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Jours tranquilles à Paris
pollution
6 mars 2019

Le scénario du WWF pour un monde sans plastique en 2030

kill

Par Patricia Jolly

L’ONG rappelle les chiffres alarmants sur la pollution plastique à l’échelle mondiale et appelle gouvernements, entreprises et citoyens à agir collectivement pour l’enrayer.

Les chiffres qu’égrène le WWF dans son dernier rapport intitulé « Pollution plastique : à qui la faute ? », publié mardi 5 mars, ont beau n’être pas nouveaux, leur lecture provoque toujours la même sensation de vertige.

En 2016, la production de plastique a atteint 396 millions de tonnes – soit l’équivalent de 53 kilos pour chaque habitant de la planète – et elle a entraîné des émissions de dioxyde de carbone d’environ deux milliards de tonnes, soit près de 6 % du total des émissions de dioxyde de carbone de l’année, rappelle notamment le document d’une quarantaine de pages élaboré par l’association de protection de l’environnement.

La moitié de l’ensemble du plastique produit depuis 1950 sur la planète l’a été entre 2000 et 2016, relève-t-il encore, avant d’asséner que, « si aucune mesure n’est prise », la production de ce matériau pourrait augmenter de 40 % d’ici 2030. Et que cela doublerait la quantité actuelle de déchets qu’elle génère dans la nature : 100 millions de tonnes par an qui déciment ou empoisonnent plusieurs centaines d’espèces animales par enchevêtrement et ingestion…

75 % de l’ensemble du plastique produit depuis 1950 est aujourd’hui un déchet. Pourtant, le WWF assure qu’il est « possible » d’inverser la tendance et de mettre fin à la pollution plastique dans la nature d’ici 2030 en comblant les failles d’un système de production, d’utilisation et d’élimination du plastique qui ne tient aucun de ses acteurs « pour responsable ».

Les pays riches sont aussi les plus polluants

Dans son rapport, l’ONG explique notamment qu’à l’origine de la crise mondiale de la pollution par le plastique se trouvent les pays à revenu élevé qui génèrent dix fois plus de déchets par personne que les pays à faible revenu et qui exportent 10 à 25 % de ces déchets. La France, un des plus gros consommateurs de matières plastiques, n’en recycle par exemple que 21 %.

« Nous sommes un peu tous responsables de la pollution plastique – citoyens, entreprises, pouvoirs publics – ce qui signifie du même coup que nous pouvons tous faire quelque chose pour y remédier » explique Isabelle Autissier, présidente du WWF France, au Monde. « Ce qui nous intéresse, c’est que soient appliquées – à l’échelle globale, nationale ou locale – des solutions qui existent déjà, comme la réduction de notre consommation de plastique, le réemploi, le recyclage, ou encore le développement de matériaux alternatifs ».

Pour extraire la planète de sa dépendance au plastique ravageur, le WWF exhorte donc tous les acteurs de la société à une « action collective » pour préserver leurs « biens communs ». Et pour chaque strate, l’association a tracé une feuille de route.

Aux entreprises et industries impliquées dans la production, la promotion et la vente de produits en plastique, elle enjoint de réduire le plastique excessif et inutile, de mettre sur le marché des produits recyclables, en matières recyclées ou des matériaux alternatifs durables, d’investir dans des systèmes de gestion des déchets respectueux de l’environnement, et de soutenir l’élaboration de lois et de bonnes pratiques pour une mise en œuvre effective des politiques gouvernementales.

La piste d’un traité international

Le WWF invite aussi la société civile à « demander des comptes » aux institutions internationales, aux gouvernements nationaux et au secteur privé, à trouver des « solutions systémiques » en collaboration avec les entreprises et les gouvernements et à fournir au « grand public » des « outils » pour la défense de l’environnement.

L’ONG incite ces citoyens à s’« assurer » que les représentants des gouvernements et des entreprises agissent pour « lutter contre la pollution plastique », et à user de leur « pouvoir de consommateur » en réduisant leur utilisation du plastique.

Mais c’est aux gouvernements que le WWF a réservé le programme le plus ambitieux. Il leur demande de « convenir d’un traité international juridiquement contraignant » pour enrayer la pollution plastique des océans, et d’établir des objectifs nationaux chiffrés favorisant la réduction à la source, le réemploi et le recyclage du plastique.

Pour Isabelle Autissier, les Etats ont l’opportunité de s’engager solennellement à y travailler dès la prochaine assemblée des Nations unies pour l’environnement qui se tiendra à Nairobi du 11 au 15 mars.

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27 février 2019

A cause de la pollution, vitesse limitée sur les routes d’Ile-de-France, du Rhône et des Hauts-de-France

Les véhicules les plus polluants seront interdits de circulation à Paris et en proche banlieue mercredi, a annoncé la préfecture, qui a poursuivi mardi la baisse de la vitesse de 20 km/h.

En raison d’un épisode de pollution aux particules fines qui dure depuis plusieurs jours, les préfectures d’Ile-de-France, du Rhône, du Nord et du Pas-de-Calais ont décidé, mardi 26 février, de baisser la vitesse de circulation de 20 km/h sur certains axes.

Ile-de-France

Airparif attend pour mercredi un nouveau dépassement du seuil d’information sur la pollution aux particules fines. Les véhicules les plus polluants seront interdits de circulation à Paris et en proche banlieue mercredi, a annoncé, mardi, la Préfecture de police de Paris.

L’interdiction de circulation, à l’intérieur d’un périmètre délimité par l’A86, concerne les véhicules non classés et les véhicules de classe 4 et 5 selon la classification des vignettes Crit’Air, obligatoires à Paris, a précisé la préfecture dans un communiqué. Entre 5 h 30 et minuit, seuls les véhicules de classe 0 à 3 pourront se déplacer dans cette zone.

Les concentrations en particules fines dans l’air en Ile-de-France avaient dépassé mercredi, jeudi et vendredi le seuil d’information fixé à 50 microgrammes par mètre cube (µg/m3), montant même au-delà de 70 µg/m3, soit des concentrations intenses. Elles sont depuis redescendues mais, par précaution, la préfecture a reconduit, lundi et mardi, la réduction de 20 km/h de la vitesse maximale – autorisée sur les axes limités habituellement à 90 km/h, 110 km/h et 130 km/h en Ile-de-France – mise en place en fin de semaine.

