le Gendre, s’est érodé auprès de ses troupes, en particulier lors du récent couac du vote contre l’allongement du congé de deuil d’un enfant. S’il a « bien évidemment » l’intention de rester à son poste, d’après son entourage, reste à voir s’il le pourra, alors que son autorité est ouvertement contestée en interne. Après l’utilisation du 49.3 pour faire passer sans vote la réforme des retraites, le risque d’une scission du groupe LRM, par ailleurs, grossit. Un nouveau groupe – le neuvième au Palais-Bourbon – pourrait être lancé et réunir des macronistes déçus – principalement de l’aile gauche – et des écologistes, comme Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot.

Au sein du mouvement La République en marche, enfin, l’ambiance est exécrable. Les rapports entre le numéro un, Stanislas Guerini, et son adjoint, Pierre Person, se sont considérablement refroidis après l’échec d’un projet d’alliance entre Cédric Villani et Agnès Buzyn à Paris – scénario défendu par M. Person.

La gestion de l’entre-deux tours est perçue comme une séquence à haut risque, notamment dans la capitale, où Mme Buzyn – troisième dans les sondages – n’exclut pas des alliances avec la droite dans certains arrondissements. Plusieurs dirigeants craignent que le parti ne se déchire entre ceux qui se rangeraient derrière la socialiste Anne Hidalgo quand les autres rouleraient pour la candidate du parti Les Républicains, Rachida Dati. Cette dernière hypothèse est fermement écartée par la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, candidate dans le 14e arrondissement. « Je préfère perdre une élection que de perdre mes valeurs », a-t-elle prévenu, dimanche, sur BFM-TV.

Stanislas Guerini pourrait voir sa place contestée

Dans ce contexte, la place de Stanislas Guerini pourrait être contestée. Ses détracteurs, en interne, lui reprochent notamment « un fonctionnement trop sectaire ». Le député européen Stéphane Séjourné, pressenti comme un potentiel rival, jure ne pas avoir de visées sur son poste. « Contrairement à ce que j’entends, je ne suis pas candidat pour remplacer Stanislas Guerini à la tête d’En marche », assure-t-il au Monde.

Beaucoup jugent probable que M. Guerini reste finalement à la tête de LRM, faute de « candidat naturel » à sa succession. Et que la révolution promise à tous les étages de la Macronie accouche finalement d’une souris… « La force d’inertie est forte chez nous, note un cadre. Tant qu’il n’y aura pas un ordre clair et précis de Macron, il ne se passera rien. » « Au sein de LRM, ils préparent la nuit des couteaux à beurre ! », ironise un député MoDem.

Toute cette agitation donne en tout cas l’image d’un retour en arrière, celui de pratiques que le « nouveau monde » assurait vouloir ranger au placard. « La politique reprend ses droits, reconnaît un macroniste. Au départ, vous êtes portés par une volonté sincère de faire les choses autrement, mais vous êtes rattrapés par la dureté et la réalité politicienne. » « Le pays, ce qui lui importe, c’est le coronavirus, soupire de son côté un proche du chef de l’Etat. Pas la vie interne des partis ! »

9 mars 2020

Elections municipales : au Havre, Edouard Philippe joue son avenir politique

Par Olivier Faye

En campagne pour le scrutin de mars dans la ville de Seine-Maritime, le premier ministre reste favori, mais ses opposants sont remobilisés par le contexte national.

Il faut différencier le premier ministre du candidat. C’est en tout cas ce que veut faire valoir Edouard Philippe depuis qu’il s’est lancé dans la course aux élections municipales des 15 et 22 mars au Havre (Seine-Maritime). « Quand je suis au Havre, je parle du Havre », répète le chef du gouvernement. Et de rien d’autre.

Jeudi 5 mars, alors que le président de la République Emmanuel Macron déclare « inexorable » la survenue en France de l’épidémie due au coronavirus, Edouard Philippe déambule pour sa part sur l’estrade de la salle des fêtes de Graville, télécommande en main, et fait défiler les diapositives présentant son programme des six années à venir : nouvelle ligne de tramway, suppression d’une décharge…

Difficile, pourtant, d’ignorer le contexte qui entoure sa campagne. Ces rues adjacentes bouclées par des forces de l’ordre qui repoussent à coups de gaz lacrymogènes des petits groupes d’opposants à la réforme des retraites. Ces policiers en civil qui contribuent à peupler le public d’une salle à moitié vide, où se sont glissés discrètement le ministre des collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, et le député des Hauts-de-Seine Thierry Solère, amis du locataire de Matignon. Sur scène, Edouard Philippe se montre reconnaissant envers ses troupes : « Merci d’avoir bravé la pluie froide… Et les manifestants parfois un peu chauds. »

Le juppéiste joue son avenir politique dans cette ville qu’il a dirigée entre 2010 et 2017. En se déclarant candidat comme tête de liste, fin janvier, il a montré qu’il se projetait – de l’aveu d’un proche – sur « l’après-Matignon » ; pas question d’arrêter la politique une fois son bail terminé auprès du président de la République. Un bail qu’il espère d’ailleurs le plus long possible : s’il l’emporte aux municipales, c’est le maire actuel, Jean-Baptiste Gastinne, qui le remplacera à l’hôtel de ville. Le temps pour lui d’achever sa tâche à Paris.

