CELESTE BOURSIER-MOUGENOT : ACQUAALTA - au Palais de Tokyo (vu le 22 juin - vernissage)
CELESTE BOURSIER-MOUGENOT : ACQUAALTA
Jusqu'au13/09/2015
L’acquaalta est cette inondation annuelle touchant la lagune vénitienne. À l’été 2015, ce même phénomène s’empare des espaces du Palais de Tokyo. Céleste Boursier-Mougenot imagine en effet un paysage lacustre qui entraîne le visiteur dans une expérience visuelle, tactile et auditive modifiant sa perception des lieux : « le déploiement dans l’espace d’un dispositif, en relation avec un lieu ou une situation, correspond pour moi à ce que d’autres musiciens accomplissent en faisant des concerts. » (1)
En traversant cet espace inondé, le visiteur est introduit dans un flux d’images créant les prémices d’un voyage halluciné qui l’amènerait à naviguer à travers sa propre psyché. Avec cette production inédite, c’est aussi un nouveau format d’exposition qui est exploré. L’artiste complète ce paysage par un zombiedrone, principe qu’il a déjà expérimenté et qu’il définit ainsi : « un système de traitement du signal vidéo crypte les images, ne laissant apparaître sur l’écran que les parties en mouvement dans le cadre. Tout le reste se fond dans un noir opaque. L’effet saisissant de la transformation de l’image vidée de son message est accompagné par un son lancinant, provenant de la conversion du flux des images en un continuum sonore. »
C’est donc un continuum, une onde, qui guide le visiteur dans l’exposition via un dispositif cohérent ayant pour fonction la connexion des flux (des visiteurs, de l’eau, de la vidéo et du son) : les visiteurs parcourent l’exposition, leurs mouvements étant filmés et retransmis en direct sur les murs. Tous se retrouvent sur une île, lieu d’un éboulement minéral où chacun pourra s’allonger pour mieux se noyer dans les images environnantes. Tout au long du parcours, le visiteur est acteur de l’exposition, son sujet et son objet. À l’issue de cette expérience sensible et hallucinatoire, et selon les mots de l’artiste, « pour sortir de l’exposition, le visiteur traversera – littéralement – l’image. » Cet univers fantasmagorique évoque autant la mythologie antique (de Narcisse se noyant dans son reflet à Ulysse résistant au chant des sirènes) que le cinéma (la fuite en barque des enfants dans «La Nuit du Chasseur»). Le rapport entre nature et culture est ici renversé, l’artiste étant comme il le dit lui-même « un simple médium, permettant aux visiteurs de donner des formes à leur sensations », soit l’oubli de soi face à des images et des sons hypnotiques.
(1) Céleste Boursier-Mougenot, « Ecoutes à l’oeuvre – entretien avec Samuel Bianchini » in Céleste Boursier-Mougenot, Etats seconds, Edition FRAC Champagne-Ardenne, Reims. Analogues, Arles, 2008, p. 114.
Biographie
Né en 1961 à Nice, Céleste Boursier-Mougenot vit et travaille à Sète. Ses travaux, bien que présentés depuis près de vingt ans dans les lieux d’art contemporain, en France comme à l’étranger, sont avant tout à considérer comme ceux d’un musicien. Après avoir été, de 1985 à 1994, le compositeur de la compagnie « Side One Posthume Théâtre » de l’auteur et metteur en scène Pascal Rambert, il entreprend de donner une forme autonome à sa musique en réalisant des installations.
Céleste Boursier-Mougenot présente son travail à l’international depuis un certain nombre d’années. Il a d’ailleurs été le premier artiste français lauréat de l’International Studio Program (PS1) à New York en 1998-1999. On a pu voir récemment son travail exposé à la National Gallery Victoria de Melbourne (2013), au Barbican Centre à Londres (2010) ou encore à la Pinacothèque de Sao Paulo (2009).
L’année 2015 s’annonce exceptionnelle pour l’artiste puisqu’en parallèle de son exposition au Palais de Tokyo, il présente à la 56e Biennale d’art contemporain de Venise (09 mai – 22 novembre 2015), rêvolutions, un projet inédit et ambitieux, qui transforme le Pavillon français en un îlot organique et sonore. Le commissariat du Pavillon français, placé sous la conduite de l’Institut français, est assuré par Emma Lavigne, directrice du Centre Pompidou- Metz, qui y présente une nouvelle version d’une de ses oeuvres les plus connues, clinamen. Il sera également invité au Musée des Beaux-Arts de Montréal en novembre avec from here to hear, une autre pièce de renom.
Céleste Boursier-Mougenot est actuellement représenté par les galeries Paula Cooper (New York), Xippas (Paris, Genève, Montevideo, Athènes) et Mario Mazzoli (Berlin).
Palais de Tokto - ce soir - VERNISSAGE..
Vernissage demain soir (à partir de 21 heures) au Palais de Tokyo
TIANZHUO CHEN
Date: 24/06/2015 - 13/09/2015
Le Palais de Tokyo présente la première exposition personnelle en France de Tianzhuo Chen (né en 1985, vit à Pékin, Chine), l’un des artistes les plus prometteurs de sa génération.
ADAHA, documentation de performance, 2014, Artist and Bank Gallery, Shanghai, Photographed by Yan Zhuang
À travers une imagerie colorée, grotesque et kitsch, dominée par les références visuelles directes à la drogue, à la vague hip-hop queer, à la culture de la rave londonienne, au butoh japonais, au voguing new-yorkais et à l’univers de la mode, les œuvres de Tianzhuo Chen sont intimement liées au constat d’un effondrement des représentations morales et des croyances. Si les personnages mis en scène par Tianzhuo Chen revêtent un caractère d’étrange familiarité, c’est qu’ils reflètent, en l’exagérant, le ridicule de notre quotidien envahi par les images des célébrités de notre temps. Leurs faits et gestes composent une nouvelle mythologie, s’érigent en de nouveaux systèmes de croyances, dont les adeptes évoluent parfois en adorateurs aveugles.
Pour son exposition au Palais de Tokyo, Tianzhuo Chen conçoit un ensemble d’œuvres inédites, dont une performance avec l’artiste et danseur Beio et le collectif parisien House of Drama. Mêlant peinture, dessin, installation, vidéo et performance, elles intègrent différentes symboliques religieuses à des éléments iconographiques empruntés à plusieurs subcultures urbaines communes à une jeunesse mondialisée.
Tianzhuo Chen (né en 1985) vit à Pékin, en Chine. Il a obtenu une licence en design graphique au Central St Martins College of Art and Design en 2009, et un master des beaux-arts au Chelsea College of Art and Design, au Royaume-Uni en 2010.
Ses projets récents incluent PICNIC PARADI$E BITCH à la Bank Gallery à Shanghai (2014), SANKUANZ 2015 Collection à la Fashion Week de Londres (2014), Tianzhuo Acid Club à la Star Gallery à Beijing (2013), Kangrinboqê SANKUANZ FW 2013 Collection à la Fashion Week de Shanghai (2013) et à l’Asia Triennale de Manchester au Royaume-Uni (2011).
Commissaire : Khairuddin Hori, directeur adjoint de la programmation artistique du Palais de Tokyo
Palais de Tokyo
Nouvelle expo #ArchipelSecret : rencontre avec la création contemporaine d'Asie du Sud-Est → http://t.co/uJ6hNyxNqd pic.twitter.com/Z5SYZCH653
— Palais de Tokyo (@PalaisdeTokyo) 27 Mars 2015