Des contrôles routiers sont mis en place pour s’assurer que la mesure est respectée. La Mairie de Paris a aussi rendu gratuit le stationnement résidentiel. La préfecture de police a annoncé, dans un communiqué, que sur les 22 000 véhicules contrôlés pour faire respecter cette obligation depuis jeudi, 6 644 avaient été verbalisés. Après le nouveau dépassement de seuil attendu mercredi, la situation devrait ensuite s’améliorer grâce à l’arrivée d’une perturbation selon Airparif.

Hauts-de-France

La préfecture des Hauts-de-France a rendu obligatoire, depuis mardi 5 heures et jusque mercredi 22 heures, la réduction de la vitesse de 20 km/h sur les axes habituellement à 110 km/h et 130 km/h. Selon Atmo Hauts-de-France, l’air est particulièrement mauvais à Lille et Dunkerque dans le Nord et à Béthune, Calais et Lens dans le Pas-de-Calais.

Si les prévisions indiquent une aggravation de la pollution atmosphérique mercredi, le préfet du Nord imposera, pour la première fois, « de mettre en place la circulation différenciée dans la métropole lilloise à compter du 27 février au matin » sur « la base des vignettes Crit’Air ».

Comme à Paris, les véhicules les plus polluants seront interdits à la circulation. Seuls les véhicules équipés d’une vignette Crit’Air 0, 1, 2 et 3 seront autorisés à circuler dans un périmètre qui couvre une douzaine de communes, a précisé la préfecture du Nord.

Rhône

La baisse de la vitesse maximale de 20 km/h dans ce département ne concernera que les routes ou la vitesse limitée autorisée est supérieure ou égale à 90 km/h. Sur les routes où la vitesse maximale est de 80 km/h, elle sera limitée à 70 km/h. Ces mesures sont effectives depuis ce mardi matin à 5 heures et pourraient être reconduites mercredi.

9 août 2018

Effet de serre

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26 juillet 2018

Canicule : coup de chaud sur l’Ile-de-France, dix-huit départements en vigilance orange

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Conséquences de la vague de chaleur : un pic de pollution à l’ozone ; des restrictions de la circulation dans la région ; et l’ouverture de salles où se rafraîchir à Paris.

Ventilateurs et brumisateurs sont à nouveau de sortie. L’Ile-de-France va connaître un coup de chaud jusqu’à vendredi, avec pour conséquence un pic de pollution à l’ozone, des restrictions de la circulation dans la région et l’ouverture de salles où se rafraîchir à Paris.

Mercredi 25 juillet, Météo-France a placé dix-huit départements en vigilance orange jusqu’à au moins jeudi après-midi : Paris, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine, la Seine-et-Marne, les Yvelines, l’Essonne, le Val-d’Oise, le Nord, le Somme, le Pas-de-Calais, l’Aisne, la Marne, la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire, le Rhône, l’Ardèche, la Drôme. « Il s’agit d’un phénomène non remarquable mais nécessitant une vigilance particulière, notamment pour les personnes sensibles ou exposées », souligne Météo-France.

Les véhicules les plus polluants étaient interdits mercredi à Paris et en proche banlieue. Cette mesure concerne les véhicules non classés (pour la plupart dont l’immatriculation est antérieure à 1997) et les véhicules de classe 4 et 5, selon la classification des vignettes Crit’Air, obligatoires à Paris.

Un forfait antipollution de 3,80 euros pour la journée permettra d’emprunter les transports en commun franciliens mercredi et jeudi. La région Ile-de-France prendra aussi en charge les coûts pour le covoiturage sur les trajets de courte distance.

Un pic de chaleur est attendu vendredi, prévoit Météo France, avec des températures comprises entre 34 et 37 degrés et des nuits de plus en plus chaudes, avant une accalmie ce week-end. Les températures devraient repartir à la hausse la semaine prochaine.

Episode de pollution à l’ozone

Les effets de ces fortes chaleurs se font sentir en Ile-de-France, avec un épisode de pollution à l’ozone. Ce gaz corrosif, qui favorise l’asthme et peut aggraver des troubles cardio-vasculaires ou respiratoires, se forme sous l’action d’un fort ensoleillement et de températures élevées par la combinaison de deux polluants : les composés organiques volatils, émis par des sources naturelles mais également par l’industrie, et les oxydes d’azote (NO2), principalement émis par le trafic routier.

L’organisme de surveillance de la qualité de l’air Airparif prévoyait mercredi, pour la troisième journée d’affilée, un dépassement du seuil d’information de 180 g/m3. « On ne voit pas d’amélioration jeudi », faute de vent, prévient Patrick Garnoussi, prévisionniste à Airparif.

Des îlots de fraîcheur

Pour lutter contre la pollution, la circulation en Ile-de-France a été réduite dès mardi de 20 km/h, et les poids lourds de plus de 3,5 tonnes doivent contourner l’agglomération parisienne. La préfecture a aussi demandé de réduire le fonctionnement des installations fixes des industries dont les émissions de composés organiques volatils contribuent à l’épisode.

Le préfet de Paris a déclenché le niveau 3 du plan de gestion de la canicule à Paris, qui correspond à une « alerte canicule ». Un numéro de téléphone (39 75) a été activé pour les personnes les plus fragiles.

Des salles où se rafraîchir sont ouvertes entre 14 heures et 18 heures, dans des mairies d’arrondissement ou des centres d’action sociale de la ville de Paris. L’application Extrema Paris, disponible sur smartphone, permet de repérer des îlots de fraîcheur, comme les parcs, les églises ou les lieux équipés de brumisateurs, ouverts le jour ou la nuit. D’autres salles sont ouvertes, par exemple dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Par ailleurs, le distributeur Veolia Eau d’Ile-de-France refait campagne pour lutter contre l’ouverture intempestive de bouches à incendie en région parisienne, un phénomène apparu en 2015 qui complique le travail des pompiers et entraîne d’importantes pertes d’eau.