« Pas fanfaron »

« Edouard Philippe a beaucoup à perdre avec cette élection : Le Havre, Matignon… En plus, il n’a plus de parti politique derrière lui pour l’accueillir en cas de défaite », souligne le candidat écologiste, Alexis Deck, qui mène une liste d’union entre Europe Ecologie-les Verts (EELV) et le Parti socialiste (PS).

Beaucoup à perdre, certes, mais aussi un peu à gagner. « La municipale au Havre aura une implication nationale », prévient un député de La République en marche (LRM). En cas de victoire, M. Philippe pourrait voir sa position renforcée au sein d’une Macronie qui n’aura pas beaucoup de trophées à brandir au soir des municipales. Mais s’il venait à perdre, l’issue semble inéluctable aux yeux de beaucoup : il devra partir.

Depuis quelques jours, d’ailleurs, le candidat Philippe ne se montrerait « pas fanfaron », aux dires d’un ami. Un sondage IFOP, publié par CNews mercredi 4 mars, le place à 42 % d’intentions de vote au premier tour du scrutin, devant le candidat communiste Jean-Paul Lecoq (25 %). Suivent Alexis Deck, à 16 %, et la tête de liste du Rassemblement national (RN), Frédéric Groussard, à 10 %. Une avance confortable, sur le papier, mais qui a fondu comme neige au soleil en quelques mois : à l’automne 2019, une enquête confidentielle commandée par LRM le donnait en effet vainqueur dès le premier tour. Comme en 2014, lorsqu’il avait emporté la mairie dans un fauteuil, avec 52 % des voix.

« S’IL Y A UN SECOND TOUR, C’EST UNE FORME DE DÉSAVEU ET D’ÉCHEC »

« Le dernier sondage n’est pas favorable. S’il y a un second tour, c’est une forme de désaveu et d’échec », veut croire un député « marcheur ». « Nous n’avions jamais envisagé une élection au premier tour possible, y compris après le sondage de l’automne. Le contexte national ne s’est pas formidablement arrangé depuis », défend pour sa part un philippiste.

Encore moins ces derniers jours. Le sondage a été réalisé juste avant le recours du premier ministre à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote des députés la réforme des retraites. Certains, au sein de son équipe, craignent que cette décision n’aboutisse à « une mobilisation des forces de gauche, peut-être plus que d’habitude ».

Classique affrontement droite-gauche

Les réserves de voix de l’ancien député Les Républicains (LR) apparaissent faibles, quoi qu’il en soit, dans cette ville dirigée par la droite depuis 1995, après trois décennies de règne communiste. « Ce sondage montre qu’il faudra mobiliser toutes nos forces dès le premier tour. Il faut que les électeurs de droite sachent que la désunion est mortifère », insiste la sénatrice LR de Seine-Maritime, Agnès Canayer. Ici, point de « dépassement » ou de recomposition du paysage politique. C’est un classique affrontement droite-gauche que sont invités à trancher les électeurs.

Edouard Philippe, d’un côté, promeut l’attractivité économique et touristique du Havre, quand son principal adversaire, Jean-Paul Lecoq, déplore l’abandon des quartiers populaires. S’il arrivait en troisième position, l’écologiste Alexis Deck se dit prêt à fusionner sa liste avec celle de son concurrent communiste au second tour. « Il y a de la place pour passer », veut croire M. Lecoq. De quoi faire frémir l’électorat de droite.

Vendredi 6 mars, Edouard Philippe a retrouvé une petite vingtaine de décideurs économiques – dont deux femmes – au siège de l’Union maritime et portuaire du Havre. L’assemblée ne se montre guère hostile. « Tu es un grand politique, lui lance Jean-Louis Le Yondre, président du syndicat des transitaires du Havre. On te soutient tous, il faut que tu le saches. »

Quelques nez se sont bien tordus ces derniers mois lorsque le premier ministre Philippe s’est rangé à l’avis d’Emmanuel Macron de lancer le chantier du canal Seine-Nord, perçu par ici comme « un aspirateur à conteneurs » et un « cheval de Troie » du port d’Anvers, en Belgique.

Mais le candidat Philippe laisse entendre qu’il pourrait influer en faveur de l’implantation au Havre du siège d’Haropa, instance de réunion des ports de l’axe Seine. Paris et Rouen lorgnent aussi ce butin. « Le premier ministre a décidé que la décision serait prise en avril, souligne Edouard Philippe dans un sourire. Il se trouve que Le Havre a des arguments sérieux. Je pense que je pourrai les faire valoir, y compris auprès du premier ministre. » Il y a parfois du bon à ne pas différencier le candidat du premier ministre.

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