Un centre de vacances de Carry-le-Rouet et un centre de formation des sapeurs-pompiers à Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, vont accueillir les premiers Français évacués de Wuhan. Leur retour est prévu dans la nuit de vendredi à samedi, ils seront placés en quarantaine pendant 14 jours.
Par Annie Vergnenegre
C'est l'effervescence ce jeudi à la mairie de Carry-le-Rouet, à 30 km de Marseille. A la mi-journée, une réunion est improvisée avec les gendarmes. La petite commune de la Côte Bleue s'apprête à accueillir des Français évacués de Chine.
Le maire redoute qu'"une psychose" gagne la population "dès que les gens vont apprendre qu'il y a des Français qui arrivent de Chine et qu'ils sont confinés pendant 14 jours".
"On attend 4 à 5000 personnes ce dimanche, s'inquiète surtout Jean Montagnac à la veille des traditionnelles oursinades qui s'étalent sur un mois. "Si on l'avait su on aurait reporter".
Sans vouloir se dérober à ses responsabilités, l'élu ne cache pas sa colère d'avoir été prévenu au dernier moment. En fait, il a appris la nouvelle à 14 heures de nos journalistes.
"Je viens d'avoir la préfecture parce que c'est moi qui les ai appelés, ce qui est quand même navrant, note-il, et le préfet confirme que le site est retenu, il va être sécurisé par les gendarmes mais il va peut-être arriver 30, 40, 50, 200 personnes, je ne sais pas du tout!"
Alors que le bilan de l'épidémie de pneumonie virale liée au Coronavirus s'établit à 170 morts en Chine, le retour des Français piégés à Wuhan s'organise.
Le centre de vacances Vacanciel des Eaux Salées va accueillir une partie des rapatriés français sous le contrôle d’une équipe médicale de la Croix-Rouge.
Le site a été choisi car facilement "sécurisable" selon le maire, il ne dispose que d'un accès voiture et deux accès piétons. La ministre de la santé Agnès Buzyn pourrait se rendre sur place ce vendredi.
Selon le maire de Carry, "le directeur général de Vacanciel a d'abord dit non car ils ouvrent le 20 février. Une fois qu'ils seront partis, il va falloir tout décontaminer".
"On met en difficulté une entreprise et ça impacte notre commune de Carry, car un tiers de notre économie se fait pendant ce mois de l'oursin".
"Peut-être que des gens ne viendront pas cet été, sachant ça" projette déjà Jean Montagnac.
Un deuxième centre à Aix-en-Provence
Un deuxième centre est prévu dans les Bouches-du-Rhône pour répondre à la demande des autorités françaises.
Il s'agit de l'école nationale supérieure de sapeurs-pompiers (Ensosp) au sud d'Aix-en-Provence, qui accueille actuellement près de 400 stagiaires en formation.
Un premier avion de l'armée est parti de Paris avec une équipe médicale à bord dans la nuit de mercredi à jeudi à destination de Wuhan. Son retour est attendu dans la nuit de vendredi à samedi. Il pourrait atterrir sur l'aéroport de Marignane.
Au moins 250 Français pourraient rentrer et être placés en quarantaine pendant 14 jours, le temps de s'assurer qu'ils ne développent aucun symptôme de la maladie. Parmi eux pourraient se trouver les huit Dignois bloqués dans la métropole chinoise.
L’ensemble des rapatriés du premier vol sont des personnes asymptomatiques, elles ne présentent donc pas de symptômes du virus assurent les autorités françaises.
Les éventuels ressortissants français en Chine présentant des symptômes de la maladie pourront bénéficier d’un rapatriement par vol sanitaire pour être hospitalisés en France.
Mise en quarantaine
La période d'incubation du Coronavirus chinois est de l'ordre de 5,2 jours en moyenne, mais varie beaucoup d'un patient à l'autre d'où la nécessité d'une période d'observation de 14 jours pour les personnes exposées selon les autorités sanitaires chinoises.
De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) table sur une fourchette de deux à dix jours pour l'apparition des symptômes (fièvre, toux, essoufflement, voire détresse respiratoire aigüe).
Se laver les mains, se couvrir la bouche et le nez en cas de toux ou d’éternuement ...
Au 29 janvier, cinq cas d’infection au virus 2019-nCoV ont été confirmés sur le territoire français. Quatre de ces cas sont pris en charge à Paris, le cinquième à Bordeaux. Deux d'entre eux ont été placé en service de réanimation. Tous sont originaires ou on séjourné récemment à Wuhan.