Le thermomètre va aussi grimper ailleurs, notamment dans le Nord, où la température dépassait déjà les 20 °C mercredi à 5 h 45. A Lille, la mairie doit installer jeudi des brumisateurs sur deux places principales et deux parcs resteront ouverts dès mercredi soir jusqu’à 23 heures.

La préfecture du Nord a par ailleurs placé le département en « vigilance sécheresse » – niveau 1 sur une échelle de 4 – et appelle à éviter « tout gaspillage », sans imposer pour l’heure de restrictions. L’usage de l’eau est en revanche restreint dans des départements de l’Ouest en raison de la sécheresse, particulièrement en Vendée.

Pour les autres départements en vigilance jaune canicule (la moitié est de la France), « le pic de chaleur est attendu également pour vendredi », selon Météo France.

« Un moment de solidarité collective »

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a rappelé mercredi sur RTL qu’« énormément de procédures » avaient été mises en place depuis une quinzaine d’années, et l’été meurtrier de 2003, pour faire face à ces épisodes caniculaires.

« Aujourd’hui nous établissons chaque semaine un décompte des personnels dans les services d’urgence. Nous adaptons évidemment les effectifs aux besoins, a déclaré la ministre. C’est aussi un moment de solidarité collective, c’est aussi le moment d’aller voir ses voisins. C’est le moment de faire attention à chacun d’entre nous et aux plus vulnérables. »

20 juillet 2018

Pollution...

A Bombay, la mer recrache des tonnes d’ordures abandonnées par l’homme

Par Guillaume Delacroix, Bombay, correspondance - Le Monde

Une grosse tempête de mousson et de grands coefficients de marée ont fait revenir sur le littoral des quantités impressionnantes de déchets

Un prêté pour un rendu. Tel est le message que semblent avoir voulu laisser les grandes marées, à Bombay, durant le week-end du 14-15 juillet. La mer d’Arabie, déchaînée par la conjonction de grands coefficients et de perturbations de mousson extrêmement fortes (1 817 mm de pluie depuis début juin), a vomi des tonnes d’ordures sur le littoral de la capitale financière de l’Inde, donnant un spectacle affligeant sur les plages. Mais c’est sur la célèbre promenade de Marine Drive, dans les quartiers chics du sud de la péninsule sururbanisée, que le phénomène a été le plus impressionnant.

Les vagues, en déferlant au-dessus de la digue, ont recraché en cinq jours 40 tonnes de déchets. Bouteilles en plastique, emballages, morceaux de polystyrène, caoutchouc, tongs et chaussures de toutes sortes… « Il est évident que les gens jettent ces trucs sans aucun esprit civique, soit directement dans la mer, soit dans les rivières, les conduites d’eau pluviale et les tuyaux d’assainissement qui, au bout du compte, rejettent tout dans la mer également », indique-t-on à la mairie.

Au total, ce sont plusieurs centaines de tonnes de déchets qui ont été ramassés. Rien que sur le sable de Versova, Juhu, Dadar et Chowpatty, les balayeurs disent avoir collecté 361 tonnes. Mardi 17 juillet, l’organisation non gouvernementale Citizen Circle for Social Welfare and Education a déposé plainte à la Haute Cour de Bombay, afin de dénoncer « l’état lamentable des eaux » et « l’extrême dangerosité de la pollution pour l’écosystème », explique leur avocat, Shehzad Naqvi.

Interdiction du plastique

Les défenseurs de l’environnement dénoncent « les insuffisances des systèmes de retenue flottants » installés dans les estuaires de la ville et aux sorties des égouts. Il faudrait, selon eux, « fixer des filets jusqu’au fond de l’eau », afin d’empêcher les déchets solides de partir librement dans la mer. Et surtout, équiper la mégapole de 21 millions d’habitants en stations d’épuration en nombre suffisant : d’après les estimations de la municipalité, Bombay produit certes moins de déchets aujourd’hui – 7 700 tonnes par jour en 2017, contre 9 400 en 2013 –, mais la ville déverse quotidiennement dans la mer, à 3 kilomètres de la côte, 2,1 millions de mètres cubes d’eaux usées n’ayant subi qu’un traitement primaire.

« Malgré les nombreuses campagnes de nettoyage entreprises par des citoyens inquiets, le problème empire avec les rejets en mer », un drame pour « la vie aquatique et la chaîne alimentaire marine », souligne l’hebdomadaire India Today, qui relève que les « visions d’horreur » de ces derniers jours surviennent « au moment précis où le gouvernement régional du Maharashtra impose l’interdiction du plastique dans tout l’Etat. »

En 2017, deux centres de recherche allemands – Alfred Wegener Institut et Helmholtz Centre for Polar and Marine Research – ont publié une étude internationale dans laquelle le littoral de Bombay est apparu comme « le plus pollué au monde ». On y recense au mètre carré pas moins de 69 détritus, avec 41 % de morceaux de plastique ne dépassant pas la taille de 5 millimètres.

Dauphins retrouvés morts

Le Central Marine Fisheries Institute de Madras et l’Indian Council of Agricultural Research de Delhi, pour leur part, ont travaillé sur les déchets remontés par les filets des pêcheurs de la région. Il en ressort que Bombay est l’un des pires sites côtiers de la planète, avec 49 kg d’éléments non biodégradables par kilomètre carré de mer. En 2013 déjà, les instituts océanographiques de Bombay et de Colombo, au Sri Lanka, avaient tiré le signal d’alarme, après avoir observé sur le terrain des quantités d’ordures équivalentes. La faute, avaient-ils dit, aux activités religieuses, de pêche et de loisirs qui se tiennent sur les plages.

Au large, la faune est en souffrance. Juste avant le week-end du 14-15 juillet, deux dauphins ont été retrouvés morts à Bombay, portant à huit le nombre de décès de mammifères marins depuis le début de l’année. Depuis 2016, ce sont 89 dauphins qui ont péri autour de la ville. Les dernières autopsies font état d’infection fatale « par contamination bactériologique due à la pollution ».

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2 juin 2018

Contre l’utilisation abusive de plastique, les « Plastic attacks » arrivent en France

plastic

Par Patricia Jolly - Le Monde

Une journée de mobilisation est programmée samedi 2 juin (aujourd'hui) dans des enseignes de grande distribution de plusieurs pays.

Des animations d’un genre un peu particulier promettent d’égayer la corvée hebdomadaire du ravitaillement au supermarché dans les mois à venir. Samedi 2 juin, plusieurs enseignes de grande distribution de Paris, Hyères, Le Mans, Lille, Nouméa, Montaigu, Quimper, Strasbourg ou Toulouse seront le théâtre d’une série de « Plastic attacks », des actions qui promeuvent une réduction substantielle de l’utilisation des plastiques à usage unique et le suremballage. Des opérations similaires sont également programmées, le même jour, dans plus de 50 villes du monde, et se déclineront à d’autres dates tout au long de l’été.

Mouvement citoyen, Plastic attack gagne tranquillement du terrain. Il a vu le jour le 27 mars, à Keynsham (Royaume-Uni), une ville de 16 000 habitants proche de Bristol. Vingt-cinq clients s’étaient donné rendez-vous dans leur supermarché habituel pour faire leurs emplettes. Une fois passés à la caisse, ils ont dégainé ciseaux et cutters afin de libérer leurs achats des emballages inutiles, qu’ils ont ensuite déposés dans des chariots vides devant le magasin. Trois ont ainsi été remplis. Diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo de leur action est devenue virale, avec près de 17 millions de vues.

Visant à responsabiliser le secteur de la grande distribution sur sa surconsommation de plastiques, souvent superflus, et à affirmer la volonté des consommateurs de voir se développer des alternatives au plastique à usage unique, des « Plastic attacks » ont été rééditées en avril à Amsterdam, Bratislava, Bruxelles ou Oslo avant d’arriver en France.

Pétition en ligne

Le collectif citoyen français est animé par un groupe d’étudiants en master « responsabilité sociale et environnementale » de l’International Terra Institute de Paris, qui dispense des formations spécialisées en développement durable. Pour son porte-parole, Arnaud Ramos :

« Au-delà du recyclage, la grande distribution doit changer de politique en matière d’emballages. Ces actions menées par des consommateurs et clients sont un moyen efficace de les interpeller de manière totalement pacifique et apolitique. Pour y participer, il suffit de s’inscrire sur la page Facebook dédiée et de se présenter sur le site choisi et à l’heure convenue pour faire ses courses. »

Soutenue par les ONG Zéro Waste France et Les Amis de la Terre, Plastic Attack France a également lancé, le 28 mai – jour du dévoilement par la Commission européenne d’un projet de directive visant à réduire « drastiquement » l’utilisation des produits en plastique à usage unique quotidien comme les couverts, assiettes ou gobelets, les pailles ou les Coton-Tige – une pétition en ligne sur la plate-forme Change.org. Intitulée « Pour en finir avec les emballages plastique à usage unique », elle s’adresse aux groupes Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché, Leclerc ou Système U. Elle leur enjoint de débarrasser leurs rayons des emballages plastiques destinés à la promotion de produits ou à la protection des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique, des emballages jetables « dont l’innocuité demeure incertaine pour le consommateur », ou encore des bouteilles en plastique.

Le groupe Carrefour, dont un magasin parisien du 12e arrondissement doit faire l’objet d’une action, samedi, a rebondi sur l’annonce des « Plastic attacks » imminentes pour se positionner en élève modèle. Dans un communiqué, jeudi 31 mai, l’enseigne a annoncé un objectif de « 100 % d’emballages recyclables, réutilisables ou compostables » pour les produits à la marque de l’enseigne d’ici à 2025, afin de passer du « jetable à une économie circulaire ».

Carrefour appelle à un pacte national

Elle promet également de supprimer les emballages plastique non recyclables des fruits et légumes bio, de cesser la commercialisation des pailles en plastique « dès la fin de l’année » et de substituer progressivement celles des briquettes de jus. Elle annonce encore la fin des barquettes en polystyrène aux rayons boucherie, poissonnerie et fromage. Elle assure enfin que l’ensemble des emballages de ses produits sera recyclable, en commençant par les produits Carrefour bio « dès 2020 », et qu’elle intégrera « dès 2022 », 50 % de plastique recyclé dans ses bouteilles de jus et de soda, et dans ses bouteilles d’eau.

Saluant la « réactivité » du groupe Carrefour, Zéro Waste France, par la voix de sa chargée de campagne, Laura Châtel, reste néanmoins sur ses gardes.

« Nous nous assurerons qu’il ne s’agit pas d’un coup de com et d’une expérimentation ponctuelle réduite à quelques magasins, comme c’est souvent la stratégie de ces grandes enseignes. Pour être crédibles, elles doivent prendre des engagements clairs et détaillés, et fixer et respecter des échéances précises. »

Pour « changer les habitudes », Carrefour appelle à un « pacte national » sur les plastiques pour une économie 100 % circulaire des emballages en France, piloté par le gouvernement. « Afin de développer des matériaux de substitution non carbonés alors que le prix du baril de pétrole reste compétitif, il faut créer de la masse, a expliqué au Monde Laurent Vallée, un énarque secrétaire général du groupe Carrefour. Cela nécessite donc une réponse collective, un mouvement associant les industriels, les pouvoirs publics, les éco-organismes, les distributeurs, les grandes marques. »

3 mai 2018

La pollution de l’air tue 7 millions de personnes par an dans le monde, alerte l’OMS

Par Stéphane Mandard - Le Monde

Selon le dernier bilan publié mercredi 2 mai par l’Organisation mondiale de la santé, neuf habitants sur dix respirent quotidiennement un air trop chargé en particules fines.

La pollution de l’air ne fait pas seulement tousser. Elle tue. En masse. Chaque année, sept millions de personnes meurent dans le monde parce qu’elles respirent un air trop chargé en particules fines. Tel est le dernier bilan macabre publié mercredi 2 mai par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui sonne l’alerte. C’est davantage que les morts cumulés du sida (1,1 million), de la tuberculose (1,4 million), du diabète (1,6 million) et des accidents de la route (1,3 million).

Aussi, l’OMS reconnaît désormais la pollution de l’air comme un « facteur de risque majeur » des maladies non transmissibles considérées comme étant à l’origine de 70 % des décès dans le monde. Selon les estimations de l’institution onusienne, ce risque serait, chez les adultes, en cause dans 29 % des morts par cancer du poumon, 25 % par accident vasculaire cérébral (AVC), 24 % par infarctus et 43 % des maladies pulmonaires chroniques obstructives (bronchopneumopathies, asthme…).

Et ce risque s’accroît. L’estimation globale de 7 millions de morts est en légère hausse. Le dernier bilan, de 2016, faisait état de 6,5 millions de décès. Cette augmentation s’explique par une explosion de la mortalité due à la pollution de l’air extérieur (4,2 millions contre 3 millions en 2016). Les décès imputables à la pollution de l’air intérieur, eux, régressent de 4,3 millions à 3,8 millions.

LES RÉGIONS LES PLUS AFFECTÉES SONT L’ASIE DU SUD-EST (DONT L’INDE) ET LE PACIFIQUE OCCIDENTAL (INCLUANT LA CHINE) AVEC PLUS DE DEUX MILLIONS DE DÉCÈS CHACUNE

Un autre chiffre, tout aussi impressionnant, donne la mesure du péril. Selon les dernières données compilées par l’OMS, neuf personnes sur dix (91 % de la population mondiale) sont exposées quotidiennement à un air contenant de « hauts niveaux de polluants ». L’organisation recommande la limite annuelle de 10 µg/m³ en particules fines PM2,5 (de diamètre inférieur à 2,5 micromètres).

« A l’instar de New Delhi, Pékin, Shanghai, Lima ou Mexico, de nombreuses mégalopoles du monde entier dépassent plus de cinq fois ce seuil, alerte Maria Neira, la directrice du département de santé publique de l’OMS. Cela représente un risque majeur pour la santé des populations. »

Ce risque est inégalement réparti. Les régions les plus affectées sont l’Asie du Sud-Est (dont l’Inde) et le Pacifique occidental (incluant la Chine), avec plus de deux millions de décès chacune. L’Afrique totalise près d’un million de victimes. Les pays de l’arc méditerranéen oriental concentrent autant de morts que l’ensemble du continent européen : environ 500 000. Les Amériques s’en sortent le moins mal, avec tout de même plus de 300 000 morts par an.

Dans ce panorama aussi alarmant que détaillé, l’OMS note que les premières victimes sont sans surprise les enfants. La pneumonie est la principale cause de mortalité chez les moins de 5 ans. L’institution insiste aussi sur la vulnérabilité des femmes qui, dans les pays en développement, cuisinent encore avec des équipements d’un autre âge, comme des fours à charbon.

Les efforts de la Chine

« La pollution de l’air menace chacun d’entre nous mais ce sont les plus pauvres et les plus marginalisés qui paient le plus lourd tribut, déclare le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il est inacceptable que plus de 3 milliards de personnes – la plupart sont des femmes et des enfants – continuent à respirer des fumées mortelles tous les jours en utilisant des poêles et des combustibles polluants dans leurs maisons. » Pour le patron de l’organisation, « si nous ne prenons pas des mesures urgentes contre la pollution de l’air, nous ne parviendrons jamais à atteindre le développement durable 

Les données compilées par l’OMS sont les plus complètes jamais publiées par l’institution sur la qualité de l’air. Elles se fondent sur les résultats des mesures effectuées dans plus de 4 300 villes de 108 pays, soit 1 000 villes de plus que lors du dernier bilan de 2016. Avec un « sérieux manque de données » pour le continent africain, où seuls 8 des 47 pays surveillent les niveaux de particules fines.

Malgré ce vaste tableau catastrophique, le directeur de l’OMS se félicite que « des leaders politiques, à tous les niveaux, et notamment des maires, commencent à prendre le sujet au sérieux et à agir ». L’organisation salue les efforts de la Chine – le gouvernement a décrété cet hiver la fin du chauffage au charbon – ou d’une ville comme Mexico qui, sur le modèle de Paris, a annoncé l’interdiction des véhicules diesel dans ses rues d’ici à 2025.

En Europe, après dix ans d’avertissements sans frais, la Commission semble enfin décidée à mettre la pression sur les Etats qui ne respectent pas sa directive de 2008 sur la qualité de l’air et qui dépassent régulièrement les valeurs limites en PM10 (de diamètre inférieur à 10 µm) et dioxyde d’azote (NO2).

Prendre la mesure de l’urgence

Pour la première fois, le commissaire à l’environnement, Karmenu Vella, avait convoqué fin janvier les ministres de l’écologie de neuf pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Hongrie, Roumanie, République tchèque et Slovénie) pour les hâter de prendre rapidement des mesures capables de mieux protéger leurs citoyens. Faute de réponses adéquates, Bruxelles devrait bientôt mettre sa menace à exécution en renvoyant certains de ses Etats cancres devant la Cour de justice de l’Union européenne. Maintes fois reportée, la sanction est attendue avant la fin mai.

Mais d’autres régions du monde n’ont pas encore pris la mesure de l’urgence. A commencer par l’Inde. Alors que New Delhi a encore connu en novembre 2017 des pics de pollution culminant à 1000 µg/m³, le ministre de l’environnement continuait à nier la réalité de leurs effets sanitaires (plus d’un million de morts par an à l’échelle du pays) et se contentait de réclamer des masques à l’OMS plutôt que de s’attaquer aux sources du problème, comme l’incinération des résidus agricoles.

Pour convaincre un maximum de pays de déclarer la guerre à ce « tueur invisible », l’OMS organisera à Genève, du 30 octobre au 1er novembre, la première conférence mondiale sur la pollution de l’air et la santé.

Pollution de l’air : des familles de la vallée de l’Arve attaquent l’Etat pour « carence fautive ». Depuis septembre 2017, 540 plaintes contre X pour mise en danger d’autrui ont été déposées auprès des gendarmeries de Haute-Savoie conduisant le parquet de Bonneville à ouvrir une enquête préliminaire. Et quatorze familles de plaignants s’apprêtent à ouvrir un deuxième front judiciaire en lançant, mercredi 2 mai, une vague de recours pour « carence fautive » de l’Etat devant le tribunal administratif de Grenoble. Parmi ces plaignants figurent les représentants légaux de quatre enfants. Ils demandent jusqu’à 100 000 euros d’indemnisation pour les préjudices subis. Les recours s’appuient sur des dossiers médicaux épais. « Ces enfants souffrent de pathologies que nous estimons liées à la pollution : asthme, otites, pneumopathies… », a expliqué au Monde François Lafforgue, l’avocat spécialiste des affaires d’environnement et santé, qui défend les familles.

16 mars 2018

Amoco. Les Bretons marqués à jamais - 16 mars 1978

Le 16 mars 1978, la coque de l'Amoco Cadiz se déchirait sur les rochers de Portsall. Alain Quivoron, patron de la SNSM du port et Jean-Jacques Le Lann, président de la station de sauvetage, se souviennent avec précision des journées qui ont suivi le naufrage. Ces deux Portsallais avaient 18 ans à l'époque et étaient littéralement bouleversés de découvrir leur littoral souillé de la sorte.

« Je m'en souviens comme si c'était hier. J'étais à l'école de Maistrance, à Brest. C'était le vendredi 17 mars. L'Amoco s'était échoué la veille vers 22 h. Au petit matin, une très forte odeur de gazole flottait sur la ville. Ça sentait jusqu'à Crozon, raconte Alain Quivoron, dans les locaux de la SNSM à Portsall, à quelques centaines de mètres des lieux du naufrage. Ce jour-là, de nombreuses personnes sont allées vérifier que leur cuve à fuel ne fuyait pas. Mais non, c'était l'Amoco qui perdait sa cargaison ».

Alain raconte qu'il est arrivé en soirée à Portsall et qu'il s'est rendu immédiatement sur le port pour se rendre compte de visu de l'ampleur de la catastrophe. « La mer était couleur chocolat au lait. J'ai pris une poignée de gravillons et je l'ai jetée sur la nappe. Les cailloux restaient en surface. C'était impressionnant ».

Un laissez-passer pour les habitants

Toute la journée, les radios et les télés ont relayé l'information. Dans les heures et les jours qui ont suivi, de trop nombreux curieux arrivaient à Portsall. Il faut dire que la proue du supertanker qui sortait de l'eau offrait un spectacle saisissant.

« C'était comme une immense cathédrale qui sortait des flots, poursuit Alain Quivoron. Très vite, les autorités ont donné aux habitants des laissez-passer pour écarter celles et ceux dont la présence gênait les opérations de nettoyage. L'armée de Terre avait établi des barrages et gérait la situation ».

Alain Quivoron dit qu'au début, tout le monde pensait que les stigmates de la catastrophe resteraient à jamais gravés sur la côte. « On ne s'est pas découragé pour autant. Très vite, on s'est mis au boulot. Comme c'était le début des vacances scolaires, les jeunes de la commune ont retroussé leurs manches. Mon père, qui était entraîneur de foot, avait constitué une équipe avec ses joueurs. J'en faisais partie. On a commencé à nettoyer la plage de Porz ar Vilin Vraz », juste en face du pétrolier agonisant.

Les huîtres à l'abri dans le Cotentin

La tâche était rude. Surtout qu'à chaque marée, le pétrole venait à nouveau souiller les zones nettoyées la veille. « On avait des bidons de 200 litres. On les remplissait à l'aide de seaux avec lesquels on raclait la surface. Le système D. Et ça marchait ». Jean-Jacques Le Lann écoute religieusement. Lui se trouvait à Cherbourg (Manche) quand la catastrophe s'est produite. « J'étais dans la Marine nationale. On a appris ça à la radio, à 7 h du matin. J'étais sidéré. Quelques heures plus tard, j'étais rentré. Contrairement à Alain, je n'ai pas participé au nettoyage des plages. On a été réquisitionné pour mettre à l'abri, dans le Cotentin, les poches d'huîtres des abers qui risquaient d'être recouvertes de pétrole ». Jean-Jacques est persuadé que c'est la mer d'Iroise qui a fait une très grande part du travail de nettoyage. « Elle est d'une force inouïe. Quelques mois plus tard, on ne voyait presque plus rien. Juste quelques petites irisations en creusant le sable ».

Un mal pour un bien

Alain et Jean-Jacques n'ont jamais plongé sur l'épave. « En revanche, on la voit très bien au sondeur quand on passe au-dessus. La remontée est très impressionnante ». Les deux hommes sont persuadés que cet épisode de l'Amoco a été un mal pour un bien. « Le choc a été tel qu'en termes de sécurité maritime tout s'est mis en place rapidement. Il était grand temps ».

22 février 2018

Pollution : Anne Hidalgo n’entend pas rétrocéder les voies sur berge aux automobilistes

Par Stéphane Mandard - Le Monde

La maire de Paris fait appel de la décision du tribunal administratif d’annuler la fermeture de la voie Georges-Pompidou et annonce un nouvel arrêté de piétonnisation.

C’est un sérieux accroc pour Anne Hidalgo et sa politique de restriction de la place de la voiture dans Paris. Le tribunal administratif a annulé, mercredi 21 février, la fermeture à la circulation des voies sur berge rive droite, l’une des mesures les plus emblématiques et aussi les plus contestées de la maire socialiste de la capitale.

Mme Hidalgo a aussitôt annoncé qu’elle faisait appel de cette décision et qu’elle allait pendre un nouvel arrêté de piétonnisation afin de poursuivre « le combat long et difficile » pour améliorer la qualité de l’air. La mairie de Paris avait décidé, en 2016, de transformer la voie sur berge Georges-Pompidou, longue de 3,3 kilomètres sur la rive droite de la Seine, en promenade publique.

Le tribunal a estimé que l’étude d’impact préalable à cette décision comportait « des inexactitudes, des omissions et des insuffisances concernant les effets du projet sur la circulation automobile, les émissions de polluants atmosphériques et les nuisances sonores ».

« L’absence de concertation »

« C’est une première victoire pour tous les usagers de la route parisiens et franciliens dont la mobilité était mise à mal depuis l’entrée en vigueur de cette mesure, qui espèrent maintenant que ces axes de circulation seront très rapidement rouverts », s’est empressé de réagir l’association 40 millions d’automobilistes.

« L’absence de concertation, d’évaluation et de cohérence régionale de ce projet est mise en évidence clairement par le juge », a estimé la région Ile-de-France dont la présidente, Valérie Pécresse (Les Républicains) a toujours reproché à Anne Hidalgo sa « méthode autoritaire » dans la gestion de ce dossier.

La décision du tribunal administratif ne va pas manquer de raviver la bataille politique autour de la place de la voiture dans la capitale. « Le recours qui nous amène aujourd’hui à cette situation a été déposé par la droite parisienne et régionale, a insisté Anne Hidalgo. Pour elle, la circulation automobile est prioritaire sur la santé publique. Pour elle, une autoroute urbaine vaut mieux qu’un parc en cœur de ville. »

Comme elle l’avait fait dans son entretien au Monde pour justifier ses mesures pour réduire la pollution de l’air, la maire de Paris a rappelé que « l’ouverture des rives de la Seine aux piétons et aux cyclistes » (termes soigneusement préférés à « la fermeture à la circulation ») avait été « décidée démocratiquement par les élus parisiens en septembre 2016, avec le soutien de l’Etat [et un feu vert de la préfecture] à l’issue d’un an et demi de concertation » et placé « au cœur de l’élection municipale de 2014 lors de laquelle les Parisiens ont fait le choix d’élire des représentants qui auraient le courage de faire reculer la pollution ».

Pic de pollution intense sur Paris

Dans son rapport final, remis en octobre 2017, Airparif, l’organisme chargé de surveiller la qualité de l’air en Ile-de-France, avait insisté sur le fait que la voie Georges-Pompidou ne représentant que 0,16 % du kilométrage francilien, sa piétonnisation n’avait, sans surprise, pas eu d’incidence globale sur la pollution de fond : « Aucun impact significatif sur l’exposition des populations n’a été mis en évidence à la hausse ou à la baisse. »

Anne Hidalgo n’a pas manqué de souligner que l’annulation de la fermeture des voies est intervenue le jour où un pic de pollution intense a débuté sur Paris et l’Ile-de-France.

« L’épisode actuel est caractérisé par des particules très fines (essentiellement inférieures à 2,5 µm) », précise Airparif. Les PM 2,5 sont particulièrement nocives car elles pénètrent profondément dans l’organisme et sont mises en cause dans l’augmentation du risque d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébraux. « D’après leur composition, ajoute Airparif, elles proviennent principalement du trafic et de l’agriculture et sont davantage présentes à proximité des axes routiers avec des concentrations 5 % à 20 % plus élevées. »

25 novembre 2017

Marseille, asphyxiée par les bateaux de croisière

marseille

Par Stéphane Mandard, Marseille - Le Monde

Les paquebots utilisent un fioul aux teneurs en souffre 3 500 fois plus élevées que le diesel.

Jean-Pierre Eyraud a une vue imprenable sur le port de Marseille. Depuis la terrasse de sa maison, dans le quartier de Mourepiane, au Nord de la ville, il est aux premières loges pour assister au ballet incessant des navires. Les paquebots ont déversé 1,6 million de touristes en 2017 dans la cité phocéenne qui vise la place de premier port de croisière méditerranéen avec 2 millions de passagers en 2020.

Mais ces géants des mers crachent aussi d’immenses volutes de fumée sous les fenêtres des habitants de Mourepiane. Jean-Pierre Eyraud en est convaincu, ces panaches noirs ne sont pas étrangers à ses problèmes de santé. A 68 ans, il est en rémission après un lourd traitement d’un cancer des voies respiratoires. « Les cancers ont commencé à se répandre comme une épidémie dans le quartier, il y a cinq ans, au fur et à mesure de l’augmentation du trafic des croisières », explique-t-il de sa voix éraillée par les séances de radiothérapie. « Ma sœur cadette est morte, tout comme mon amie Hélène. Sa sœur Josette a un cancer du poumon. Dans notre association, Geneviève a exactement le même cancer que moi et notre ancienne présidente, Lucienne, est en chimiothérapie », énumère ce peintre qui milite à Cap au Nord.

Plus d’un tiers de la vingtaine de membres actifs de l’association ont un cancer, explique sa secrétaire, Michèle Rauzier. Toutes habitent Mourepiane, « le nez au-dessus des bateaux ». A l’instar de Jean-Pierre Eyraud, ex-amateur de haute montagne et de plongée, « aucune n’a jamais fumé et tous avaient une bonne hygiène de vie », ajoute Michèle Rauzier.

L’Agence régionale de santé n’a pas mené d’investigation sur Marseille, mais les effets sanitaires de la pollution des navires sont documentés. Une étude publiée en 2015 par l’université de Rostock (Allemagne) avait conclu que les émissions du transport maritime sont responsables de 60 000 décès prématurés par an en Europe.

Un « géant des mers » polluerait autant qu’un million de voitures

La principale raison tient à la qualité du carburant. Les cargos, porte-conteneurs, ferries et autres navires de croisière utilisent un fioul lourd (peu raffiné) dont les émanations sont beaucoup plus toxiques que celles du déjà très décrié diesel. Les teneurs en soufre (3,5 % en mer) sont 3 500 fois plus élevées que celles autorisées pour le diesel des voitures (0,001 %). D’autres polluants s’ajoutent comme l’oxyde de soufre, mais aussi oxyde d’azote, monoxyde de carbone et particules fines.

Un bateau de croisière consommant en moyenne environ 2 000 litres par heure en mer et 700 l/h à quai (pour satisfaire aux besoins en énergie à bord), les associations écologiques estiment qu’un « géant des mers » pollue autant qu’un million de voitures.

Depuis trois ans, France nature environnement (FNE) et l’ONG allemande Nabu effectuent des campagnes de mesures à Marseille. Et elles n’observent « aucune amélioration ». Selon les derniers relevés, réalisés en juillet, le nombre de particules ultrafines (PM0,1, de diamètre inférieur à 0,1 µm), les plus dangereuses, est 100 fois plus élevé aux abords du port que dans d’autres endroits de la ville.

AirPaca, l’organisme chargé de surveiller la qualité de l’air dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, estime que les activités maritimes (6 528 escales en 2016) représentent de 5 % à plus de 10 % des émissions d’oxyde d’azote et de particules fines (PM10, inférieur à 10 µm) à Marseille en fonction de la proximité avec la zone portuaire. L’organisme, qui vient d’organiser la première Journée méditerranéenne de l’air consacré aux ports, souhaite « démarrer des mesures précises chez les riverains pour évaluer l’impact sur les populations », explique son directeur, Dominique Bodin, persuadé qu’« on va voir des choses ».

Réduire la teneur maximale en soufre des carburants

Une première campagne a démarré cet été dans le port de Nice. Les résultats sont attendus dans un an mais « on identifie déjà très bien l’arrivée des navires », relève Dominique Bodin. Un travail similaire sera lancé en 2018 à Marseille avec « une priorité d’action » pour des quartiers comme Euromed ou Mourepiane où les habitations sont au-dessus des cheminées des bateaux.

Contrairement aux riverains de la Manche, de la mer du Nord et de la Baltique, les Marseillais ne bénéficient pas d’une zone d’émission contrôlée de soufre (Seca), qui contraint depuis 2015 les navires à utiliser un carburant dont la teneur en soufre ne peut pas excéder 0,10 %.

Interpellé cet été par les associations sur cette « inégalité de traitement », le gouvernement vient d’installer un comité de pilotage pour envisager le classement de la Méditerranée en Seca. Ses conclusions sont attendues en septembre 2018. « Ce sera un long travail diplomatique d’aller convaincre les pays de l’Est et du Sud », prévient Dominique Bodin. « Le Maroc et Monaco sont d’accord, et c’est en bonne voie pour l’Espagne et l’Italie, précise Charlotte Lepitre, qui participe au comité pour FNE. Mais c’est plus compliqué avec la Turquie, la Grèce, l’Egypte ou Malte qui est une énorme escale pour faire le plein de carburant ».

Une étude sur le trafic dans l’ensemble de la Méditerranée a été confiée à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques afin de convaincre l’Organisation maritime internationale (OMI) de classer le pourtour méditerranéen en Seca. Il y a tout juste un an, l’OMI, entité des Nations unies, a adopté une résolution pour réduire la teneur maximale en soufre des carburants des navires de 3,5 % à 0,50 % à partir de 2020.

La France menacée de poursuites

Menacée de poursuites devant la Cour de justice de l’Union européenne, la France a adopté fin 2015 la directive européenne de 2012 qui oblige notamment les navires à utiliser un fioul à 0,10 % lorsqu’ils restent à quai plus de deux heures. Cette limitation est-elle respectée ? « Sur les 650 contrôles effectués en 2016 dans l’ensemble des ports français, nous avons constaté neuf infractions », indique Hervé Brûlé, directeur adjoint aux affaires maritimes.

Des contrôles que FNE jugent insuffisants. « On estime que seul un navire sur 1 000 est contrôlé, et on n’est même pas sûr qu’ils respectent les normes », relève Charlotte Lepitre.

A Mourepiane, les riverains sont persuadés que les bateaux à quai « jouent avec la règle des deux heures » et continuent à brûler le carburant à 3,5 % comme c’est autorisé en mer. Pour preuve, Marie, la compagne de Jean-Pierre Eyraud, a conservé dans un petit pot en verre l’épaisse poussière noire qu’elle a récupérée il y a quelques jours sur le bord des fenêtres.

Aux affaires maritimes, on reconnaît qu’« un des éléments de fraude est de switcher d’un carburant [3,5 %] à un autre [0,10 %] le plus tard possible ». Aussi, à partir du printemps 2018, un drone devrait être utilisé dans les ports de la Manche pour aller mesurer les teneurs en soufre directement au-dessus des cheminées.

Capteurs, électrification, gaz naturel liquide…

Un autre groupe de travail, sur les particules fines, pour lesquelles il n’existe pas de réglementation contrairement au soufre, vient d’être lancé. « Il s’agit d’évaluer si nous pouvons faire des recommandations en termes de normes et surtout trouver des solutions technologiques avec les constructeurs pour diminuer leurs émissions », indique Hervé Brulé.

A Marseille, La Méridionale va installer des capteurs sur ses ferries qui font quotidiennement la liaison avec la Corse pour mesurer les niveaux de particules fines. La compagnie fait partie des « bons élèves ». Depuis janvier, ses trois navires passent en mode électrique lorsqu’ils sont amarrés (7 500 heures par an). La compagnie a investi 1,2 million d’euros par navire et l’électrification des quais a coûté 1,5 million.

« L’électrification des quais est une bonne option pour les ferries, mais elle demande un investissement hors de portée pour les navires de croisières, beaucoup plus gourmands en énergie », tempère Hervé Brulé pour qui, « la voie à privilégier est le passage au GNL [gaz naturel liquide] ». Le 7 novembre, l’armateur CMA CGM a annoncé que ses futurs porte-conteneurs fonctionneraient au GNL. Mais les infrastructures pour ravitailler restent à créer. « Des projets sont en cours au Havre et Dunkerque veut installer une station en 2018, indique le directeur adjoint des affaires maritimes. Mais il y aura toujours des navires au fioul car le renouvellement sera long ». « 15 à 20 ans », estime Marc Reverchon, le patron de La Méridionale. A Marseille, on travaille sur un projet de barge ravitailleuse. « Il faut qu’on soit prêt d’ici 2019 », précise la directrice du port, Christine Cabau-Woerhel.

A Mourepiane, on en a assez d’attendre. « Il faut agir tout de suite, exhorte Jean-Pierre Eyraud qui, adolescent, se baignait là où aujourd’hui stationnent les navires. Pour certains, c’est déjà trop tard ».

marseille01

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